Délimitation de l’AOC Bourgogne
Les bourgognes en appellent au Ministre et réclament le renouvellement de la commission Inao

Mis en ligne par Cédric MICHELIN
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Après le succès de la mobilisation des vignerons bourguignons en février dernier, le syndicat des Bourgognes (ODG) en appelle au Ministre pour faire avancer le dossier de délimitation de l'appellation, notamment par rapport aux parcelles dans le Beaujolais voisin. Le syndicat dénonce un Institut INAO "au point mort sur la définition et la délimitation" et réclame le "renouvellement de la commission des experts".

Les bourgognes en appellent au Ministre et réclament le renouvellement de la commission Inao
Crédit photo : Syndicat des Bourgognes

De nombreux vignerons bourguignons sont toujours mécontents et ils tiennent à le faire savoir. « Près de cinq mois après notre forte mobilisation de vignerons et d’élus bourguignons, l’INAO (Institut National de l’Origine et de la Qualité) « confine » sa mission et son action et semble s’orienter vers un statu quo », dénonce le syndicat des Bourgogne et la CAVB (Confédération des appellations et vignerons de Bourgogne) dans un communiqué commun daté du 15 juillet.

L’INAO n’a jamais achevé son travail de délimitation de la Bourgogne initié... en 1937. Ce travail doit être effectué pour définir précisément l’identité de l’appellation au travers des communes et des parcelles qui peuvent prétendre à l’appellation. Il s’agit ici, en lien avec les missions institutionnelles de l’INAO, de défendre la notion d’appellation d’Origine et le respect de l’identité du vignoble de Bourgogne.

Si ce serpent de mer était resté enseveli sous la pile des dossiers de l'INAO, ce dernier est ressorti suite à la crise du vignoble du beaujolais. Le secteur a planté un cépage bourguignon, le chardonnay, pour notamment produire des crémants de Bourgogne.

L'INAO toujours "confiné"

« En ces temps de déconfinement sanitaire, l’INAO a néanmoins choisi d’une part de ne pas retravailler le dossier et d’autre part de ne rien changer à son fonctionnement qui nous a déjà mené cet hiver à une impasse et à cette proposition ubuesque ! », critiquent vertement les élus des ODG de Bourgogne. « La promesse de travail en concertation avec les vignerons bourguignons ne s’est en effet toujours pas concrétisée, près de cinq mois après. Le confinement n’empêchait nullement de lancer les réflexions et les pistes de travail. La prudence et la vigilance que nous évoquions au lendemain de la manifestation du 6 février n’ont malheureusement pas été démenties », regrettent-ils.

Pire pour le Syndicat des Bourgognes, « la seule réponse que nous avons eu de l’INAO suite à nos relances a été de confirmer son fonctionnement avec la même commission d’enquête, les mêmes expertises et analyses. Comment aboutir dans ces conditions à des conclusions différentes de celles qui nous ont menés dans une impasse ? La forte mobilisation de la Bourgogne ne portait pas sur quelques modifications à la marge ! ».

CAVB et Syndicat des Bourgognes n'en démordent pas : « Il est inenvisageable que la même commission d’enquête, qui est déjà intervenue dans le présent processus décisionnel, et dont l’appréciation a été justement et publiquement contestée et dont les conclusions ont été discréditées par l’INAO, puissent examiner une seconde fois la même question ». Et de réclamer donc « que la commission d’enquête comme la commission d'experts délimitation dont l'appréciation est remise en cause soient intégralement renouvelées ». Pour arriver à leur fin, CAVB et Syndicat des Bourgognes en appellent « au Ministère de l’Agriculture, ministère de tutelle de l’INAO, pour que de nouvelles commissions, à même de porter en confiance ces changements de position et de perspectives, soient mises en place pour travailler sereinement sur les principes et critères de délimitation ». Et de conclure : « L’absence d’écoute et d’action de l’INAO a assez duré ».

Mobilisation historique, inédite devant l'INAO

La proposition de l’INAO d’exclure dans le cadre de ces travaux 64 communes de Bourgogne de l’aire de production de l’AOC Bourgogne tout en conservant la moitié des communes dans le Beaujolais a fait massivement réagir les vignerons et élus bourguignons. 450 vignerons se sont rassemblés le 6 février devant le siège de l’INAO à Montreuil (Paris) pour exprimer leur mécontentement et leurs inquiétudes. Du jamais vu du côté de l’INAO ! Les Parlementaires bourguignons de tous bords, la Présidente de Région, les Présidents de Conseils Départementaux et les Maires des communes viticoles ont appuyé fortement cette mobilisation et ont été reçus avec les représentants professionnels bourguignons par le Président du Comité Vin de l’INAO, Christian Paly.
L’INAO s’est ainsi engagé finalement à ne pas exclure les communes bourguignonnes de l’aire de production de l’AOC Bourgogne tout en promettant une concertation.