Étude Kantar - Témoignage
Éveiller les consciences
Depuis notre édition du 6 mai, nous vous présentons tous les 15 jours les points à retenir d’une vaste étude diligentée par le BIVB et menée auprès des millennials, la génération de consommateurs (de vins, mais pas toujours) âgés de 25 à 40 ans. L’interprofession entend ainsi éclairer la filière sur les attentes, les réticences et les habitudes de ces futurs clients. Voici la conclusion à cette série d’articles avec Manoël Bouchet, coprésident de la commission Marchés et développement du BIVB.

Maintenant que les points à retenir ont été détaillés, quels sont les mises en œuvre, les conseils préconisés par le BIVB à ses adhérents ?
Manoël Bouchet : Formez-vous, formez-vous et formez-vous ! Il est important de lever le nez et de regarder devant, et cela passe notamment par la formation et le savoir. Il est important par ailleurs d’entrer dans le détail de cette étude, qui est accessible sur l’intranet du BIVB, pour se faire sa propre opinion. Il ne faut pas non plus hésiter à explorer de nouvelles pistes, expérimenter de nouveaux modèles, confronter le tout. Car après tout, à chacun son modèle dans ce contexte particulier qui est en train d’immerger.
Le BIVB est là pour apporter des éléments de marchés, pour donner des outils, mais pas pour imposer des recettes. Nous sommes là pour ouvrir le champ des possibles et dire « il y a ça devant nous, allez voir et faites votre choix ! ».
Il y en aura aussi qui s’inscriront en faux par rapport aux conclusions de cette étude, et là aussi, nous disons pourquoi pas, nous ne sommes pas dogmatiques. Ils seront sur un autre territoire, avec d’autres propositions. Pas de problème !
Encore une fois, nous sommes là pour apporter des outils d’aides à la décision, à la promotion et au développement.
Comment le BIVB va accompagner ceux qui veulent évoluer ?
M. B. : Nous allons déjà nous rapprocher des structures de formation pour leur transmettre ces éléments qui doivent les aider à réfléchir aux formations proposées, à leurs orientations, pour les faire évoluer par rapport à ces nouveaux enjeux environnementaux, sociétaux, économiques, financiers.
Notre mission première est de donner accès à ces informations et à ces contenus. Pour éveiller les consciences, nous devons informer.
Nous cherchons aussi à apporter de la prospective, à regarder plus devant, ce qui doit déboucher sur des évolutions structurelles et structurantes.
Par exemple, la population japonaise va diminuer de 30 % dans les 12 ans qui viennent ! Ce qui aura fatalement une répercussion sur les ventes de vins de Bourgogne. Il est temps pour les professionnels de se demander ce que les consommateurs japonais de 30 ans attendent d’une marque de vin, ce sur quoi elle doit s’engager.
Nous allons faire en sorte que les formations soient à la fois plus adaptées et plus visionnaires.
Par exemple, la Bourgogne s’est saisie de la problématique environnementale, notamment avec le plan climat, et l’étude consommateurs vient valider que l’on a fait le bon choix. Pour rappel, il y a encore un an, ce n’était pas si évident ! La Bourgogne s’est aussi saisie d’autres sujets sociétaux, sur la responsabilité sociétale, sur des compensations environnementales. Là aussi, l’étude vient rassurer tout le monde en montrant que la nouvelle génération de consommateurs valide ces choix. Et justement, par rapport au bio, l’étude montre aussi que le dire ne suffit pas : les jeunes ont plus confiance dans l’économie de la preuve, que dans celle de l’annonce. C’est l’économie de moyens versus l’économie de la performance. Il ne faut donc pas engager sa stratégie uniquement sur le label. Cette notion d’engagement consommateurs ressort très fort dans l’étude.
Et comment voyez-vous les consommateurs d’après-demain, qui ne sont déjà plus ceux de demain ?
M. B. : Nous avons prévu de réengager des études, mais nous allons déjà attendre de voir ce qui se passe avec le matériau actuel de l’étude, ce que l’on va pouvoir en faire et comment ça réagit. Après, est-ce que cela veut dire que nous avons désormais la volonté d’être plus orienté marché et consommateurs qu’avant, la réponse est clairement oui. On passe ainsi d’un régime productiviste à un régime consommateur et marché.