Pouilly-Fuissé
Une longue histoire couronnée par des premiers crus

Régis Gaillard
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Des prémices de la viticulture sur le territoire à l’obtention d’une mention premier cru, l’histoire a été longue et, parfois, tortueuse pour l’appellation Pouilly-Fuissé. Tout a commencé il y a près de deux mille ans…

Une longue histoire couronnée par des premiers crus

L’aire d’appellation du Pouilly-Fuissé est riche d’un passé viticole très ancien dont l’établissement est sans doute contemporain des premiers pas de la viticulture en Bourgogne. Dans le Mâconnais, cela a sans doute lieu dès le premier siècle de notre ère. À cette époque, les Gallo-Romains sont solidement implantés sur l’actuelle zone d’appellation du Pouilly-Fuissé. Même si les temps mérovingiens sont durs pour la viticulture entre instabilité politique, menaces guerrières et autres déplacements de population, elle poursuit son développement. Avec, du temps des Burgondes, une expansion de la vigne et de la viticulture devenue une activité très lucrative. Les siècles suivant, ceux des temps carolingiens et capétiens, confirment la vocation viticole de la région. Fuissé est alors le centre d’un ager, unité d’administration importante sur le plan local.

Une réputation qui grandit au fil du temps

À partir du 17e siècle, la viticulture progresse de manière conséquente. Et le 19e siècle voit s’accentuer ce phénomène avec un recul des terres labourables au profit de la vigne. Ainsi, à Fuissé, on comptait 72 hectares de terres labourables en 1840 contre seulement 14 hectares en 1902. Quant à la réputation du Pouilly-Fuissé, elle ne fait que grandir. Pierre Batillat, dans son traité des vins, évoque le Pouilly comme le plus renommé des vins du Mâconnais. Une renommée qui prend de l’épaisseur au 20e siècle comme le confirment d’ailleurs différents écrits.

En 1922, un jugement du tribunal de Mâcon délimite l’appellation. En 1929, les maires de quatre villages de production (Chaintré, Fuissé, Solutré-Pouilly et Vergisson) créent l’Union des producteurs de Pouilly-Fuissé, syndicat reconnu aujourd’hui comme organisme de défense et de gestion (ODG) de l’appellation. Le 5 octobre 1936 paraît au journal officiel de la République française le décret reconnaissant l’appellation et dans lequel est précisée la possibilité d’adjoindre un nom de climat à l’égal des autres appellations bourguignonnes. Une appellation Pouilly-Fuissé qui produit exclusivement des vins blancs issus du cépage chardonnay.

Le tournant des années 2000

L’année 2007 marque un tournant pour l’AOC. Président depuis 2003 de l’Union des producteurs de Pouilly-Fuissé, Frédéric-Marc Burrier soumet aux membres de l’ODG son souhait de « réparer une erreur de l’histoire » en sollicitant la reconnaissance en premier cru. « Car le sud de la Bourgogne mérite son appartenance à la grande famille des vins blancs de garde ». C’est le point de départ d’une démarche de très longue haleine avec plusieurs étapes à la clé. Cela débute en 2008 par l’étude très complète des sols et des sous-sols avec plus de 700 trous réalisés dans toute l’AOC pour faire naître une carte des sols. Suit une enquête parcellaire effectuée auprès des vignerons. En 2008 et 2009, plusieurs séances de dégustation sont réalisées pour déterminer les meilleurs climats. Mars 2010 marque le dépôt officiel auprès de l’INAO de la demande de reconnaissance des premiers crus. L’INAO nomme alors une commission d’enquête laquelle désigne une commission d’experts dans différents domaines : géographie, géologie, histoire, vin… Après le nécessaire toilettage de l’appellation, il y a la mise en place de critères (usages, sol, exposition, pente, altitude, etc.) pour classer les parcelles de manière objective. C’est à ce moment qu’est réalisée par la commission d’enquête une première délimitation.

L’historique 3 septembre 2020

En 2017, le projet d’aire délimitée en premiers crus validé par l’INAO et l’Union des producteurs compte 183 hectares sur les 799 hectares de l’AOC, non loin des 200 hectares qui avaient été demandés. Ce projet d’aire délimitée des premiers crus a été mis à l’enquête publique de février à fin mars 2018. Réuni en séance le 3 septembre 2020, le Comité national des appellations d’origine relatives aux vins et aux boissons alcoolisées et des boissons spiritueuses a approuvé la reconnaissance de 22 climats, sur les 24 espérés au départ, pour une surface de 194 hectares accompagnés de la mention premier cru qui pourra être adjointe à l’AOP Pouilly-Fuissé. Et ce, dès le millésime 2020.

L’AOC en bref

Forte de 799 hectares, l’AOC Pouilly-Fuissé compte quelques 250 producteurs ainsi que 217 Climats, répartis sur les quatre communes, dont 22 concernés par la reconnaissance en premiers crus. On dénombre aussi 15 types de sol. De toutes les appellations bourguignonnes, Pouilly-Fuissé est sans aucun doute la plus variée au niveau de sa géologie.

Liste des climats

- commune de Chaintré : Le Clos de Monsieur Noly, Les Chevrières, Aux Quarts et Le Clos Reyssier ;

- commune de Fuissé : Le Clos, Les Brûlés, Les Ménétrières, Les Reisses, Les Vignes Blanches, Les Perrières et Vers Cras ;

- commune de Solutré-Pouilly : La Frérie, Le Clos de Solutré, Au Vignerais, En Servy, Aux Bouthières, Aux Chailloux, Pouilly et Vers Cras ;

- commune de Vergisson : Les Crays, La Maréchaude, Sur la Roche et En France.