Le ministère de l’Agriculture et les représentants de grande distribution ont signé, le 9 novembre, sous l’œil bienveillant et attentif des interprofessions, une charte pour valoriser les produits agricoles frais et locaux.

Une charte pour les GMS

Les dix plus grandes enseignes en France l’ont signée. « Pas une ne manque à l’appel », s’est félicité Julien Denormandie. Cette charte entend « mettre en avant les mentions d’origine (…) France ». Une charte sur laquelle vient s’appuyer le slogan « Plus près de vous et de vos goûts ». Concrètement, des bannières seront déployées dans les grandes surfaces pour attirer le consommateur vers ces produits locaux qui doivent être repérables et identifiables comme tels, même si la définition d’un produit local reste à préciser, car la loi est totalement muette sur ce sujet. Cependant, le ministre de l’Agriculture a affirmé : « pour moi, la pomme de terre de Noirmoutier peut être un produit local en Alsace ».
Les enseignes devront être prêtes au plus tard au mois d’avril 2021, « car il leur faudra du temps pour décliner cette charte dans les 30.000 points de vente existants », a justifié le ministre. Enfin, les représentants des GMS ont acté la décision du ministre de ne plus mentionner « élaboré en France » ou « transformé en France » si les ingrédients ne proviennent pas de France. L’ensemble des acteurs réfléchit à la mise en place d’un budget commun pour une campagne média qui mette en avant le logo. 

Souveraineté locale

« Il faut engager l’agriculture et les agriculteurs vers la transition agroécologique, vers une agriculture plus verte, plus juste, qui tienne compte des territoires, des spécificités et des attentes de nos concitoyens (…) et ainsi regagner notre souveraineté agroalimentaire », avait aussi proclamé le ministre de l’Agriculture le 5 novembre. Mais cette stratégie nécessite de repenser l’organisation territoriale de l’agriculture, car beaucoup de régions semblent s’être spécialisées dans certains types de production au fil des ans. Au point qu’une bonne partie du territoire national dépend aujourd’hui des importations. La France achète ainsi près de la moitié de ses fruits et légumes à l’étranger, important entre 40 % et 50 % des tomates, concombres et courgettes, 39 % des poires, plus de 40 % des pêches et nectarines et presque ¾ du raisin de table. « La région Grand-Est importe 75 % du porc et 87 % des fruits que ses habitants consomment », a souligné Sébastien Windsor, président de l’Assemblée permanente des chambres d’agriculture (APCA). Pour lui, les Français commencent à prendre conscience que leurs actes d’achat influencent l’alimentation et les territoires. Sinon, « les circuits courts et les drives fermiers n’auraient pas eu autant d’engouement pendant la crise du Covid-19 », a-t-il justifié.
L’un des nombreux enjeux est de pérenniser ce rapprochement entre société et agriculture et d’aller chercher la valeur ajoutée chez le consommateur. « Reste à savoir quel prix le consommateur est prêt à mettre dans l’alimentation ». Certes, les projets alimentaires territoriaux qui bénéficient d’une enveloppe de 80 millions d’euros jusqu’en 2023 (lire encadré) peuvent constituer un élément clé pour relocaliser et ancrer des productions. En local, ils sont l'un des longs maillons de cette souveraineté alimentaire encore émergente.

Les projets alimentaires territoriaux

Les projets alimentaires territoriaux (PAT) ont pour objectif de relocaliser l'agriculture et l'alimentation dans les territoires en soutenant l'installation d'agriculteurs, les circuits courts ou les produits locaux dans les cantines.