Production de maïs
Irrigation et assurance

Françoise Thomas
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Contexte sanitaire oblige, l’AGPM a tenu son assemblée générale le 26 novembre dernier en visioconférence. Après une campagne de production difficile pour toutes les productions maïsicoles, le président de l’AGPM, Daniel Peyraube, a porté un message optimiste et résolument engagé pour l’avenir de la maïsiculture, mais tous les clignotants ne sont pas au vert et l’AGPM est sur tous les fronts : accès à l’eau, protection de la culture et lutte contre les distorsions de concurrence, négociations de la Pac. Emmanuel Buisset, administrateur de l’AGPM pour la Saône-et-Loire fait le point sur les actions menées. 

Irrigation et assurance

Exploitant Agricole de Saône-et-Loire : Il y a un an, l’AGPM avait annoncé une ambitieuse stratégie pour le maïs au congrès de Toulouse, c’était sans anticiper la pandémie et les difficultés climatiques de l’année qui ont mis à mal la culture et ses perspectives ? Comment l’AGPM s’est-elle adaptée ? 
Emmanuel Buisset : Le président de l’AGPM avait en effet pris des engagements, d’une part en matière de certification environnementale avec 10.000 exploitations maïsicoles certifiées HVE en 2025 et d’autre part, en matière de stockage de carbone avec plus de 1 million de tonnes stockées sous forme de crédits label bas carbone en 2025. Ces engagements étaient soumis à des conditions sur lesquelles nous avons avancé. En matière de certification environnementale, nous avons œuvré à rendre le cahier des charges HVE mieux adapté à la maïsiculture car en effet le faible IFT du maïs n’était pas reconnu. Ce travail devrait porter ses fruits en 2021. En matière de contribution climatique du maïs, nous avons été à l’origine de la mise en place d'une méthode grandes cultures avec l’AGPB, la CGB et la Fop. Cette méthode conçue par l’institut technique Arvalis a été déposée auprès du ministère de l'Écologie et devrait être validée très bientôt. L’objectif est de lancer dès 2021 les premiers projets générateurs de crédits Carbone dans les exploitations. Les difficultés n’ont donc pas freiné l’ambition de l’AGPM bien au contraire et ces actions se sont ajoutées aux problématiques d’actualité. 

EA71 : Si cette ambition montre bien la volonté de redorer l’image du maïs auprès des consommateurs, quelles réponses apportez-vous aux producteurs de maïs affectés par la sécheresse pour la deuxième année consécutive ? 
E.B. : Cette année qui a affecté l’ensemble des productions démontre une fois de plus que le changement climatique est une réalité à laquelle il est urgent de s’adapter. Pour l’AGPM, les deux solutions « Climat » sont l’accès à l’eau et l’assurance que nous travaillons depuis de nombreuses années.
Cette année, l’irrigation ne concerne que 35 % du maïs grain, mais pèse pour 45 % de la production. Mais malgré la mobilisation d’Irrigants de France et de l’AGPM, les projets n’avancent pas en raison de blocages administratifs et règlementaires. Daniel Peyraube a alerté le ministre de l’Agriculture qui, lors de son intervention vidéo à l’assemblée générale de l’AGPM, a affiché sa détermination pour simplifier et sécuriser les projets ainsi que l’implication de son ministère. L’assurance récolte est l’autre levier sur lequel l’AGPM agit en demandant l’activation de l’Omnibus et l’abaissement du seuil de franchise à 20 % et 70 % de subvention pour en favoriser l’accès. Nous nous mobilisons aux côtés des autres AS végétales pour que cette disposition soit inscrite dans le cadre du plan stratégique national (PSN), traduction nationale de la Pac, actuellement en discussion. Le ministre de l’Agriculture a indiqué poursuivre le travail déjà engagé par ses services sur les voies d’amélioration des outils assurantiels en agriculture. 

EA71 : Pour rappel, quelles ont été les conséquences climatiques sur les rendements de maïs en Saône-et-Loire ?
E.B. : Les rendements ont été très hétérogènes selon les zones. Là où il y a eu quelques orages les rendements ont été corrects, sinon en moyenne, on se retrouve avec 50 % de volume en moins par rapport à une année normale. C’est l’une des plus mauvaises années depuis longtemps car les plantes ont subi une double conséquence : une chaleur extrême au moment de la fécondation puis le sec qui a énormément limité l’alimentation des grains. Au final, un impact sur le nombre et sur la grosseur des grains.

EA71 : Est-ce qu’il y a d’ores-et-déjà des conséquences sur les prochains assolements ?
E.B. :
Ce n’est pas si simple, car les éleveurs du département ont de toute façon besoin de maïs pour nourrir leurs animaux. Et puis il y a la réalité du marché. Pour partir sur de nouvelles productions, il faut d’abord s’assurer des débouchés. Un assolement ne se bouscule pas aussi facilement que cela. Donc forcément la situation climatique aura des conséquences sur les assolements, par exemple certains parlent de sorgho et de faire plus de céréales d’automne, mais ce ne sera pas chez tout le monde et peut-être pas de façon aussi importante. Notre département n’est pas très développé en terme d’irrigation et là aussi tous les secteurs ne pourront pas recourir à la rétention d’eau, mais encore une fois, il faudra de toute façon porter la réflexion sur la question de la ressource en eau.