Renouvellement des générations
Le parcours à l’installation mis à l’épreuve par les « Nima »

Le parcours à l'installation rebute - sur certains points - les personnes nouvelles non issues du milieu agricole (Nima). Or ce dispositif est un gage de réussite incontestable. 

Le parcours à l’installation mis à l’épreuve par les « Nima »

Les dispositifs mis en place pour faciliter la transmission des exploitations et l’installation d’agriculteurs ne recueillent pas l’assentiment de la majorité des personnes non issues du monde agricole (Nima) selon la nouvelle terminologie. Les "hors cadres familiaux" en clair. Une étude publiée par l’Institut de l’élevage (Idele)* relève que ce nouveau public arrive avec des attentes et des objectifs différents des jeunes agriculteurs issus du sérail pour lesquels les parcours à l’installation ont été conçus. 

Cependant, un des experts cités dans ce document défend que « le système d’installation français, même s’il est long et pénible, est très encadrant, et permet d’éviter à certains porteurs de projet de faire des grosses bêtises [...] C’est un système très bien réfléchi […] avec relativement peu d’échec ».

Sur le terrain, deux générations d’agriculteurs s’affrontent. Celle en fin de carrière qui cède un outil de production et celle des Nima : cette dernière « bouscule les mentalités et les visions du métier, apportant à la fois une ouverture bienvenue et parfois des tensions », analyse l’Idele. Par ailleurs, ces personnes Nima sont davantage attirées par les productions végétales et le maraîchage, en particulier. Une minorité d’entre elles « devient éleveurs (ou éleveuses) avec deux idées paradoxales : bâtir un nouveau projet de vie tout en souhaitant retrouver les caractéristiques d’un boulot comme un autre (horaires, vacances, réorientation professionnelle…) », poursuit l’Institut.

Les futurs installés conçoivent aussi leur installation comme une étape de leur vie professionnelle. Et compte tenu du nombre d’heures passées, hors patrimoine constitué, une rémunération au Smic (1.219 euros net/mois) est difficilement concevable. 1.500 € net par mois est davantage leur objectif.

Décalage entre cédants et repreneurs

De nombreux projets atypiques avortent car les exploitations proposées pour les réaliser ne sont pas en phase avec l’attendu. Elles sont souvent trop grandes et engagées dans des activités qui ne correspondent pas aux projets des candidats à l’installation.

« Il y a un important décalage entre l’offre et la demande, avec des cédants qui ne trouvent pas de repreneurs (et qui ne sont pas toujours prêts à voir leur ferme évoluer après la reprise) et des porteurs de projets qui ont du mal à trouver chaussure à leur pied (sans vouloir ou pouvoir revoir leur projet) », mentionne l’étude. Les Nima visent des petites exploitations pour se former et acquérir de l’expérience avant de s’agrandir. Ce qu’ont fait, à leur façon, les cédants tout au long de leur parcours professionnel au gré de reprises de terres et des quotas libérés. La marche est bien souvent haute pour eux financièrement. Et pour les banques, les nombreux projets présentés, souvent atypiques, ne sont pas suffisamment crédibles pour être financés, souvent par manque de références aussi. Bref, il faut du temps pour qu'un nouveau cycle se mette en place.

 

*Les personnes Non Issues du Milieu Agricole : le futur du renouvellement des générations en élevage ? Disponible sur le site de l’Idele (http://idele.fr)

Avec ou sans DJA ? 

Pour les personnes Nima, le parcours à l’installation manque de flexibilité. Seule une minorité d’entre-elles le suive pour percevoir la dotation jeune agriculteurs (DJA). Elle leur permet de faire évoluer le projet plus rapidement, reconnaissent les bénéficiaires. Selon l’Idele, les raisons qui font renoncer les « Nima » à la DJA sont les investissements nécessaires non négligeables, en temps et en argent, pour suivre le parcours à l’installation. Les démarches sont onéreuses et les formations nécessitent d’arrêter de travailler. Certains candidats à l’installation n’ont aussi tout simplement pas le niveau de formation requis pour obtenir la DJA. Ils ne sont pas non plus prêts à renoncer à leur projet atypique pour la percevoir. Enfin, ces personnes « Nima » veulent garder la possibilité de changer d’orientations après s’être installées.