Régulation des corvidés en Bresse
Un premier bilan encourageant

Marc Labille
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Grâce à la mobilisation de la FDSEA, de la FDC 71 et de leurs partenaires locaux, une régulation collective des corvidés a pu être mise en place au printemps dernier sur le territoire Terres de Bresse. Le bilan de cette première campagne indique une nette hausse des prélèvements, preuve que le dispositif mobilise des tireurs. Reconduite l’an prochain, l’opération devrait monter en puissance portée par le soutien des collectivités, des chasseurs et de la profession.

Un premier bilan encourageant
Le 10 décembre dernier à Ormes, en présence d’Évelyne Guillon présidente de la FDC 71 et de Cédric Tissot vice-président de la FDSEA, un bilan de l’opération de régulation des corvidés sur le territoire Terres de Bresse a été présenté. Pour l’occasion, des kits (affût, cartouches, appeaux, tenues de camouflages…) ont été remis aux chasseurs ayant prélevés des corvidés.

Face à la montée des dégâts de corvidés en Bresse, les agriculteurs et les chasseurs ont décidé d’unir leurs forces en lançant une opération pilote de régulation des corvidés sur le territoire. « On s’est tous mis autour de la table », présente Cédric Tissot, agriculteur à Baudrières et vice-président de la FDSEA pour le secteur Bresse. La réflexion a débouché sur un partenariat entre la profession et la fédération des chasseurs de Saône-et-Loire (FDC 71) pour organiser une régulation collective sur le terrain. Ce projet s’est donné comme objectif de mobiliser des chasseurs pour qu’ils participent à la régulation des corvidés. Des financements étaient nécessaires pour encourager les volontaires. La coopérative Bourgogne du Sud, les Minoteries Gay et la communauté de communes Terres de Bresse ont répondu favorablement aux sollicitations de la FDSEA et de la Fédération départementale des chasseurs. Elles se sont même jointes très volontiers à ce partenariat apportant par là même un précieux budget, saluent de concert Cédric Tissot et Évelyne Guillon, présidente de la FDC 71.

Des partenaires, un budget

Le partenariat permet de prendre en charge des équipements (affût, cartouches, appeaux, camouflages, etc.) indispensables à la technique d’approche. « Car la régulation des corvidés n’a rien à voir avec la chasse aux sangliers », témoigne Arnaud Cadot, agriculteur et chasseur à Loisy. Financés par la communauté de communes Terres de Bresse, des kits ont ainsi été fournis aux chasseurs qui prennent part à l’opération de régulation. La collectivité finance également des formations à destination des chasseurs volontaires. Une session aura lieu le 4 mars prochain à Brienne. Elle sera assurée par un expert de la FDC 71. Enfin, le partenariat permet de verser une indemnité par corvidé régulé.

Une première campagne de régulation avait été menée en 2019. Elle avait permis de prélever 698 corvidés. En 2020, le Covid a empêché la poursuite de la régulation. C’est en 2021 que l’opération collective a été déployée à l’échelle du territoire Terres de Bresse. Elle s’est mise en place au début du mois d’avril, dès les premières alertes de dégâts sur semis signalées par les agriculteurs. « Les chasseurs ont été très réactifs », apprécie Cédric Tissot. « Chasseurs et élus territoriaux ont été sensibles au désarroi des agriculteurs », se félicite de son côté Évelyne Guillon. Pour cette première, 13 des 14 communes du territoire Terres de Bresse ont fait une demande de droit de destruction hors période de chasse – étape indispensable pour être autorisé à prélever les corvidés.

1.600 corvidés prélevés en 2021

Une quinzaine de chasseurs ont pris part à l’opération qui n’a duré que quelques semaines (du 1er avril au 6 juillet) dictée par l’avancement des cultures. Près de 1.600 corvidés (1.150 corbeaux freux et 371 corneilles noires recensés) ont ainsi été prélevés durant cette courte période. Ces chiffres bien supérieurs à ceux de 2019 démontrent que l’incitation produite par le partenariat a porté ses fruits, se félicitent les intéressés. Forte de ces premiers résultats, l’opération sera reconduite en 2022, annonce Évelyne Guillon. Le financement est d’ores et déjà assuré par les partenaires, se félicite-t-on.

Désormais, l’enjeu est de mobiliser d’autres chasseurs dans le projet. Pour ce faire, la FDC 71 diffuse l’information auprès de tous ses responsables de territoires, via son journal interne, ses réseaux… Du côté de la profession, les agriculteurs sont encouragés à passer le permis de chasse. La FDC 71 propose de les former au permis et à la régulation des corvidés. La présidente encourage également à instaurer des échanges avec les autres communautés de communes de sorte à pouvoir étendre la régulation à un territoire plus large pour plus d’efficacité. « La régulation s’est faite sur une courte période cette année, mais nous ferons mieux l’année prochaine. Dans un contexte sociétal peu favorable à ce type d’action, les élus se sont montrés réactifs. Plus que jamais, ce n’est vraiment pas le moment de se diviser. Il faut que tout le monde joue le jeu : déclarer les dégâts, participer à la régulation… », conclut Cédric Tissot.

 

Faire remonter un maximum de fiches dégâts

Faire remonter un maximum de fiches dégâts

L’autre enjeu de la régulation des corvidés est leur maintien dans la liste des « Espèces susceptibles d’occasionner des dégâts » ou Esod. C’est cette précieuse liste qui autorise une régulation hors des périodes de chasse (corneilles noires, corbeaux freux, renards, fouines, martres, pies bavardes, étourneaux). « Les corvidés ont déjà été retirés de la liste dans une cinquantaine de départements. C’est le cas de l’Ain », alerte la présidente de la FDC 71 Évelyne Guillon. Aussi, les agriculteurs sont-ils vivement incités « à signaler tous les dégâts » au moyen de ces précieuses fiches dommages. Renouvelée tous les trois ans, la liste des Esod devait initialement être validée pour une nouvelle période le 30 juin 2022. Cette étape devrait être repoussée d’un an au 1er juillet 2023, informe Évelyne Guillon. Pour chaque renouvellement, la procédure rend possible la remise en cause des espèces inscrites sur la liste. Une étape dont les associations animalistes ne manquent pas de se saisir… Face à eux, il faut fournir des argumentaires solides à l’administration : justifier les dégâts et la présence significative de chaque espèce. Un travail rigoureux, lourd et complexe que mène la FDC 71. Les fiches dommages de déclaration de dégâts sont le seul moyen de prouver l’étendue des dégâts et l’impact des préjudices. Les agriculteurs sont donc vivement encouragés à faire remonter un maximum de fiches à la Fédération départementale des chasseurs de Saône-et-Loire.