Elva Novia
Elva Novia récolte les fruits de trois ans de bons résultats

Marc Labille
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Dans une conjoncture pourtant difficile en élevage, Elvanovia est parvenue à redresser la barre au point de pouvoir redistribuer des bénéfices à ses adhérents. Mais la coopérative reste prudente quant à l’avenir misant sur les synergies locales et les partenariats collectifs.

Elva Novia récolte les fruits de trois ans de bons résultats
L’assemblée générale d’Elva Novia était suivie d’une porte ouverte sur le site de Fontaines. Les participants ont eu notamment droit à une présentation de taureaux de la taurellerie.

Cette année, Elva Novia a tenu son assemblée générale en Saône-et-Loire à son siège de Fontaines. La coopérative en a profité pour organiser une porte ouverte sur le site de sa taurellerie. Au programme, une présentation de taureaux stationnés au centre de production de semences et des ateliers thématiques (nous y reviendrons dans notre prochaine édition). 300 personnes s’étaient inscrites à cette porte ouverte que les éleveurs ont visiblement appréciée.

Le succès de cette manifestation corroborait la satisfaction des responsables d’Elva Novia. Il faut dire qu’à l’ouverture de cette assemblée générale, administrateurs et collaborateurs de la coopérative pouvaient avoir le sourire. Ils s’apprêtaient en effet à présenter leur troisième résultat d’exercice positif consécutif. Ce qui leur permettait d’annoncer la redistribution de la somme de 238.000 € aux adhérents de la coopérative ! Une situation qui n’est pas si fréquente dans les organisations agricoles en ce moment. C’est la résultante de gros efforts de restructuration interne consécutifs à d’importantes difficultés financières constatées il y a six ans environ. En prenant des décisions audacieuses, les responsables d’Elva Novia ont su redresser la barre et une hausse d’activité de plus de 2 % sur le dernier exercice est venue parachever cette performance.

Sursaut de l’activité bovine charolaise

L’activité bovine avait subi une baisse importante entre 2015 et 2018, aggravée par « une concurrence acharnée à l’ouest de la zone », rappelait le directeur Pierrick Drevillon. Cette baisse s’est par la suite « tassée » et depuis 2021, l’activité est même repartie à la hausse. La coopérative a réalisé 122.400 inséminations artificielles premières (IAP) en 2022/2023 (55.000 en lait et 67.400 en allaitant). La hausse est le fait des bovins allaitants dont le nombre d’IAP a progressé de + 5 %. C’est dans le cœur de zone (Morvan, Côte-d’Or, Bresse…) que cette remontée des IA s’est produite, détaillait le directeur. Globalement, cela traduit, pour Elva Novia, une forte activité de la zone charolaise où les adhérents ont retrouvé de la trésorerie et du fourrage.

Synchronisations en hausse de + 27 %

Concernant les autres activités d’Elva Novia, le nombre d’échographies réalisé est satisfaisant avec 210.600 constats de gestation bovins et 38.000 en caprins. Le service de suivi de la reproduction « Cap Repro » stagne à 30.000 actes pour 228 élevages et 14.500 femelles. Ce sont beaucoup d’élevages laitiers qui font appel à ce service. Le programme « primipares » pour les allaitants peine à gagner du terrain. En 2022/2023, plus de 12.000 traitements de synchronisation des chaleurs ont été effectués par Elva Novia dans 567 élevages désireux de regrouper leurs vêlages. En hausse de + 27 % par rapport à l’exercice précédent, ce service souffre cependant de pressions liées à la distribution des médicaments et aux lobbys. La vigilance s’impose pour le conserver, confiait Pierrick Drevillon. À ce sujet, les AOP fromagères caprines renonceraient à la synchronisation pour les petits ruminants, indiquait le directeur.

Taurellerie à plein régime !

La taurellerie de Fontaines constitue un véritable site de production à la charge de la coopérative. Il s’agit d’un gros outil dont les charges d’exploitation atteignent 900.000 € : « il faut autant de produit pour couvrir », faisait remarquer Pierrick Drevillon. Et le président Laurent Ferrier de rappeler qu’à une époque, cette taurellerie n’était pas rentable et qu’elle aurait pu être fermée. Au lieu de cela, les responsables de la coopérative ont fait en sorte de saturer l’outil de sorte à ne plus perdre d’argent. Pour ce faire, ils n’ont pas hésité à prospecter « des taureaux supplémentaires » auprès d’autres races (Simmental, Brune, Blanc Bleu…), à offrir le service à des petites entreprises de sélection… La station de Fontaines est aussi ouverte aux taureaux privés comme à des collectifs d’éleveurs tels que Charolais Évaluation 71, l’Ajec (association des jeunes éleveurs charolais)… Aujourd’hui, cette taurellerie de 140 à 150 places est toujours pleine de même que sa quarantaine. Avec un temps moyen de présence par taureau de 203 jours et une production totale de 1,6 million de doses de semence, les chiffres sont satisfaisants, indiquait Pierrick Drevillon.

500.000 doses de semences à distribuer

Elvanovia assure la distribution de près de 500.000 doses de semences (dont 380.000 acheminées vers les inséminateurs et éleveurs inséminant eux-mêmes, plus 48.000 doses « BGS » livrées vers d’autres coopératives). C’est une logistique que la génomique complexifie, confiait le directeur. À ce tour d’horizon de l’activité, il convient d’ajouter la récolte en ferme qui concerne 1.100 taureaux pour 90.000 doses produites.

Pierrick Drevillon évoquait enfin les filiales d’Elva Novia à commencer par « Généform » (agrofournitures, minéraux, diététique…) dont le chiffre d’affaires approche 5 millions d’euros. La filiale hygiène « Saphir » réalise quant à elle un chiffre d’affaires de 307.000 euros.

Transplantation embryonnaire en interne

Parmi les faits marquant de 2022/2023, Elvanovia a mis en place sa propre équipe de transplantation embryonnaire. Au chapitre de la voie femelle, la coopérative a apporté son expertise pour la toute première vente d’embryons dans le cadre de la vente de la station de Jalogny (GIE Synergie Charolais). Et cette année, le tout premier catalogue d’embryons charolais sera édité avec la station saône-et-loirienne.

En race charolaise encore, Elva Novia est investie dans le programme « Génosynthèse ». Il s’agit d’un programme de génotypage de masse du cheptel charolais. Plus de 8.000 génotypages ont ainsi été réalisés durant l’exercice sur la zone de la coopérative. C’est mieux que ce que prévoyaient les responsables du projet.

Se projeter à cinq ans…

Dans sa conclusion, Laurent Ferrier se félicitait que « dans un contexte démographique défavorable », l’augmentation de chiffre d’affaires a permis « un retour commercial aux adhérents ». Les trois objectifs que s’était fixé le conseil d’administration pour redresser la coopérative sont atteints : « apurement, moins d’emprunts, disponibilité financière ». Mais le président se montrait très prudent quant à l’avenir. « L’activité IA d’aujourd’hui n’est pas celle de demain. Le résultat de cette année, on ne le refera pas forcément ». Et Laurent Ferrier de rappeler que « la conjoncture ne s’améliore pas avec la baisse du nombre d’exploitations qui se poursuit. Et les besoins des éleveurs évoluent ». Écartant la piste choisie par d’autres d’une coopérative unique mastodonte, le président d’Elvanovia défend « le choix du terrain » et veut croire aux « synergies locales ». La SAS Connexyon constituée en 2019 d’Elva Novia (Bourgogne-Auvergne) et de Cecna (Nord Bourgogne, Loiret, Aube, Cher), permet cela. Et Laurent Ferrier de citer aussi le partenariat fructueux avec les stations charolaises, la mise en place de services communs avec Alsoni, la mise à disposition des services de la coopérative dans le projet Changus de Feder, le travail sur la voie femelle charolaise avec les partenaires de la génétique…