Diversification
La production de veaux de boucherie, ça vous dit ?

Marc Labille
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Le 4 décembre dernier, la société Denkavit organisait une porte ouverte dans un élevage de veaux de boucherie à Villeneuve-en-Montagne. Cet atelier appartient à Emilie Magnin et Philippe Laborde du Gaec de la Saugerie. Il fait partie des 500 exploitations partenaires de Denkavit pour la production de veaux de boucherie. 

La production de veaux de boucherie, ça vous dit ?
Les veaux de boucherie doivent donner une viande la plus rosée claire possible. Pour prévenir tout risque de coloration, il ne doit pas y avoir de fer dans l’environnement du veau. Tubulaires, pipettes d’abreuvement sont en inox ou en plastique. L'aliment fibreux apporte du fer assimilable par le veau.

Née aux Pays-Bas, la société Denkavit est un leader européen de la fabrication et de la vente d’aliments d’allaitement. Elle emploie 725 salariés dont 190 en France. Depuis les années 1960, elle s’est diversifiée dans la production de veaux de boucherie. Aujourd’hui, avec ses 500 élevages partenaires, elle produit environ 240.000 veaux par an et représente 22-23 % du marché français. Chaque semaine, ce sont environ 5.000 veaux achetés, mis en place et abattus. Denkavit possède six centres de rassemblement en France où les petits veaux sont triés, sélectionnés, alottés en fonction des débouchés. Travaillant en lien étroit avec 35 clients abatteurs, l’entreprise possède une « politique de mise en place » couplée à « une politique de sortie » qui garantit un débouché à chaque animal.


Contrat avec rémunération minimum garantie


Le partenariat qui lie les éleveurs à Denkavit repose sur un contrat d’engagement réciproque de plusieurs années avec une rémunération minimum garantie pour les jeunes investisseurs. Cette rémunération peut être améliorée par les performances réalisées par le lot de veaux. L’éleveur a à sa charge le bâtiment, l’énergie (gaz, électricité), l’eau, la main-d’œuvre… De son côté, Denkavit fournit les veaux, l’aliment, le suivi vétérinaire. Il assure le suivi technique et sanitaire. Un vétérinaire à la charge de la société intervient au moins trois fois par lot dans l’élevage. Un technicien passe au minimum une fois par semaine. L’éleveur est ainsi bien accompagné sur le plan technique, mais ses talents de surveillance et de soin pourront faire la différence dans le résultat, font valoir les intervenants.


Deux heures de travail le matin, deux heures le soir


En termes de main-d’œuvre, pour un atelier de 400 veaux, il faut compter deux heures de travail le matin et deux heures le soir. Les veaux reçoivent deux repas par jour espacés de 12 heures L’alimentation est à base de lait. La poudre de lait fournie par Denkavit est mélangée avec de l’eau potable (adduction avec ajout d’un système de chloration). Il faut un chauffe-eau pour porter l’eau à 75-80 °C le temps de délayer le lait. Le liquide est ensuite refroidi à 43 °C pour être distribué aux veaux. Les veaux ont aussi une alimentation fibreuse avec au menu du grain de maïs entier mélangé à des bouchons de maïs plante entière et de concentrés. Ils reçoivent également de la paille qui facilite l’assimilation. Aujourd’hui, la poudre de lait commence à être remplacée par du lactosérum et des graisses liquides, informent les représentants de Denkavit. Ces nouveaux aliments évitent une déshydratation énergivore.


Renouvellement des générations


Les veaux arrivent dans l’atelier âgés de 14 jours minimum. La durée d’engraissement va de 21-22 semaines à 26 semaines selon la saison et les races. Le bâtiment reçoit ainsi 1,9 lot par an avec un vide sanitaire de 4 à 5 semaines.

Bien implanté dans l’ouest, le nord de la France et en Auvergne, Denkavit veut aujourd’hui développer des élevages dans l’est du pays. La filière veaux de boucherie est en effet confrontée, elle aussi, au défi du renouvellement des générations. « On perd en moyenne 4.000 places par an à cause des départs en retraite », informait un responsable de Denkavit. Et depuis 3-4 ans, la relève est plus difficile en raison de la hausse des matières premières, du coût de la construction, des taux d’intérêt qui « ont rendu plus difficile de sortir des bâtiments de terre », confie l’intervenant. Denkavit est donc à la recherche de nouveaux éleveurs de veaux de boucherie dans la région. L’entreprise octroie une aide directe à la création d’ateliers, ce qui équivaut à environ 20 % du coût total d’un bâtiment.

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Émilie Magnin et Philippe Laborde ont créé leur atelier d’engraissement de veaux de boucherie en 2012. Avant cela, Philippe élevait des moutons et avait une activité de transport. Quant à Émilie, elle était technicienne chez Denkavit. Souhaitant « ne plus être tout le temps sur les routes », les deux époux se sont recentrés sur leur exploitation. Aujourd’hui, la structure couvre 160 hectares tout en herbe. Le couple élève 250 brebis dont les agneaux sont valorisés en vente directe sous le nom de « Bergerie de la Saugerie ». Ils élèvent aussi une trentaine de chevaux, auxois, comtois et irish cob et prennent des bovins en pension d’avril à novembre. L’atelier veaux de boucherie complète cette diversification. D’une capacité de 330 places, il est devenu l’activité prioritaire du Gaec. « Le travail doit être effectué tous les jours à heure régulière deux fois par jour : à 5 h 30 le matin et à 17 h 30 le soir », résume Philippe Laborde. « Cela fait onze ans qu’on produit des veaux de boucherie et ça s’est toujours bien passé », fait valoir l’éleveur. Avec l’expérience, il estime maîtriser la conduite. « Un veau malade, je le vois tout de suite. Ce sont un peu des bébés ; il faut constamment savoir anticiper. Mais quand tous les veaux ruminent, couchés sur les caillebotis, c’est que tout va bien ! », conclut Philippe Laborde en montrant un lot de veaux paisibles et en bonne santé.