Coop de France Déshydratation
La luzerne retrouve des couleurs

Publié par Cédric Michelin
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Face à l’augmentation de la demande en protéines végétales pour répondre à la hausse continue de consommation de viandes et de produits laitiers, la filière de la luzerne déshydratée voit l’avenir en rose. Et ce d’autant plus que la plante s’inscrit tout à fait dans le concept d’agro-écologie, désormais encouragé par les politiques publiques.
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Après deux années consécutives de baisse, la production française de luzerne est repassée au-dessus des 800.000 tonnes en 2014. Une évolution positive que l’on doit certes à des conditions climatiques favorables qui ont stimulé les rendements auquel s’est ajouté une progression du taux de protéine qui a atteint un taux proche de 18 %. Mais surtout à une augmentation des surfaces qui n’avaient cessé de diminuer depuis 15 ans. Selon Jean-Pol Verzeaux, le président de Coop de France Déshydratation, ce regain d’intérêt est dû à des signaux favorables en provenance à la fois du marché et des politiques publiques mises en œuvre. La luzerne émarge au plan protéines négocié dans le cadre de la réforme de la PAC à hauteur de 8 millions d’euros, soit environ 125 €/hectare de soutien direct au producteur et bénéficie d’un coup de pouce au titre des surfaces d’intérêt écologique à hauteur de 0,7 ha pour 1 ha de luzerne. « La luzerne rentre tout à fait dans le concept d’agro-écologie et de développement durable, non seulement pour elle-même mais aussi pour les autres cultures de la rotation qui ont besoin de moins d’intrants » note Jean-Pol Verzeaux. Bref, l’effet bénéfique de la luzerne s’apprécie davantage pour sa contribution au résultat de l’exploitation sur plusieurs années et non uniquement par rapport à sa marge par hectare sur une année donnée.


Le dynamisme des balles



Coté marché l’horizon s’éclaircit également. C’est en tout cas l’avis de Serge Faller, le directeur de Désialis, la principale coopérative de déshydratation de luzerne qui contrôle 80 % du marché. « La luzerne a retrouvé une place dans le marché », insiste-t-il, notamment grâce à sa nouvelle présentation en balles à la place des pellets traditionnels. En effet, les producteurs de lait se tournent de plus en plus vers ces balles qui apportent simultanément des protéines et des fibres digestibles à la place des pellets et la tendance va encore s’accentuer avec la fin des quotas laitiers, estime le directeur. D’ailleurs les ventes de luzerne en balles ont été multipliées par deux en cinq ans et aujourd’hui, un tiers des ventes de luzerne se fait désormais en balles de 380 à 420 kg. Et cette part devrait représenter la moitié des débouchés d’ici quelques années. Le développement du marché français devrait s’accompagner de celui de l’exportation. Serge Faller observe que les besoins alimentaires vont considérablement augmenter dans le monde dans les années qui viennent, que la Chine et l’Extrême-Orient tirent d’ores et déjà le marché des protéines et que la compétition va s’exacerber pour l’accès à la matière première. Sans oublier le Moyen-Orient, Arabie saoudite, Emirats arabes notamment, qui, sur le point d’interdire d’irrigation, vont renoncer à la culture de la luzerne sur leur territoire. Bref dans cette nouvelle configuration internationale la France aura une carte à jouer. D’ailleurs la profession s’y prépare en augmentant des capacités de production de luzerne en balles. Après avoir investi 10 millions d’euros, un nouveau train d’investissement de 10 millions d’euros et d’ores et déjà programmé.