SYNDICALISME
Les chantiers de la FNSEA pour 2023

En 2022, la FNSEA avait dévoilé ses 30 propositions pour l’élection présidentielle. C'est d'ailleurs cette dernière, les législatives qui ont suivi et l’installation du nouveau gouvernement qui ont retardé la mise en route pratique de la réforme de la gestion des risques issue des réflexions sur le Varenne de l’eau, ont expliqué la présidente de la FNSEA, Christiane Lambert et le secrétaire général, Jérôme Despey lors de la conférence de rentrée qui s’est tenue le 11 janvier. En effet, le pool « assurances/réassureurs » et le guichet unique prévus par la loi ne devraient pas être en place avant la fin de l’année. « Cependant, les outils existent et il était important que les agriculteurs puissent quand même accéder à quelques assurances et au dispositif de la solidarité nationale », a expliqué Jérôme Despey. Le dossier est d’autant plus important que l’année 2023 s’annonce compliquée sur le plan climatique. En effet, les températures très douces de ces dernières semaines entravent le repos végétatif hivernal. « Si le froid ne revient pas dans les jours prochains, les températures négatives que l’on connaît généralement en février/mars pourraient être catastrophiques », a prévenu le secrétaire général de la FNSEA avant de lancer : « Souscrivez. Les outils, les moyens sont là ».           

« Ouvrir les portes et les fenêtres » 

Ce premier chantier s’articulera avec d’autres comme le Pacte et la loi d’orientation et d’avenir agricoles dont le texte est attendu au Parlement au printemps prochain. « C’est le visage de l’agriculture pour les vingt prochaines années qui se décide aujourd’hui », a déclaré Christiane Lambert qui entend profiter de ce texte pour favoriser l’émergence de nouveaux profils agricoles qui « permettront de créer de nouvelles filières à la faveur de projets économiques sécurisés ». « Alimentation, démographie, renouvellement, compétitivité, transition, … nous voulons ouvrir les portes et les fenêtres à tous les projets », a martelé la présidente sortante de la FNSEA.

Inflation alimentaire 

La FNSEA portera également son attention sur la consommation et les relations avec la grande distribution, à travers la proposition de loi du député Frédéric Descrozaille (Renaissance, Val-de-Marne) qui entend donner plus de poids aux industriels dans les négociations commerciales. À ce sujet, Christiane Lambert a rappelé que l’inflation alimentaire était aujourd’hui contenue en France à seulement 12,1 %. Elle atteint 13,6 % en Italie, 15,3 % en Espagne, 16 % au Royaume-Uni et 20 % en Allemagne. « Quand les agriculteurs demandent 16 % ou 20 % d’augmentation, ils l’obtiennent. Quand en France, ils demandent 10 %, ils n’ont que 5 ou 6 % », a-t-elle expliqué, regrettant que notre pays ait « une culture des prix bas ».

« On ne refait pas le match »

Enfin, la FNSEA suit de près d’autres dossiers comme le revenu agricole (« Après deux années de hausse, nous avons retrouvé celui de … 1980 », a remarqué Christiane Lambert), la grippe aviaire, la filière biologique « dont la baisse de consommation et de production interroge », et les enjeux sociétaux liés à la transition agroécologique. « Tout le monde veut le saucisson de proximité, mais pas la porcherie », s’est agacée Christiane Lambert. Pour elle, comme pour le cabinet du ministre de l’Agriculture, une chose est certainement acquise : « On ne refait pas le match du Varenne de l’eau ». Ce qui coupe toute velléité aux organisations non gouvernementales de revenir sur les décisions prises en janvier 2022.

Christophe Soulard