Energie en Bourgogne-Franche-Comté
GRDF veut accompagner l'accélération du gaz vert en BFC

Berty Robert
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Le gaz vert, et notamment celui issu de l'agriculture, intéresse au plus haut point GRDF en Bourgogne-Franche-Comté, alors que de nouveaux sites de méthanisation se profilent.

GRDF veut accompagner l'accélération du gaz vert en BFC
De gauche à droite : Olivier Gauthier, animateur filière de GRDF, Mickael Alves, plombier-chauffagiste, Christophe Monot, agriculteur méthaniseur, Bruno Béthenod, président des maires ruraux de Côte-d'Or, Jean-Michel Jeannin, directeur du Siceco et Eric Passetti directeur territorial GRDF.

Avec plus de 600 sites de méthanisation et d’injection de gaz vert en France, cette source d’énergie représente un potentiel prometteur pour l’opérateur GRDF, notamment en Bourgogne-Franche-Comté (BFC), où l’on compte aujourd’hui vingt sites de méthanisation. Eric Passetti, le directeur territorial régional de GRDF précise que, sur notre région, la capacité de production raccordée au réseau de gaz était en augmentation de 28 % sur les trois premiers trimestres de 2023. De plus, entre 5 et 10 nouveaux sites de production doivent entrer en service en 2024. « En parallèle du développement des sites de méthanisation, poursuit Eric Passetti, nous accompagnons l’émergence de nouvelles technologies de production de gaz vert. La région dispose de suffisamment de ressources biomasse pour viser, d’ici 2050, une production totale de gaz vert ». En Côte-d’Or, au printemps prochain, 15 % du gaz utilisé pour se chauffer ou cuisiner, sera du gaz vert local. Pour GRDF, la réflexion globale s’inscrit dans le contexte de préparation de la Programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) qui portera sur la période 2024-2033.

« Alignement de planètes »

Pour Eric Passetti, il y a, concernant le gaz vert, un « alignement des planètes » avec un objectif national de 20 % de gaz vert dans les réseaux à l’horizon 2030. Pour illustrer l’intérêt porté à la filière gaz vert régionale, GRDF avait invité, mi-décembre à Dijon, un agriculteur méthaniseur, Christophe Monot, un élu local, le directeur du Siceco, Syndicat d’énergies de Côte-d’Or et un artisan plombier-chauffagiste pour évoquer leur intérêt pour cette source d’énergie. Avec cinq autres associés, Christophe Monot, agriculteur de Marsannay-le-Bois, injecte du gaz vert depuis 2021. « On est partis d’une problématique agronomique, explique-t-il : nous sommes sur une zone intermédiaire avec une productivité des cultures limitée. La méthanisation nous permet de remettre de l’agronomie dans notre système. Nous conduisons entre sept et huit cultures sur l’exploitation, contre trois auparavant. Nous obtenons aussi de l’engrais naturel avec les digestats. GRDF a vraiment été un partenaire pour nous dans la conduite du projet ». L’agriculteur ne nie pas qu’il faut aussi travailler sur l’acceptabilité sociétale des méthaniseurs. Sur le site de Marsannay-le-Bois, 6 millions d’euros ont été investis : « Nous avons fait un plan d’amortissement sur quinze ans et il serait bien que l’État cesse de modifier sans cesse les règles. Lorsqu’on se lance dans un tel projet, on a besoin de visibilité et de temps… Nous avons fait le choix d’une méthanisation autonome avec 100 % de cultures intermédiaires à vocation énergétique (Cive). On met en place des cultures de vente : sarrasin, luzerne, tournesol en dérobée, avec des cycles qui permettent de diminuer la présence de ravageurs ».

« Version énergétique du circuit court »

Pour Bruno Béthenod, président de l’association des maires ruraux de Côte-d’Or, une production locale de gaz doit générer de la croissance sur les territoires concernés : « c’est la version énergétique du circuit court. Je souhaite aussi qu’on développe l’idée du gaz porté : en s’appuyant sur de la petite méthanisation, ont pourrait mettre en place un système de ramassage du gaz pour l’amener sur des points de distribution et d’injection ». Justement, le Siceco réfléchit à une formule de ce type, comme le rappelle son directeur, Jean-Michel Jeannin : « nous menons des études de faisabilité pour les méthaniseurs et nous voulons nous inspirer d’une expérience de collecte de biogaz menée en Ardèche ». Collectera-t-on bientôt le biogaz comme on le fait avec le lait ? En BFC, GRDF s’affirme en tout cas prêt à accompagner un mouvement général qui semble s’accélérer dans ce domaine.