Détections des maladies
De multiples outils à combiner

Régis Gaillard
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Dans le cadre de la matinée technique du BIVB organisée le 24 novembre dernier, ont été présentés différents outils disponibles afin d’effectuer une détection des maladies de la vigne.

De multiples outils à combiner
De nombreux outils sont à disposition de la profession vitivinicole.

Chercheur à l’UMR Agroécologie de Dijon, Frédéric Cointault (AgroSup Dijon) a présenté les outils disponibles dans la détection des maladies de la vigne. Certains de ces outils peuvent aussi aider au phénotypage (aérien et racinaire) pour mesurer hauteur, volume, surface foliaire, système racinaire…, au développement de la pulvérisation de précision (avec optimisation des apports et une meilleure compréhension du comportement des produits sur les cibles) et à la détection de pathologies (avec développement d’outils à façon, acquisition et traitement des images, multispectral…). « Les intérêts sont de prévenir des infestations graves, de prévenir les pertes de rendement ou de qualité, de réfléchir sur la nécessité d’un traitement ou non avec des mesures à prendre en fonction des années et de limiter éventuellement l’utilisation des produits de lutte ». Concernant les moyens de détection de problèmes dans la vigne, ils sont multiples. Il y a, en premier lieu, le passage à pieds. Avec, comme outils, la loupe de poche, les matériels de notation et le smartphone. Cela permet de détecter les maladies cryptogamiques, l’action des ravageurs, les maladies du bois et les accidents climatiques, mais cela reste fastidieux.

Diagnostics chimiques

Autre moyen de détection, les diagnostics chimiques. La vigne peut héberger près de 60 virus ou maladies de type viral dont les plus connus et les plus graves sont le court-noué et le complexe de l’enroulement. Les symptômes associés à ces viroses sont souvent confondus avec des carences ou autres affections. Le test Elisa (Enzyme-Linked Immuno Assay) réalisé en laboratoire est un test immuno-enzymatique basé sur la réaction anticorps (serum) – antigène (virus). Il permet de détecter spécifiquement un virus dans des échantillons de feuilles, bois ou racines. L’autre test chimique communément utilisé est le test PCR (Polymerase Chain Reaction), bien connu aujourd’hui avec les tests Covid ou par les éleveurs ovins et bovins pour la FCO notamment. Les symptômes recherchés à la vigne en amont sont les décolorations sectorielles du limbe (rougissement chez les cépages rouges ou jaunissement chez les cépages blancs), l’enroulement des feuilles vers la face inférieure qui deviennent « craquantes » et le mauvais aoûtement des rameaux conférant un port « pleureur » aux souches. Les prélèvements se font ensuite. Cette technique permet d’amplifier un fragment d’ADN cible dans un échantillon donné. Par cette technique, il est possible de dépister les phytoplasmes du groupe V (flavescence dorée) et du groupe XII (bois noir).

De nombreuses limites aux drones

D’autres moyens de détection sont disponibles, à l’image des capteurs optiques et/ou d’images, utilisés à différentes échelles : télédétection (satellite, avion et drone), proxy-détection (systèmes embarqués) et smartphone. Pour ce dernier, on citera, par exemple, l’application d’aide au diagnostic Di@gnoPlant Vigne. Cet outil permet le diagnostic visuel d’une cinquantaine de maladies et de ravageurs retrouvés couramment ou plus rarement au vignoble.

Côté avion ou drone, les meilleurs résultats obtenus sont le fruit de méthodes supervisées de classification appliquées sur des images multispectrales ou hyperspectrales. Toutefois, il y a un certain nombre de limites dans l’utilisation des drones. En premier lieu, les difficultés liées à la réglementation concernant le vol de drones. Mais aussi le capteur embarqué sous un drone qui ne perçoit qu’environ 30 % du feuillage induisant une quasi impossibilité de visualiser les autres symptômes provoqués par les jaunisses (dessèchement des grappes et absence d’aoûtement des rameaux) si le vol est vertical. À ceci s’ajoutent des limites techniques : la difficulté de mise au point des traitements d’images, la grande diversité des colorations (quel que soit le cépage) et la nécessité de disposer, pour un même cépage, de plusieurs centaines d’images de ceps différents présentant des symptômes pour l’utilisation des techniques de Deep Learning (apprentissage informatisé automatisé). Sans oublier les limites économiques car le coût reste élevé alors que les systèmes du marché sont à perfectionner. Il y a, en effet, un manque de fiabilité, un taux de détection des souches symptomatiques insuffisant et un procédé actuellement difficilement utilisable pour les prospections officielles. Frédéric Cointault estime que « le capteur embarqué sur drone n’est pas la solution optimale. Le capteur embarqué sur matériel (tracteur, enjambeur, pulvérisateur, machine à vendanger …) doit encore être évalué quant à son efficacité sur la problématique de détection de symptômes ». Dès lors, pour détecter tout ou partie des maladies en même temps, il convient de coupler plusieurs systèmes d’acquisition. « Il y a donc encore du travail sur la détection précoce de maladies, notamment sur les cépages blancs ».