Gaec Tissier frères à Marizy
Sérénité retrouvée à travers l’alimentation

Marc Labille
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Il y a douze ans, Dominique et Florent Tissier ont fait appel à un vétérinaire nutritionniste à la suite de divers problèmes au sein de leur troupeau charolais. Depuis, ils ont complètement revu leur façon d’alimenter leurs animaux, en utilisant mieux les ressources fourragères de leur exploitation.

Sérénité retrouvée à travers l’alimentation
Dans leur nouvelle approche de l’alimentation, Dominique et Florent Tissier font en sorte de couvrir précisément les besoins de leurs animaux en soignant notamment la préparation au vêlage.

Avec un troupeau de 165 vaches charolaises à Marizy, Dominique et Florent Tissier produisent des broutards d’automne et des femelles dont une partie est engraissée.

Comportant trois sites avec des terrains de potentiels différents, l’exploitation cherche constamment à améliorer son autonomie fourragère et les deux associés font en sorte de « faire manger leur herbe » en optimisant le pâturage. Ils pratiquent d’ailleurs le pâturage tournant depuis plusieurs années. « Au printemps, nous lâchons beaucoup de jeunes bêtes de bonne heure de sorte à ne pas être dépassés par la pousse », fait valoir Dominique. Cette conduite exigeante du pâturage permet au Gaec d’engraisser ses génisses à l’herbe avec très peu de concentrés.

Fourrages de qualité

L’ensilage d’herbe est la base de l’alimentation du cheptel. Chaque année, entre 25 et 30 hectares sont fauchés pour l’ensilage. Le fourrage récolté affiche douze points de protéine et 0,9 UF, confie Dominique qui confirme que le Gaec recherche la qualité. Les regains de deuxième voire de troisième coupe et les surplus d’herbe produits par le pâturage tournant sont récoltés en enrubannage. Issus de prairies temporaires récentes riches en trèfles, ces fourrages atteignent des taux de matière azotée élevés, permettant aux frères Tissier de remplacer en partie le tourteau, font-ils valoir. Le Gaec récolte aussi 80 hectares de foin et il cultive une quinzaine d’hectares d’épeautre et de méteil. Des cultures qui permettent de renouveler des prairies temporaires à forte production azotée : mélange de trèfle et de ray-grass pour une durée de trois ou quatre ans, détaille Dominique.

Autonomie en volume

« On n’est pas des céréaliers ! Ce qui nous guide, c’est ce qu’on donne à nos vaches », explique l’éleveur. Les deux frères visent avant tout « l’autonomie en volume. Il nous faut 450 à 500 tonnes de matière sèche pour l’hiver », explique Dominique. Avec les céréales autoproduites, l’exploitation n’achète que de la paille et des tourteaux. Une mélangeuse a été acquise pour mieux valoriser « ce que nous produisons sur notre exploitation », justifie l’éleveur. Économes, les deux associés ont opté pour un modèle reconditionné d’une capacité raisonnable de 14 mètres cubes. Avec cette machine, ils préparent quatre bols chaque matin pour nourrir le troupeau. La mélangeuse permet même de confectionner l’aliment sec des broutards, avec de l’épeautre et du complémentaire.

Partir des besoins des animaux

L’exploitation a connu un virage en 2010 lorsque Dominique et Florent ont fait intervenir un vétérinaire nutritionniste. Les deux associés étaient alors confrontés à des problèmes récurrents sur leur troupeau : vaches vides, infections, problèmes d’immunité, leptospirose… Avec l’expert Pierre-Emmanuel Radigue, les deux frères ont repris en main toute la conduite alimentaire de leur troupeau en partant des besoins théoriques des animaux. Objectif : donner aux vaches ce dont elles ont besoin. Chaque automne, les associés font élaborer les rations hivernales par leurs vétérinaires. Tous les fourrages sont analysés au préalable. « Nous faisons jusqu’à dix analyses par an », confie Dominique. Ce travail a mis en évidence l’importance de la préparation au vêlage, confient les deux associés qui constatent aujourd’hui que la démarche porte ses fruits. Les pertes et les frais vétérinaires ont beaucoup diminué depuis dix ans. « Les génisses se sont mises à vêler toutes seules ! », font valoir les deux frères qui ajoutent que désormais, ils sevrent davantage de bêtes et vendent davantage d’animaux. « Nous avons repris confiance et retrouvé une sérénité », concluent Dominique et Florent.

Broutards en circuit court !

Au Gaec Tissier frères, les génisses et des jeunes vaches sont finies à l’herbe et commercialisées en label rouge auprès d’un chevillard de Roanne. Quant aux broutards, ils ne partent pas en Italie. En effet, le Gaec a pour habitude de vendre ses jeunes mâles à un engraisseur de la région de Verdun-sur-le-Doubs. Une opportunité que la famille Tissier a dégotée dans les années 1990 en allant presser la paille dans la plaine de Saône. Depuis, le Gaec continue de fournir ses broutards sans intermédiaire. « Les animaux sont moins abîmés que s’ils étaient destinés au marché italien. Nous réalisons des lots très homogènes et nous les livrons directement chez l’engraisseur avec notre grande bétaillère. Il nous fait remonter les poids de carcasse », confie Dominique qui, avec son frère, apprécie beaucoup cette forme de circuit court tant pour les broutards que pour les femelles vendues au chevillard.