Désherbage des vignes en Beaujolais
Le désherbage des vignes s’adapte à la réduction des intrants

Le 22 mars dernier, la chambre d’agriculture du Rhône a donné rendez-vous aux professionnels de la vigne à Pizay. Lors de cette journée technique, plusieurs méthodes de désherbage sans utilisation de produits phytosanitaires ont été présentées.

Le désherbage des vignes s’adapte à la réduction des intrants
Jo, le chenillard autonome développé par Naïo, travaille le sol en vignes étroites et pentues.

Les organisateurs n’auraient pu rêver mieux. C’est sous un soleil radieux et des températures printanières plus que favorables, que s’est tenue la journée technique dédiée au désherbage, le 22 mars dernier. L’axe présenté ? La modernisation du vignoble et les alternatives aux produits phytosanitaires.

« En amont de la présentation, un sondage des participants disait que le désherbage allait demander de plus en plus de temps. Les questionnements viennent du temps consacré au désherbage et comment gérer la superficie », explique Damien Gayet, chargé de mission agroéquipement et numérique pour la structure Cuma Auvergne-Rhône-Alpes.

De nombreux professionnels de la vigne ont fait le déplacement sur des parcelles appartenant au lycée agricole Bel Air. Des enjambeurs aux robots viticoles, en passant par différents modèles d’interceps et la traction animale, plusieurs ateliers de démonstration leur ont été proposés.

Le robot Ted et son nouveau comparse Jo

Ted, le robot phare à l’essai dans les vignes de la Sicarex Beaujolais, est bien déjà bien connu. Équipé d’un système de GPS, d’une caméra et d’un laser, ce robot a été choisi par l’Institut français de la vigne et du vin pour des tests dans le cadre du plan Écophyto. Son objectif ? Une réduction de l’utilisation des produits phytosanitaires de l’ordre de 50 % à l’horizon 2025. Sa présence à cette journée de démonstration paraissait donc essentielle. Ce robot, coqueluche de son développeur Naïo Technologies, peut atteindre une vitesse maximale de 4,5 km/h. Mais sa grande taille et son poids ne lui permettent pas de passer dans une parcelle de vignes dont la pente est supérieure à 10 %.

Son petit frère, Jo, rencontre la même problématique. À la différence près que ce premier modèle de chenillard autonome a été conçu pour les vignes étroites. Jo avance à une vitesse d’un peu plus d’1 km/h dans une pente de 5 à 9 %.

Ces deux modèles présentent le même intérêt : le gain de temps. « Comme les vignobles font face à un manque de main-d’œuvre, les robots peuvent devenir une alternative intéressante », affirme Damien Gayet. Mais dépendant de la directive européenne machines, la législation actuelle ne leur permet pas encore de fonctionner en totale autonomie :  un opérateur doit se trouver à une distance de 250 m maximum et ces robots ne peuvent se déplacer sur la route.

Les interceps toujours en vogue

Clemens, Boisselet, Belhomme… Un large espace leur était dédié. Plusieurs marques d’outils interceps étaient en démonstration : lames, décavaillonneuse, disques et disques émotteurs. Leurs limites ? Le temps de travail nécessaire sur l’année. Une problématique encore plus prononcée dans le Beaujolais, puisqu’une partie des vignes est en coteaux avec d’importants dénivelés. « Bien souvent, le nombre de pieds sur le rang et l’écartement ne sont pas les mêmes d’une vigne à l’autre. Et cela pose également la question de la gestion de l’érosion des sols en coteaux, souligne Damien Gayet. Mais cela répond à la gestion de l’herbe sur le rang sans passer par l’usage de produits phytosanitaires ».

Puis de rappeler que ces outils demandent beaucoup d’attention, surtout pour des vignes qui n’ont jamais été mécanisées. « Le système racinaire ne sera pas forcément prêt, mieux vaut être doux et méticuleux ».

Un public intrigué par la traction animale
Le viticulteur Alain Gauthier a présenté la traction animale, une méthode de désherbage qui concerne environ 100 ha de vignes dans le Beaujolais. En moyenne, cette prestation est facturée 65 à 80 € HT de l’heure.

Un public intrigué par la traction animale

À quelques mètres de la démonstration d’un enjambeur, une bête poilue pesant près de 900 kilos détonnait dans le paysage. Les curieux se sont amassés autour de la jument de trait et de son meneur. Après quelques passages dans la vigne, un autre prestataire de services confie que les conditions du sol ne sont pas des plus optimales. « Si la vigne est trop sèche, les outils ont plus de mal à rentrer dans le sol ».

Pourtant, le désherbage par traction animale connaît un certain regain d’attention au sein du vignoble. « La jument ne crée pas de tassements dans les sols et on peut y attacher une décavaillonneuse, détaille le viticulteur Alain Gauthier, animateur de l’atelier. Je l’utilise sur 4 ha de vignes, le terrain est plus souple et comme on aère les sols, on retrouve plus de biomasses et de biodiversités, car on peut aller jusqu’à 15 ou 20 cms ».

Lorsque les sols sont assez souples, le viticulteur estime qu’il faut compter 8 à 10 heures de travail par hectare. Une méthode visiblement adaptée à la limitation des intrants et aux petites surfaces. Mais qui comportent aussi ses limites : un cheval et son meneur travaillent en moyenne 8 heures par jour et requièrent un sol ni trop sec, ni trop enherbé, pour être le plus élastique possible.

Tarifs indicatifs des méthodes

Coût d’achat d’un robot Ted : 175.000 € avec remorques de déplacement et sans outils. Électricité 1€/h, entretien 2€/h, abonnement 2.000€/an.

Coût d’achat d’un enjambeur électrique : 130.000 € avec 4 roues motrices et sans outils. Électricité 1€/h, entretien 2€/h.

Coût d’achat d’un enjambeur thermique : 120.000 € avec 4 roues motrices et la cabine. Consommation 8l/h, entretien 3€/h.