Les brèves du 19 avril 2023

Mis en ligne par Cédric Michelin
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Voici les brèves du 19 avril 2023

Les brèves du 19 avril 2023

Céréales ukrainiennes : accord entre la Pologne et l’Ukraine pour la reprise du transit

À l’issue de plusieurs jours de négociations, la Pologne et l’Ukraine ont conclu le 18 avril un accord sur la reprise du transit des céréales ukrainiennes, suspendu depuis le 15 avril. Date à laquelle Varsovie avait décidé unilatéralement, sans consulter la Commission européenne ni Kiev, d’interdire jusqu’au 30 juin toute importation de produits agricoles ukrainiens bon marché accusés de tirer les prix vers le bas afin de protéger ses agriculteurs. « On a réussi à mettre en place des mécanismes faisant que pas une seule tonne de blé ne restera en Pologne », a déclaré le ministre polonais de l’Agriculture, Robert Telus. Avant de préciser que « la surveillance des céréales ukrainiennes se fera notamment par un système GPS ». Solidaire avec les difficultés rencontrées par la Pologne, la ministre ukrainienne du Développement économique, IIoulia Svyrydenko a indiqué qu’il était important « de réagir rapidement et de manière constructive à cette situation de crise ». Le transit des céréales ukrainiennes devrait donc pouvoir reprendre dans les prochains jours, selon les deux parties. Cet accord permettra ainsi de continuer l’export des céréales ukrainiennes à destination des pays tiers (Afrique, Moyen-Orient) où l’insécurité alimentaire ne fait que s’aggraver dans un contexte d’envolée des prix des denrées alimentaires de base. En revanche, la Slovaquie et la Hongrie qui avaient emboîté le pas de Varsovie en prenant une mesure similaire, avaient toujours en revanche maintenu le transit des céréales ukrainiennes via les « Voies de solidarité ».

 

Importations ukrainiennes : le Conseil reporte son vote sur les droits de douane

Suite à l’interdiction prise par la Pologne, la Hongrie et la Slovaquie d’interdire les importations de produits agricoles ukrainiens bon marché accusés de créer des distorsions de concurrence, la Commission a demandé au Conseil de l’UE de reporter son vote prévu le 18 avril, visant à renouveler la suspension des droits de douane sur les produits ukrainiens importés dans l’UE. Bruxelles a expliqué qu’elle avait besoin de temps pour analyser la situation et trouver une solution pérenne qui puisse soutenir les pays de l’UE situés en première ligne (Pologne, Roumanie, Bulgarie, Slovaquie, Hongrie et la République tchèque). Bruxelles prévoit, après les 56,3 M€ déjà débloqués, de leur allouer une nouvelle tranche de la réserve agricole d’un montant supérieur. Elle pourrait mettre sur la table une proposition d’ici la prochaine réunion des Ambassadeurs de l’UE fixée le 26 avril, selon une source de la présidence suédoise du Conseil de l’UE, contactée par Agra Europe. En attendant, Ces six pays doivent présenter une note lors du prochain Conseil Agriculture prévu le 25 avril demandant de s’opposer au renouvellement de la suspension des droits sur les importations ukrainiennes. La présidence suédoise a indiqué que « cela ne sera pas suffisant pour bloquer le vote », soulignant que « le plus important était que l’UE exprime d’une seule voix sa solidarité envers l’Ukraine en facilitant leurs exportations via les Voies de solidarité ».

 

Engrais et climat : le Parlement européen valide la taxe carbone

Le Parlement européen a adopté le 18 avril cinq des textes du plan climat de l’UE, dont la réforme du marché carbone et le mécanisme d’ajustement aux frontières de l’UE. Des accords sur ces différents règlements avaient été trouvés fin 2022 entre les institutions européennes. Le mécanisme d’ajustement carbone, aussi appelé taxe carbone, s’appliquera au fer et à l’acier, à l’aluminium, au ciment, à l’électricité, à l’hydrogène et aux engrais. Une période test commencera en octobre 2023, durant laquelle les entreprises importatrices devront seulement collecter des données. Puis, le dispositif montera en puissance entre 2026 et 2034 – au fur et à mesure que les quotas d’émission gratuits alloués aux industriels européens seront supprimés. Les importateurs devront alors déclarer les émissions liées au processus de production, et si celles-ci dépassent le standard européen, acquérir un certificat d’émission au prix du carbone dans l’UE. Les revenus attendus, qui pourraient dépasser 14 milliards d’euros annuels, alimenteront le budget général de l’UE.

 

Contrôles environnementaux : le Conseil constitutionnel confirme le droit de visite

Saisi par la Cour de cassation à la suite d’un pourvoi formé auprès de la cour d’appel de Poitiers, le Conseil constitutionnel confirme l’existence, dans des locaux professionnels ou privés, d'« un droit de visite aux fonctionnaires et agents chargés des contrôles administratifs prévus par le code de l’environnement ». Dans le cas de la visite d’un local ou de moyens de transport professionnels, les agents doivent cependant « informer le procureur de la République, qui peut s’y opposer, et ne peuvent pénétrer dans ces lieux qu’à certains horaires ». Les visites de domiciles ou de locaux d’habitation sont également autorisées, « avec l’assentiment de l’occupant ou à défaut en présence d’un officier de police judiciaire ». Lors de ces visites, les agents « peuvent demander la communication, prendre copie ou procéder à la saisie de documents de toute nature, quel que soit leur support », dans la mesure où ces documents concernent l’objet de leur visite. Ces agents publics habilités ou ces inspecteurs peuvent enfin procéder à des saisies « sur l’objet ou le produit direct ou indirect de l’infraction, sur les armes et munitions, objets, instruments et engins ayant servi à commettre l’infraction ».

 

Conf': les attaques de la FNSEA sont « un aveu de notre pertinence » (N.Girod)

Les attaques de Christiane Lambert contre la Confédération paysanne lors du congrès de la FNSEA « sont un aveu que nos interpellations sont pertinentes, et que nous avons réussi à donner de l’importance aux sujets du climat et de l’eau », réagit Nicolas Girod, interrogé par Agra presse, à quelques semaines de la fin de son mandat. Dans son discours de clôture, l’ex-présidente de la FNSEA avait invité le ministre de l’Agriculture à ne pas considérer les antennes de la Conf' « comme des syndicats représentatifs ». « Cessez de laisser croire […] que la violence peut l’emporter », avait tancé l’éleveuse porcine à la tribune. « Ces accusations sont grossières venant d’un syndicat qui a usé longtemps de méthodes de manifestations violentes, entre incendies et dégradations de bâtiments publics, grâce auxquelles il a obtenu sa cogestion », réplique Nicolas Girod. Alors que la FDSEA du 56 a demandé fin mars au préfet d’exclure la Confédération paysanne départementale de toutes les instances, le porte-parole national du syndicat souligne que cet appel comme celui de Christiane Lambert « n’ont pas eu de suite ». « Nous n’avons reçu aucun signal officiel ou officieux indiquant que nous pourrions voir nos subventions supprimées ou être exclus de discussions », souligne Nicolas Girod.

 

Agrivoltaïsme et élevage : la FFPA se retire d’un projet de label jugé « restrictif »

La FFPA (producteurs agrivoltaïques) se retire du projet Afnor de label « agrivoltaïsme d’élevage », annonce-t-elle dans un courrier le 11 avril aux ministres de l’Agriculture et de la Transition énergétique. En cause, « de nombreuses défaillances dans la méthodologie employée », selon elle. Les seuils et critères proposés évoluent « sans indication sur l’organisation ou le participant qui formule la proposition ». La FFPA critique aussi une démarche « restrictive », privilégiant certaines installations solaires, selon le délégué général Quentin Hans. « Ce projet de label avantage uniquement les projets agrivoltaïques de petite taille utilisant la technologie des ombrières, conformément au modèle défendu par le client de l’Afnor », écrit-elle, en visant l’association France Agrivoltaïsme. Enfin, un problème de calendrier est soulevé. L’Afnor compte finaliser le projet « avant la publication des décrets d’application issus de la loi d’accélération de production d’énergies renouvelables, rendant ce label potentiellement déjà obsolète », d’après le courrier. De son côté, la FFPA prévoit d’attendre le second semestre pour lancer une labellisation qui « corresponde à la réalité des exploitations et à la diversité des technologies ».

 

Influenza : le Cifog propose une vaccination temporaire pour préserver l’export

« Nous défendons une vaccination [contre l’influenza aviaire] limitée à une période de l’année afin de maintenir une fenêtre ouverte pour l’export », qui absorbe 15 % de la production française de foie gras, a indiqué Marie Laborde, ingénieure au Cifog (interprofession), lors d’une conférence de presse le 18 avril. Le ministère de l’Agriculture a récemment lancé la concertation autour de la stratégie vaccinale, en vue d’aboutir « d’ici l’été ». Alors que la Rue de Varenne prévoit de démarrer la vaccination au 1er octobre, le Cifog propose de protéger les animaux jusqu’au 1er avril. « On ne vaccinera que si on garde la capacité à exporter », a affirmé Marie Laborde, devant la réticence de certains pays étrangers à accepter les animaux vaccinés ou les produits qui en sont issus. En particulier, le Cifog appelle le gouvernement à ouvrir des négociations bilatérales avec le Japon, son premier débouché parmi les pays tiers. Concernant le volet économique, le président du Cifog Éric Dumas demande que, « en cette année charnière, l’État prenne en charge l’ensemble des coûts de la vaccination ». D’après l’interprofession, la vaccination et l’ensemble des coûts associés pourraient représenter entre un et six euros par animal (selon la taille des lots).

 

Drosophila Suzukii : la technique de l’insecte stérile testée chez des producteurs

Le CTIFL va expérimenter à la fin du mois, pour la première fois chez des producteurs de fruits, la technique de l’insecte stérile (TIS) contre la mouche des fruits Drosophila suzukii. « La première expérimentation dans des conditions opérationnelles aura lieu fin avril, chez à peu près quatre producteurs de fraises dans le Gard », a indiqué l’ingénieur au Ctifl Ghais Zriki dans une interview à Agra Presse. L’expérimentation se déroulera dans le cadre du projet SuzuKissMe porté par l’Inrae. Le CTIFL fera des lâchers de mouches mâles stériles dans les tunnels de fraisiers afin d’interrompre le cycle de reproduction et enrayer la croissance de la population fertile sauvage de l’insecte. Lors d’un essai « semi-terrain en petits tunnels expérimentaux » en 2022, le Ctifl avait obtenu des résultats encourageants. « Après cinq semaines de lâchers, nous avions moins de 10 % de fruits infestés contre 50 % dans les tunnels témoins (sans introduction de mâles stériles) », a indiqué Ghais Zriki. « En 2024, nous espérons pouvoir réaliser des essais TIS terrain contre D. suzukii sur les cultures de cerisier et de framboisiers », a-t-il précisé.

 

Pommes : Blue Whale dévoile un projet de recherche à 12 M€ pour baisser les phytos

Le groupement de producteurs de pommes Blue Whale lance un projet destiné à identifier de nouveaux parcours culturaux plus productifs et moins utilisateurs de produits phytosanitaires. Évalué à 12 M€, le projet, lauréat du plan France Relance bénéficie d’un soutien de 8,2 M€. Il implique cinq partenaires aux côtés de Blue Whale : deux start-up haut-garonnaises -Asclepios Tech et Micropep Technologies – ainsi que le constructeur de calibreuses montalbanais Maf Roda, l’école d’ingénieurs toulousaine de Purpan et l’Inrae. Le projet – qui doit notamment conduire à une baisse de 50 % de l’utilisation de produits phytosanitaires en verger et supprimer leur usage en station fruitière – prévoit de tester différentes innovations technologiques telles que la photobiologie (traitement par la lumière), les micropeptides ou encore l’ozone. « Nous devrons ensuite trouver les meilleures combinaisons associant les différentes solutions », explique Séverine Maldès, responsable du service qualité chez Blue Whale, en charge du projet. Selon elle, le projet devrait générer 74 M€ de CA cumulé supplémentaire en 5 ans pour tous les partenaires et conduire à la création de 45 emplois. Implanté à Montauban (Tarn-et-Garonne), le groupe Blue Whale (CA : 297 M€) rassemble 260 agriculteurs. Il commercialise environ 270 000 tonnes de fruits dont les deux tiers à l’export. (Bérengère Bosi)

 

Betteraves : Cristal Union et Lesaffre Frères réinternalisent la vente de leurs co-produits

Dans un communiqué de presse du 23 mars, l’entreprise Cristalco, filiale des sucriers Cristal Union et Lesaffre Frères, a annoncé réinternaliser la commercialisation de co-produits issus des sucreries et de distilleries destinés à l’alimentation animale et à l’industrie de la fermentation. Pour ce faire, elle a créé un nouveau pôle d’activité baptisé « Feed », dont la direction est assurée par Ludovic Brasset, ancien directeur du pôle sucre BtoB de Cristalco, depuis le début du mois d’avril. Auparavant, cette commercialisation avait été déléguée au spécialiste des produits déshydratés Désialis. Pour la campagne 2023-2024, Cristalco prévoit de commercialiser environ 500 000 t de pulpes de betteraves, de drêches et de mélasse produites par le groupe Cristal Union, dont ses filiales Prodéva et Sidésup. Les premières livraisons, en France et en Europe, se feront en octobre 2023. Parallèlement, le groupe Cristal Union « continuera d’allouer une partie de ses volumes de pulpes de betteraves à ses adhérents coopérateurs, et à développer sa stratégie de décarbonation et de production sur ses sites d’énergie à partir de ses co-produits », précise le communiqué.

 

Pommes de terre : l’UNPT vent debout contre l’interdiction de deux herbicides

Dans un courrier destiné au ministre de l’Agriculture Marc Fesneau et transmis à Agra presse le 17 avril, l’UNPT (producteurs de pommes de terre, FNSEA) évoque les « potentielles impasses économiques » qu’il existerait en matière de désherbage chimique pour les pommes de terre en cas de retrait, au niveau national et européen, de deux substances : la métribuzine – en phase de réévaluation à l’échelle européenne en 2023 –, et le prosulfocarbe qui fait l’objet de deux actions, européenne et française. Toutes deux posent question concernant leurs possibles effets notamment sur l’environnement. Aujourd’hui, près de 75 % des surfaces de pommes de terre françaises sont concernées par l’utilisation de ces deux principales molécules de désherbage, rapporte le courrier de l’UNPT. Selon Guillaume Lidon, directeur de l’UNPT, « la menace réelle » de leur retrait « fait peser de grosses inquiétudes sur la capacité à garder en France une production compétitive ». Aussi, l’UNPT demande que le gouvernement « prenne rapidement position […] contre le retrait de la métribuzine et du prosulfocarbe, dans l’attente de solutions alternatives, agronomiquement et économiquement viables ». Et d’ajouter qu’il « convient de ne pas sacrifier des filières agricoles par le retrait systématique d’outils de production, sans alternatives agronomiques et économiques au moins équivalentes ».

 

Porc : la FNP alerte sur une hausse des importations depuis le début de l’année

Les importations de viande de porc depuis l’Espagne, l’Allemagne et le Danemark ont augmenté de 7 % en un an sur les mois de janvier et février, alerte la FNP (producteurs de porcs, FNSEA) dans un communiqué le 13 avril. Durant ces deux mois, ces trois fournisseurs historiques ont envoyé plus de 29 000 t de viande en France (contre 27 000 t en 2022), selon des chiffres de FranceAgriMer cités par le syndicat. Principale explication, selon la FNP : la politique gouvernementale contre la hausse des prix (trimestre anti-inflation), qui soutient une demande tournée vers les prix bas. Pour satisfaire cette demande, « certains salaisonniers – dont beaucoup sont dans une situation extrêmement tendue – se tournent vers l’import à des prix défiant toute concurrence », constate le directeur de la FNP Éric Thébault auprès d’Agra Presse. Un mouvement appelé selon lui à se poursuivre. Dans un contexte de recul de la production en Europe, les prix à la production caracolent à un niveau record en France, au-delà de 2,52 €/kg payés en moyenne aux éleveurs, selon le Marché du porc breton. L’Espagne connaît un niveau de prix comparable, tandis que l’Allemagne (2,40 €/kg) et surtout le Danemark (un peu plus de 2 €/kg) se situent bien en dessous.

 

Tomate : Légumes de France alerte sur « les marges abusives » de la GMS

Les producteurs de tomate de Légumes de France (producteurs de légumes, FNSEA) dénoncent « des marges abusives » chez « certaines enseignes de la grande distribution », dans un communiqué le 18 avril. Prenant en exemple la tomate grappe bretonne en s’appuyant sur les cotations RNM de FranceAgriMer, le syndicat légumier dénonce un taux de marge record « de 84 % » en semaine 13 (fin mars) « contre 28 % sur la moyenne de trois ans ». Même constat en semaine 15 (mi-avril) avec un taux de marge « de 73 % contre 55 % en moyenne sur trois ans ». Le syndicat légumier n’y va pas de main morte, qualifiant la grande distribution de « pompier pyromane » dans un contexte économique compliqué (hausse de coûts de l’énergie et des intrants), ce qui provoque « une mise en danger de la santé financière des producteurs ». Il appelle les enseignes à appliquer des marges « raisonnables » pour permettre d’écouler « correctement » la production française à « un prix juste » pour le consommateur final.

 

Fruits et légumes : la 4e gamme « résiste » à la baisse du pouvoir d’achat (SVFPE)

Les fruits et légumes 4e gamme « résistent » dans le panier des Français malgré la baisse du pouvoir d’achat en 2022, annonce le Syndicat des fabricants de produits végétaux frais prêts à l’emploi (SVFPE) dans un communiqué du 17 avril. Le segment des salades en sachet, principale production du SVFPE, « a réussi à gagner 279 000 ménages acheteurs supplémentaires en grande distribution ». Les achats sont en léger repli (-1 %) en valeur. Ils baissent de 3 % en volume, ce qui est mieux que le recul des produits frais traditionnels (-5,6 % en volumes), souligne le syndicat en se référant à des données Kantar. La fraîche découpe tire son épingle du jeu avec une croissance de 12 % en valeur et en volume. Les autres végétaux prêts à l’emploi affichent tous une baisse des volumes achetés mais une progression en valeur : -4 % en volume pour les herbes (+2 % en valeur), -0,4 % pour les crudités (+4 % en valeur), -5 % pour les autres légumes (+2 % en valeur).