Mercosur
L’export, la clé de voute des filières bovins viande et lait

Dans les pays du Mercosur, les crises économiques affectent les pouvoir d’achat des consommateurs. Les pays exportent la viande et les produits laitiers qu’ils ne peuvent plus acheter.

 

La production de viande bovine (13 millions de tonnes équivalent carcasse –Mtéc) des quatre pays du Mercosur (Brésil, Argentine, Paraguay, Uruguay) pourrait se redresser en 2021 après deux années de recul en 2020 (-2 %) et 2019. Mais l’épidémie de la Covid est survenue alors que l’Argentine et le Brésil étaient déjà en crise. Et ces pays ne sont pas prêts de s’en sortir. Faute de pouvoir d’achat, les consommateurs renonceront cette année encore à acheter autant de produits laitiers et de viande bovine qui le souhaiteraient. Aussi, les exportations de viande bovine et de produits laitiers se suppléeront, comme par le passé, aux débouchés intérieurs en déroute.

Selon l’Institut de l’élevage, les pays du Mercosur ont exporté quatre millions de tonnes équivalent carcasse (Mtéc) de viande bovine l’an passé, soit 40 % des échanges mondiaux. Depuis 2016, ces pays ont exporté 2,5 Mtéc de viande en plus. Les produits qui ne sont plus consommés sont exportés. L’Argentine exporte dorénavant 27 % de sa production de viande bovine contre 7 % il y a cinq ans. Mais le gouvernement a pris des mesures pour limiter les exportations de viande afin de privilégier l’approvisionnement du marché intérieur et lutter contre l’inflation. Au Brésil, la production de viande bovine est dénoncée car elle repose en partie sur l’expansion de terres arables aux dépens de la forêt tropicale.

Chino-dépendant

Par ailleurs, les pays du Mercosur sont de moins en moins compétitifs. Les dévaluations continues de leurs monnaies ne compensent plus l’augmentation des coûts de production. Les prix de la viande bovine ne cessent de progresser depuis le début de l’année. Le seuil de 3 €/kg équivalent carcasse a été franchi en Uruguay.

Les principaux pays ayant pour clients des pays (Russie, Moyen Orient), déjà en difficulté avant que la crise de la Covid ne survienne, ont restreint leurs achats. Quant à l’Union européenne, elle s’est recentrée sur son marché intérieur. En fait, le Mercosur est devenu chino-dépendant. L’an passé, plus de 55 % des viandes expédiées d’Amérique du sud étaient destinées à la Chine qui a, elle, les moyens financiers d’acheter de la viande chère.

Mais sur le marché du vif, seules 460.000 têtes de bétail ont été expédiées l’an passé, soit 740.000 têtes en moins en trois ans. La Turquie n’a plus les moyens d’acheter des animaux pour approvisionner son marché intérieur.

Le lait plus compétitif

Pour le lait, le contexte est différent. La reprise de l’économie mondiale « stimule la demande et par là même les prix », défend l’Idele. Les dévaluations des monnaies brésilienne et argentine sont un atout car les produits exportés sont plus compétitifs.

Cependant la fin des programmes d’aide alimentaire pourrait réduire la consommation de produits laitiers. Aussi, la planche de salut des producteurs laitiers est là encore l’export. Toutefois, les coûts des aliments importés, utilisés pour nourrir les animaux, pourraient réduire les marges des producteurs si les prix de vente du lait plafonnent.

En 2020, l’ensemble des pays d’Amérique du sud a produit 65 Mt, soit 12 % de la production mondiale de lait. Et ils ont exporté 616 000 t de produits laitiers. Le Brésil est le premier pays producteur (36 Mt ; +2 %) suivi par l’Argentine (11,3 Mt ; + 7 % sur un an).

Dans ces deux pays, la croissance de la production laitière repose sur les importants gains de productivité réalisés ces dernières années. En Argentine, les effectifs de vaches laitières ont baissé de 2 % sur un an mais la production a augmenté de 7 % par vache (6 000 kg/an). Au Brésil, les effectifs ont fondu de 30 % depuis 2014 alors que la production de lait n’a cessé de croître.