Les brèves du 19 juin 2023

Mis en ligne par Cédric Michelin
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Voici les brèves du 19 juin 2023

Les brèves du 19 juin 2023

NBT : les propositions de Bruxelles, des exemptions à la directive OGM

Selon un projet du règlement sur les nouvelles techniques de sélection génomiques (NBT), rendu public par l’eurodéputé vert Benoît Biteau, la Commission européenne s’apprête bien à proposer d’exempter les plantes issues de ces techniques « qui pourraient également apparaître naturellement ou être produites par sélection conventionnelle et qui ne présentent pas de caractères susceptibles d’avoir un impact négatif sur la durabilité » des obligations de la directive OGM (évaluation des risques, autorisation de mise sur le marché, étiquetage…). Ces NBT, dites de catégorie 1, devraient seulement passer par une procédure pour être classées comme telles. Par contre elles continueront à devoir suivre une procédure d’autorisation si elles présentent un caractère de résistance aux herbicides par exemple. Ces NBT seraient interdites en agriculture bio. La deuxième catégorie de NBT serait, elle, soumise à une procédure simplifiée d’autorisation mais les plantes qui en sont issues continueraient à être considérées comme des OGM. Quelques différences toutefois : leur autorisation serait valable pour une durée illimitée, et les États membres n’auraient pas le droit d’adopter de mesures restreignant ou interdisant leur culture sur tout ou partie de leur territoire. Pour cette catégorie 2, les autorités publiques des États membres devraient définir des mesures de coexistence avec les autres productions. La Commission européenne doit présenter officiellement ce texte le 5 juillet.

NBT : une variété résistante à la principale maladie fongique du riz créée avec Crispr

En partenariat avec une équipe de scientifiques internationale, des chercheurs de l’Université de Californie à Davis (États-Unis) ont utilisé l’outil d’édition génomique Crispr-Cas pour créer des plants de riz performants et résistants à la pyriculariose, principale maladie fongique de cette céréale la plus consommée au monde, rapporte une étude de la revue scientifique Nature publiée le 14 juin. Pour ce faire, les équipes avaient d’abord créé et séquencé 3 200 souches de riz, chacune possédant diverses missions. Parmi ces souches, elles ont découvert une souche « résistante » mais « à faible rendement », retrace un communiqué de l’UC Davis. Après avoir isolé le gène lié à la mutation et utilisé le ciseau moléculaire Crispr-Cas, les équipes sont parvenues à identifier une variété de riz ainsi présentant à la fois des rendements élevés, et une résistance à la pyriculariose. Lors d’essais sur de petites surfaces fortement touchées par cette maladie, « les plants de riz génétiquement modifié ont entraîné des rendements cinq fois plus importants que le riz témoin, endommagé par le champignon », souligne Pamela Ronald, co-autrice de l’étude dans le communiqué UC Davis. Pour l’heure, l’optimisation de ce gène ne concerne qu’une variété de riz, à savoir le « Kitaake » qui n’est pas largement cultivé. Les chercheurs espèrent toutefois recréer cette mutation chez des variétés de riz fréquemment cultivées, voire cibler le même gène dans le blé pour créer une variété résistante aux maladies.

Biocarburants aéronautiques : Macron annonce 200 M€ d’aide, et une nouvelle usine

Lors d’un déplacement à l’usine de moteurs d’avions Safran à Villaroche (Seine-et-Marne), le président Emmanuel Macron a annoncé le 16 juin un large plan de soutien au développement de l’avion « zéro émission », constitué de plusieurs centaines de millions d’aides et d’investissements, dont l’installation d’une usine de biocarburants à Lacq (Pyrénées-Atlantiques). L’État va « tripler son effort sur la période 2024-2030 », soit « 300 millions d’euros par an », pour soutenir le développement d’un nouveau moteur plus économe encore en carburant ainsi que la conception d’avions plus légers, a indiqué Emmanuel Macron, à trois jours de l’ouverture du Salon du Bourget, grand rendez-vous mondial du secteur. Parallèlement, l’État va investir 200 millions d’euros dans le développement des biocarburants innovants, avec l’objectif d’en produire 500.000 tonnes par an à l’horizon 2030. Une usine de carburants durables, BioTJET, portée par la société Elyse Energy, avec Avril, Bionext et IFP Investissements, va notamment « s’ouvrir à Lacq (Pyrénées-Atlantiques, N.D.L.R.), dans une région qui connaît bien l’énergie », et « créer 700 emplois directs » soit 100 sur le site et 600 sur tous les acteurs du recyclage, a affirmé le chef de l’État. La matière première n’a pas été précisée. Lancé en 2010 par plusieurs industriels dont Avril, le projet BioTFuel permet de produire des biocarburants avancés avec de la biomasse ligno-cellulosique (voir notre enquête). Les seules usines de biocarburants lancées en France l’ont été jusqu’ici par la filière bois/forêt.

Directive énergies renouvelables : accord au Coreper, incluant l’aéronautique et les engrais

La France a salué, le 18 juin, un accord européen sur la directive énergies renouvelables qui « correspond aux attentes » de Paris, au lendemain d’une réunion des ambassadeurs de l’Union. Cet accord diplomatique, négocié dans le cadre du Coreper, l’instance regroupant les ambassadeurs de l’UE à Bruxelles, confirme « un objectif de 42,5 % d’énergies renouvelables » dans la consommation énergétique de l’Europe d’ici 2030. Autre point, crucial pour la France, l’accord « acte la reconnaissance du nucléaire » dans l’atteinte des objectifs de décarbonation de l’Europe, se félicite Mme Pannier-Runacher. La négociation menée vendredi a notamment permis l’adoption d’un projet de règlement Refuel EU aviation, sur les carburants destinés au transport aérien. Ce texte était « attendu », au lendemain d’annonces par l’Élysée d’un plan d’aide de 2,2 milliards d’euros pour développer un avion « zéro émission » en France, alors que doit s’ouvrir lundi le plus grand salon aéronautique du monde, au Bourget. Enfin, concernant le secteur agricole, « la France a obtenu hier des garanties de la Commission concernant les usines d’ammoniac qui s’engagent dans des investissements de décarbonation », a souligné la ministre. La matière première principale des engrais azotés, comme l’ammoniac, est le gaz naturel. Ces textes doivent encore être entérinés formellement dans les prochaines semaines par le Parlement européen et le Conseil européen.

Élevage : craintes à la FNSEA sur l’avenir du stockage des médicaments à la ferme (FNP)

« Un projet de décret est sorti il y a une dizaine de jours qui interdira de bénéficier d’une pharmacie vétérinaire en élevage », et mettra fin au stockage et à la détention de médicaments par les professionnels, a indiqué Jeff Trébaol, vice-président de la FNP (producteurs de porcs, FNSEA), le 16 juin. Écrit par la DGAL (ministère) dans le cadre de la réforme du suivi sanitaire permanent (SSP) (voir notre décryptage de la réforme), ce texte s’appliquerait à toutes les espèces. Refusant de répondre sur le plan technique, les associations spécialisées animales de la FNSEA prévoient, selon M. Trébaol, d’envoyer un courrier à Marc Fesneau « dans les prochains jours », afin de le rencontrer et de « lui faire changer d’avis ». Le projet du ministère est « intolérable » et constitue « une remise en cause du bien-être des animaux », a estimé l’éleveur finistérien. « En production porcine, quand on détient plusieurs milliers d’animaux, il faut intervenir dès qu’une pathologie apparaît », explique-t-il. Avec la réforme envisagée par la Rue de Varenne, « les éleveurs n’auront plus le droit de détenir des médicaments, un vétérinaire devra passer pour chaque traitement ». Actuellement, « les éleveurs de porcs disposent de stocks de médicaments qu’ils renouvellent toutes les 15 jours ou tous les mois », précise le producteur breton à Agra Presse.

Porc : en congrès, les éleveurs de la FNP visent un retour à 110 % d’autosuffisance

En assemblée générale le 16 juin à Rouen, la FNP (éleveurs de porcs, FNSEA) a fixé comme objectif de porter à 110 % le taux d’autosuffisance de la France en viande porcine, sans préciser d’échéance. Ce taux devrait passer « sous les 100 % » en 2023, ce qui rendra la France « dépendante des importations », s’est ému son président François Valy. « La condition pour revenir à 110 % d’auto-approvisionnement, c’est d’attirer et de permettre l’installation des porteurs de projet, et donc de les encourager en simplifiant les procédures », a-t-il souligné. Et l’éleveur morbihannais d’annoncer la tenue, le 21 novembre, d’un événement sur ce sujet coorganisé par la FNP et les Jeunes agriculteurs. Comme le rappelle l’Ifip (institut technique), la France a produit en 2022 l’équivalent de 103 % de sa consommation. Avec des prix du porc records, « la conjoncture est meilleure, mais certains signaux nous alertent, a prévenu M. Valy. La baisse de production [européenne] soutient le marché, mais va vite remettre en cause la souveraineté. » Après une baisse de 5 % en 2022, l’Ifip prévoit un « recul massif de la production européenne » cette année, à -3 % (-4 % en France), selon Élisa Husson, ingénieure à l’institut technique.

CBD : en congrès, l’Uivec encourage les agriculteurs à « trouver des débouchés avant de se lancer »

À l’occasion de la deuxième édition de son évènement sur le CBD et les extraits de chanvre le 16 juin, l’Union des Industriels pour la valorisation des extraits de chanvre (Uivec) est revenue sur la constitution d’une filière agricole en France. Afin de « faciliter la contractualisation et l’accès aux débouchés pour les agriculteurs », Ludovic Rachou, président de l’Uivec, a rappelé la mise en place d’un collège de producteurs de chanvre à fleurs au sein du syndicat. « En moyenne, deux à trois agriculteurs nous contactent par jour à propos du CBD. Nous les encourageons à trouver des débouchés avant de se lancer », a-t-il affirmé. Concernant le cannabis médical, Ludovic Rachou se montre plus prudent. Avec la possible publication d’un arrêté sur le cannabis médical en 2024, une filière pourrait voir le jour en France mais « ce ne sont pas les agriculteurs qui vont pouvoir en bénéficier », selon le président de l’Uivec, précisant qu’il s’agit principalement d’une culture en « indoor » qui implique d’importants investissements. Pour rappel, l’usage du cannabis médical a été autorisé en 2021 en France dans le cadre d’une expérimentation, qui devrait s’achever en mars 2024. Selon l’Uivec, le marché de cette thérapeutique représente aujourd’hui 550 M€ à l’échelle européenne.

Sécheresse : prise en charge de cotisations sociales en Pyrénées-Orientales

Le ministre de l’Agriculture Marc Fesneau et le président de la MSA ont annoncé le 17 juin une aide de 2 millions d’euros, « face à une situation exceptionnelle de sécheresse qui perdure dans le département » des Pyrénées-Orientales, en particulier dans la zone de l’Agly. Ce soutien prendra la forme d’une prise en charge de cotisations sociales, selon un communiqué du ministère. La prise en charge effective de ces cotisations sociales interviendra à l’automne, d’ici-là les agriculteurs pourront bénéficier d’un report automatique de leurs cotisations sociales. Depuis le 10 mai, une grande partie du département du sud-ouest de la France est placée en situation de « crise en raison de la sécheresse historique qui le frappe ». En déplacement sur place, Marc Fesneau avait promis un « débit agricole minimal » et une accélération des éventuelles indemnisations. « Il faut qu’on accélère le dispositif » pour que les indemnisations puissent être touchées plus rapidement que d’habitude, avait promis M. Fesneau. « On ne peut pas payer les agriculteurs en avril 2024. C’est une situation de crise comme le Covid ». Concernant la trésorerie des exploitations, il avait alors annoncé que les agriculteurs concernés par la sécheresse bénéficieraient du « dégrèvement d’office de taxe sur le foncier non bâti » et d’un « report de cotisations sociales ».

Élevage bovin : en Finlande, des éleveurs en concurrence avec les Bernaches nonnettes

En Carélie du sud (Finlande), le réchauffement climatique met aux prises les éleveurs et la Bernache nonnette, dont les points d’escale migratoires sont de plus en plus septentrionaux. Il y a 20 ans, rares étaient les oies sauvages qui s’arrêtaient en Finlande pour se nourrir lors de leur longue migration vers l’Arctique depuis leurs zones d’hivernage aux Pays-Bas et en Allemagne. Aujourd’hui, elles se comptent par centaines de milliers. Conséquence, agriculteurs et oies se livrent une concurrence acharnée pour les pâtures. Chez M. Pekonen, les palmipèdes se sont grassement nourris sur les 250 hectares de prairies censées alimenter les vaches. Le montant des dégâts se chiffre à environ deux tiers de ses revenus, selon le fermier. Kari Pekonen a dû se séparer d’une grosse partie de son cheptel : le troupeau est passé de 300 têtes à moins de 100 en deux ans. Pour protéger leurs cultures sans nuire aux volatiles, les agriculteurs ont les canons laser fonctionnant à l’énergie solaire, des drones ressemblant à des oiseaux de proie… Des haut-parleurs ont même été installés, crachant à fond des cris d’oies paniquées… Les résultats sont en demi-teinte. Cette espèce s’habitue « rapidement au fait qu’on essaie de la chasser », explique Mika Pirinen, responsable gouvernemental spécialiste des dédommagements.