EXCLU WEB / Sécheresse : 46 % de l’Europe exposée

Christophe Soulard
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Selon une étude du Joint Research Center (JRC /Centre commun de recherche -JRC-CCR) de l’Union européenne, près de la moitié de l’Union européenne est soumise à une sécheresse très prononcée. Environ 46% du territoire de l'UE est exposé à des niveaux de sécheresse « d'avertissement », c'est-à-dire à un importants déficit d'humidité au sol.

EXCLU WEB / Sécheresse : 46 % de l’Europe exposée

«  L'analyse de l'évolution et de l'impact de la sécheresse prolongée dans l'UE montre qu'une partie stupéfiante de l'Europe est actuellement exposée à des niveaux de sécheresse d'alerte (44 % à 46 % de l'UE + Royaume-Uni/UK ) et d'avertissement (9 % à 11 % de l'UE + UK), associés à un déficit d'humidité du sol combiné à un stress de la végétation », indique le court rapport de 22 pages publié le 18 juillet par le JRC-CCR de l’Union européenne.

Cette situation résulte d’un effet combiné de plusieurs facteurs, à commencer par les déficits de précipitation pendant la période printanière. Selon le JRC-CCR, ceux-ci s’établissent à « 19 % de la moyenne 1991-2020 dans toutes les zones d'alerte de l'UE+UK et 22 % dans les zones en alerte sécheresse ». Le phénomène a été en outre renforcé par des vagues de chaleur précoces qui se poursuivent actuellement dans l’Ouest de l’Europe notamment en Espagne, au Portugal, en France et au Royaume-Uni.

Conséquence de cette situation : le manque de précipitation réduit considérablement la teneur en eau des sols. Les plantes ont donc plus de mal à extraire l'eau du sol, ce qui entraîne un stress généralisé pour la végétation, « notamment dans les plaines italiennes, dans le sud, le centre et l'ouest de la France, dans le centre de l'Allemagne et l'est de la Hongrie, au Portugal et dans le nord de l'Espagne », note le rapport du JRC-CCR. L’Ukraine, grenier à céréales convoité par la Russie, n’est pas épargnée non plus.

Production énergétique

« 11 % du territoire européen est d'ores et déjà en état d'alerte, avec une végétation et des cultures gravement affaiblies par le manque d'eau », poursuit-il. Nombre de pays comme la France la Roumanie, l'Espagne, le Portugal et l'Italie devront « probablement faire face à la baisse du rendement des cultures », notamment de céréales, générée par « le stress hydrique et thermique », souligne la Commission européenne dans un communiqué du 18 juillet. L’étude souligne également la situation « difficile » et presque critique de la péninsule ibérique : « En Espagne, les volumes d'eau stockés dans les réservoirs sont actuellement inférieurs de 31 % à la moyenne décennale. Au Portugal, l'énergie hydroélectrique stockée dans les réservoirs d'eau est inférieure de moitié à la moyenne des sept années précédentes ». Cette sécheresse, parmi l’une des plus importantes connues par le continent européen depuis la mise en place des relevés météorologiques, impacte la production d’énergie hydroélectrique et thermoélectrique. La production d'énergie des centrales thermiques et nucléaires situées au bord d'un cours d'eau était en juin très inférieure à la moyenne 2015-2021 pour de nombreux pays, dont l’Italie (-5039 GWh par rapport à la moyenne), la France (-3930 GWh) et le Portugal (-2244 GWh)

Prévisions défavorables

Le JRC-CCR n’est guère optimiste pour l’avenir : « Les prévisions défavorables pour les mois à venir risquent de compromettre l'approvisionnement en eau et maintiendront probablement la concurrence pour cette ressource à un niveau élevé ». Un rapport du ministère de l’Écologie de 2009 estimait à 40 % l’augmentation de la consommation d’eau par individu d’ici à 2030 avec une population de 8 milliards d’habitants en 2025. Ce chiffre sera atteint en novembre prochain. Quant à la quantité d’eau douce renouvelable et disponible par habitant, elle devrait atteindre 5100 m3 en 2025 contre 7500 m3 en 1995 et 17 000 m3 en 1950.

 

Le rapport (en anglais) est téléchargeable à l’adresse suivante :

https://publications.jrc.ec.europa.eu/repository/handle/JRC130253%20