Les brèves du 19 juillet 2023
Voici les brèves du 19 juillet 2023

Algues vertes : la justice contraint l’État à en faire davantage d’ici quatre mois
Le tribunal administratif de Rennes a fixé un délai de quatre mois à l’État pour renforcer la lutte contre les algues vertes en Bretagne dans une décision inédite rendue le 18 juillet. « Il est enjoint au préfet de la région Bretagne de compléter le 6e programme d’actions régional » contre les algues vertes dans un délai de quatre mois, est-il écrit dans la décision consultée par l’AFP. C’est la première fois que l’État se voit imposer un délai contraint pour renforcer la lutte contre les algues vertes, un phénomène qui empoisonne une partie des côtes bretonnes depuis des décennies. Dans ce délai de quatre mois, l’État devra agir « par l’adoption de mesures d’application immédiate, contrôlées dans leur exécution, de limitation de la fertilisation azotée et de gestion adaptée des terres agricoles ». Par cette décision, le tribunal vient d’envoyer « un signal important » à l’État qui va devoir « passer à la vitesse supérieure », se réjouit dans un communiqué l’association Eau et rivières de Bretagne (ERB) qui avait saisi le tribunal. « Bien qu’elles mobilisent d’importants fonds publics », les actions de lutte contre les marées vertes « portées par les pouvoirs publics depuis plus de dix ans, et basées sur le volontariat des exploitations agricoles […], ont montré leurs limites. Elles sont nécessaires mais pas suffisantes », écrit l’association.
Méthane : les filières bovines obtiennent 5 M€ de l’État pour réduire leurs émissions
Les filières bovines ont réuni « plus de 11 millions d’euros de R & D sur quatre ans » pour financer leur projet Méthane 2030, annoncent plusieurs organisations, dont Interbev, le Cniel, Chambres d’agriculture France et l’Inrae dans un communiqué commun le 13 juillet. Sur cette enveloppe, 5,2 millions d’euros (M€) seront financés par France Relance dans le cadre de l’appel à projets Résilience et capacité agroalimentaires 2030, opéré par FranceAgriMer et BPI France. De plus, 3,5 M€ seront financés par Apis-Gene, société d’appel de fonds dont les actionnaires financeurs sont le Cniel, Interbev, Eliance (services et conseil en élevage) et la Confédération nationale de l’élevage. « Les 2,3 M€ restants sont des cofinancements directs de l’Idele, des chambres d’agriculture et de l’Inrae » a précisé à Agra Presse Mathieu Diribarne, directeur scientifique d’Apis-Gene. Le projet Méthane 2030 vise à réduire « de 30 % en dix ans » les émissions de méthane entérique dans les élevages, selon le communiqué. Pour rappel, le Cniel s’est déjà engagé à réduire son empreinte carbone de 17 % par litre de lait sortie usine entre 2015 et 2025, tandis qu’Interbev vise une baisse de 15 % sur la même période.
Outre-mer : Matignon annonce 15 M€ en 2024 pour « soutenir » l’autonomie alimentaire
L’État dégagera « 15 millions d’euros (M€, NDLR) supplémentaires dès 2024 » pour apporter un « soutien renforcé » dans le cadre des « plans de souveraineté alimentaire » élaborés par les collectivités d’outre-mer, a indiqué Matignon à l’issue du Comité interministériel des outre-mer (Ciom) le 18 juillet. L’enveloppe fera partie du « complément national » du Posei (1er pilier de la Pac), précise un dossier de presse. Demandés par Emmanuel Macron en 2019, ces plans de souveraineté alimentaire fixent « des objectifs à atteindre pour mieux couvrir les besoins alimentaires des populations par des productions locales ». Ces objectifs sont différents pour chaque territoire, explique le cabinet de la Première ministre : « Par exemple, pour La Réunion, les indicateurs cibles sur trois ans portent sur l’élevage, qui a été identifié comme étant le plus prégnant. Pour d’autres territoires, cela peut être les fruits et légumes. » Dans son allocution, la Première ministre Élisabeth Borne a aussi évoqué une « montée en puissance des crédits d’aide à la diversification », sans en préciser le montant ni le calendrier. Le gouvernement a enfin confirmé l’aide de 10 M€ pour les filières fruits et légumes annoncée le 12 mai pour « faire face à la hausse des prix dans l’énergie ».
Distribution : Casino donne son feu vert à Kretinsky, Ladreit de Lacharrière et Attestor
Le conseil d’administration de Casino a donné, le 17 juillet au soir, son feu vert à une offre améliorée de recapitalisation et de restructuration de sa dette présentée par les milliardaires Daniel Kretinsky et Marc Ladreit de Lacharrière, désormais adossés au fonds britannique Attestor pour prendre le contrôle du distributeur stéphanois en difficulté. Après l’annonce du retrait du trio Niel-Pigasse-Zouari, le duo de milliardaires et Attestor ont le champ libre pour reprendre Casino, mais ils doivent encore convaincre tous les créanciers du groupe de les suivre. Les négociations se poursuivent dans l’objectif de « parvenir à un accord de principe sur la restructuration de la dette financière du groupe d’ici la fin juillet 2023 », indique un communiqué du groupe. Le plan de Daniel Kretinsky prévoit l’injection de 1,2 Md€ d’argent frais, dont plus de 900 M€ émanant du duo qu’il forme avec Marc Ladreit de Lacharrière. Le projet porté par le milliardaire tchèque pour relancer Casino prévoit notamment de baisser les prix en rayons, afin d’être « en ligne avec le marché », selon une source proche du dossier contactée par l’AFP. M.Kretinsky entend en outre faire de Monoprix « le socle de la relance du groupe » et le réceptacle de « l’essentiel des investissements », indique la même source. Le groupe se séparerait également de ses activités en Amérique latine.
Distribution : Lidl intéressé par 600 magasins Casino et Monoprix (presse)
Le distributeur allemand Lidl est intéressé par la reprise de près de 600 magasins Casino et Monoprix et a démarché le fonds d’investissement Attestor, un des nouveaux alliés clés du duo de repreneurs Kretinsky-Ladreit de Lacharrière, a appris l’AFP le 18 juillet, confirmant des informations du Monde (article payant). Le quotidien vespéral affirme avoir consulté une lettre signée par Kenneth McGrath, le directeur général de Lidl, à David Alhadeff, un des associés d’Attestor chargé du dossier Casino, dans laquelle il dresse une liste « cible » de 300 supermarchés Casino et de 300 Monoprix. Contacté par l’AFP, Lidl n’a pas souhaité commenter l’information. Attestor a, lui, confirmé auprès de l’AFP « des marques d’intérêt » de Lidl mais a affirmé qu'« il n’y a pas de discussions » à l’heure actuelle avec Lidl, se disant « engagé dans une vision de long terme » avec Daniel Kretinsky et Marc Ladreit de Lacharrière. Le fonds Attestor a rejoint le duo Kretinsky-Ladreit de Lacharrière pour former un consortium qui a déposé une offre révisée le 15 juillet, poussant les concurrents avec lesquels il discutait au départ, le trio Niel-Pigasse-Zouari réuni dans une société 3F, à jeter l’éponge le lendemain. C’est dans le contexte de l’offre de 3F que la lettre de Lidl avait été envoyée à Attestor, ajoute une source proche.
Vaccin influenza : les filières avicoles déplorent qu’un seul fournisseur ait été choisi
« On déplore que seulement un vaccin [contre l’influenza aviaire] ait été choisi, on estimait plus sécurisant qu’il y ait deux fournisseurs », déclare Yann Nédélec, directeur d’Anvol (interprofession des volailles de chair), à Agra Presse le 18 juillet. Quelques jours plus tôt, le ministère de l’Agriculture a indiqué avoir retenu l’allemand Boehringer à l’issue d’un appel d’offres portant sur 80 millions de doses afin de vacciner les canards cet automne. Avaient également postulé le français Ceva Santé animale et Zoetis France, filiale hexagonale du groupe américain Zoetis (n°1 mondial). « Non seulement on écarte un fabricant français, mais le fait que l’appel d’offres soit remporté par un seul laboratoire est peu sécurisant pour les éleveurs », abonde Marie-Pierre Pé, directrice du Cifog (interprofession du foie gras), auprès du quotidien Sud-Ouest (article payant). « Si celui qui a été choisi a une défaillance, notre filière va mourir. » L’argument du ministère : le vaccin de Boehringer est autorisé pour tous les canards, quand celui de Ceva se limite aux canards mulards (élevés pour leur foie gras), excluant les canards à rôtir (Pékin et Barbarie). Mais, comme le rappelle Yann Nédélec, le vaccin français permet « d’administrer une première dose (sur deux, NDLR) à un jour au couvoir », atténuant le « défi logistique majeur » de la vaccination.
Aide alimentaire : les Banques alimentaires appellent à « sanctuariser » le fonds de 60 M€
La fédération des banques alimentaires (FFBA) demande au gouvernement de « sanctuariser » le fonds de 60 M€ pour l’aide alimentaire débloqué en 2023 dans le cadre du projet de loi de finances (PLF), a indiqué sa directrice Laurence Champier à Agra Presse. « Ce fonds est une des réponses aux enjeux de précarité et de soutien aux filières agricoles », plaide-t-elle. La FFBA veut obtenir des garanties sur sa reconduction avant la présentation du PLF 2024 en septembre. Dans un document de présentation du programme Mieux manger pour tous, le ministère des Solidarités, en charge du dossier, précise en effet que ce fonds a vocation à être pluriannuel. Le fonds de 60 M€ créé en 2023 se décline ainsi : une première enveloppe de 40 M€ est destinée à soutenir les achats de fruits, légumes, légumineuses et produits non transformés sous signe de qualité ; et une seconde de 20 M€ est fléchée vers des initiatives locales. Invitée à donner ses objectifs mi-juin pour bénéficier de financements dans le cadre du volet national comme les 17 autres associations agréées par l’État, la FFBA espère une réponse de l’État avant la fin du mois de juillet pour lancer des appels d’offres dès la rentrée. Les banques alimentaires ont, elles, soumis des candidatures pour l’appel à projet local, clos fin juin.
Engrais azotés : Agrofert finalise le rachat de l’activité azote de Borealis
Dans un communiqué de presse du 5 juillet, le groupe tchèque Agrofert a annoncé le rachat de l’activité azote de Borealis après avoir reçu l’accord de la Commission européenne quatre mois auparavant. Annoncée en juin 2022, cette acquisition valorisée à 810 M€ permettra à Agrofert de doubler sa capacité de production d’engrais à 8 Mt, ce qui en fera « le deuxième producteur d’engrais azotés en Europe », derrière Yara (11 Mt). Selon Thomas Gangl, président-directeur général de Borealis, cette transaction « garantira un approvisionnement stable en engrais et, par conséquent, en cultures et en produits alimentaires pour l’Autriche et l’Europe ». Employant 30 900 salariés, le groupe tchèque comprend plus de 200 entreprises dans les secteurs de l’agriculture, des intrants, de l’agroalimentaire et des médias, et a enregistré un chiffre d’affaires de 10 Md€ l’année passée. Agrofert – qui exploite déjà trois usines d’engrais en Allemagne, Slovaquie et République tchèque – reprendra les trois sites français de Borealis à Grandpuits (Seine-et-Marne), Grand-Quevilly (Seine-Maritime) et Ottmarsheim (Haut-Rhin). « Notre objectif […] est de développer les activités existantes et d’investir dans leur modernisation et leur durabilité », avance Petr Cingr, vice-président d’Agrofert.