Les brèves du 19 septembre 2023

Mis en ligne par Cédric Michelin
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Voici les brèves du 19 septembre 2023

Les brèves du 19 septembre 2023

Céréales ukrainiennes : les trois pays qui prolongent unilatéralement leur embargo largement critiqués

Les trois États membres de l’UE (Pologne, Hongrie et Slovaquie) qui ont annoncé leur intention de maintenir (voire d’étendre) les restrictions sur les importations de céréales en provenance d’Ukraine, alors que la Commission européenne y a mis fin le 15 septembre, ont été largement critiqués par nombre des ministres de l’Agriculture de l’UE réunis le 18 septembre à Bruxelles. Le président en exercice du Conseil Agriculture, l’Espagnol Luis Planas, a jugé que ces mesures restrictives unilatérales étaient contraires au droit communautaire et aux principes du marché unique. Les ministres français, Italien, allemand ou encore tchèque ont aussi déploré une atteinte au marché unique européen et souligné qu’ils comptaient sur la Commission européenne pour réagir. Le ministre de l’Agriculture polonais Robert Telus a pourtant dénoncé la décision de ne pas prolonger les restrictions comme étant « purement politique » et allant à l’encontre des intérêts des agriculteurs polonais. L’Ukraine a annoncé dans la foulée avoir porté plainte devant l’OMC contre les trois pays qui ont prolongé leur embargo. Le commissaire européen à l’Agriculture – qui était personnellement en faveur d’une prolongation des restrictions – a simplement indiqué, en conférence de presse, qu’il s’étonnait de la réaction ukrainienne, compte tenu des efforts réalisés par l’UE depuis des mois. Il espère que les discussions au sein de la plateforme UE-Ukraine permettront de trouver une solution à l’amiable et que des sanctions ne seront pas nécessaires.

 

Planification écologique : le SGPE précise ses objectifs en bovins et biocarburant

Le gouvernement vise une « baisse tendancielle » des cheptels bovins de 12 % d’ici 2030, a indiqué le secrétaire général à la Planification écologique Antoine Pellion dans un entretien à l’AFP le 10 septembre, confirmant une information de plusieurs sources proches du dossier. Si M. Pellion reconnaît qu’on a « besoin de l’élevage », le plan du gouvernement précise que 20 Mt d’émissions (locales et importées) seraient évitées « si la moitié des grands consommateurs de viande réduisent leur quantité journalière ». Côté énergie, le gouvernement vise un seuil d’incorporation de biocarburants de 12 % (contre 7 % actuellement). Pour rappel, l’objectif européen est d’atteindre 29 % d’énergies renouvelables dans les transports d’ici 2030 : les États membres ont toute latitude pour y parvenir, du moment qu’ils ne dépassent pas 7 % de biocarburants issus de cultures alimentaires (biocarburants dits de première génération). De plus, rapporte l’AFP, l’exécutif compte obtenir un gain d’efficacité énergétique via la rénovation des bâtiments agricoles et en favorisant l’agrivoltaïsme. Ces mesures font partie de la planification écologique, plan national présenté par la Première ministre aux chefs de partis politiques le 18 septembre, avant une seconde présentation au Conseil national de la refondation le 19 septembre. Le président de la République Emmanuel Macron fera la présentation publique du plan le 25 septembre.

 

Sénatoriales : qui sont les candidats issus du secteur agricole

Les grands électeurs doivent renouveler, le 24 septembre, la moitié des sièges du Sénat. La rédaction d’Agra Presse vous propose une liste des candidats associés au secteur agricole par leur activité professionnelle (télécharger ici), que nous avons pu identifier grâce à la presse locale. Parmi les sortants, six agriculteurs se représentent en tête de liste, dont Laurent Duplomb, sénateur LR de Haute-Loire, président du groupe d’étude Agriculture et alimentation, et coauteur de la proposition de loi sur la compétitivité de la Ferme France. Et trois anciens agriculteurs, membres de l’UDI, ont choisi de quitter le Palais du Luxembourg : Jean-Marie Janssens (Loir-et-Cher), Jacques Le Nay (Morbihan) et Pierre Louault (Indre-et-Loire) ; ce dernier va tenter de passer la main à son fils, Vincent Louault, également agriculteur. Au total, sept exploitants ou retraités veulent faire leur entrée dans la chambre haute, dont un ancien président de FDSEA, Jean-Marc Breme (Moselle), avec des chances de réussites très variables. À ce stade, il n’est pas certain qu’il y aura autant d’agriculteurs nouvellement élus que de sortants. Gérôme Fassenet (LR) dans le Jura et Jean-François Garrabos (Renaissance), dans le Lot-et-Garonne, ont aussi leur chance, sans garantie de succès. Globalement, le scrutin devrait voir se confirmer la vague verte de 2020, et les Républicains préserver leur majorité.

 

Photovoltaïque : l’implantation sur des terres « incultes » reprécisée (projet de décret)

Dans le cadre de l’application de la loi AER (accélération des énergies renouvelables), la Direction générale de l’énergie et du climat (ministère de la Transition énergétique) a remis aux professionnels, mi-septembre, un nouveau projet de décret visant à encadrer les installations photovoltaïques sur des terres « incultes ». Cette deuxième version répond à des critiques, notamment celles de la FNSEA qui jugeait le texte « trop libéral ». Une terre est réputée inculte notamment lorsque l’exploitation y est « impossible en raison de ses caractéristiques topographiques, pédologiques et climatiques » ; il s’agit d’un espace délaissé des infrastructures et dont les possibilités d’exploitation sont « réduites ou inexistantes ». D’autres évolutions du texte visent l’encadrement du concept d’« agrivoltaïsme », auquel devra se conformer toute nouvelle installation photovoltaïque sur des terres agricoles exploitées. Cela concerne entre autres la zone témoin permettant de juger si la production agricole reste « significative ». « Toute installation agrivoltaïque doit comporter une zone témoin », selon l’une des deux options proposées, mais avec une dispense notamment si « un référentiel local peut [s’y] substituer ».

 

Plan loup : une aide à l’installation des moyens de protection et 2,5 M€ pour la recherche

Le nouveau Plan loup 2024-2029, présenté le 18 septembre, comprendra une aide à la mise en place des moyens de protection, a indiqué Claude Font, secrétaire général de la FNO (éleveurs d’ovins, FNSEA), à Agra Presse le même jour. Les moyens de protection eux-mêmes (clôtures, chiens de protection) sont déjà subventionnés par le 2d pilier de la Pac. Ce n’est pas le cas de la main-d’œuvre nécessaire à leur installation, pour laquelle la FNO demandait une aide. Cette subvention concernera les élevages du cercle 2, nouvellement prédatés, précise M. Font. Selon lui, elle fera partie d’une enveloppe de 1,5 million d’euros (M€) de crédits nationaux, qui financera aussi des projets de recherche (systèmes de protection innovants, connaissance du loup). Par ailleurs, le nouveau Plan loup prévoit une « amplification de la recherche sur les moyens de protection des troupeaux », d’après un document envoyé par le ministère de l’Agriculture à la presse. Un « budget spécifique » global de 2,5 M€ sera consacré à la recherche, notamment en vue d’adapter les moyens de protection aux nouveaux territoires prédatés. Enfin, comme annoncé, le Plan loup 2024-2029 comprendra aussi une accélération des procédures de tir, une réforme de la méthode de comptage des canidés, ainsi qu’une étude sur le changement de statut juridique du prédateur.

 

Plan loup : des représentants agricoles déçus, les ONG claquent la porte

À l’issue de la présentation du Plan loup 2024-2029, « nous avons annoncé notre retrait définitif du Groupe national loup », a indiqué Jean-David Abel, représentant de France Nature environnement (FNE), le 18 septembre à l’AFP. M. Abel s’exprimait au nom de six associations de défense de l’environnement : la FNE, Ferus, Humanité et biodiversité, la LPO, l’Aspas et le WWF. M. Abel dénonce un Plan loup « inacceptable » et un « choix politique » fait par les ministères de « mettre le paquet dans un plan de communication vers les acteurs pastoraux ». À l’inverse, aucune des 41 propositions émises au printemps par les défenseurs du loup n’a été retenue, déplore-t-il. Idem du côté de la Confédération paysanne, « Rien de ce que nous avons proposé n’a été retenu », souffle Annabelle Würbel, éleveuse et élue dans la Drôme, qui qualifie le nouveau plan de « très décevant ». Quant aux organisations majoritaires du Caf loup, elles appellent même le gouvernement à « retravailler de fond en comble » son plan. « Il y a certaines avancées, mais il reste du travail », tempère Claude Font, secrétaire général de la FNO (éleveurs d’ovins, FNSEA), auprès d’Agra Presse, relevant que « le grand absent, ce sont les enveloppes ».

 

Prix du lait : les Près Rient Bio s’engagent sur une marge garantie pour les producteurs

Les Près Rient Bio et l’organisation de producteurs (OP) de lait bio Seine et Loire ont signé un accord sur le prix du lait garantissant une couverture de « l’intégralité des coûts de production du lait, quels que soient les aléas, tels que l’inflation ou le climat, tout en intégrant une marge de sécurité de 10 % », informe la filiale de Danone dans un communiqué du 18 septembre. Ce prix d’achat plancher permet « de sécuriser un revenu disponible moyen minimum de deux Smic, quels que soit la conjoncture et les prix du marché », assurent les Prés Rient Bio. « Cet accord est une véritable avancée pour nos adhérents qui vont ainsi pouvoir exercer leur métier dans de meilleures conditions et se projeter plus sereinement vers l’avenir en ayant l’assurance de pouvoir continuer à se développer en agriculture bio », déclare le co-président de l’OP Lait bio Seine et Loire, Loïc Pérès, cité dans le communiqué. Le lait collecté auprès des 50 producteurs normands membres de l’OP est utilisé pour la fabrication des yaourts brassés sous la marque « Les 2 Vaches » à l’usine de Molay-Littry (Calvados). La marque bénéficie du label de commerce équitable « Fair For Life » depuis 2019. Comme prévu dans le cahier des charges du label, le contrat entre les producteurs et l’industriel est conclu pour cinq ans.

 

Prix alimentaires : le recul de l’inflation se confirme, sauf sur les légumes frais

Les prix de l’alimentation ont augmenté de 11,2 % sur un an en août, après 12,7 % en juillet, selon les données de l’Insee (Institut national de la statistique et des études économiques), publiées le 15 septembre. Depuis cinq mois, l’inflation est en recul sur les produits alimentaires. Les prix continuent d’augmenter, mais plus doucement que l’année dernière. Ainsi, la hausse est de 0,3 % en août 2023, contre 1,7 % en août 2022. L’inflation ralentit sur les produits frais (+9,4 %, après +10,6 % en juillet), comme sur le reste des aliments (+11,5 %, après +13 %). Les légumes frais sont la seule catégorie dont les prix augmentent plus fortement sur un an par rapport au mois de juillet (+13,2 %, après 1+2,2 %). Selon une enquête de NielsenIQ sur les 20 000 références les plus vendues en magasin, les prix de la moitié des produits alimentaires de marque nationale ont baissé pendant l’été. « Ces baisses restent encore relativement faibles (entre -0,2 % et -0,8 % selon le type de référence), mais ces premiers pas vers la désinflation peuvent laisser présager d’une tendance plus durable », indique le panéliste.

 

Cancers pédiatriques : 500 personnes défilent à La Rochelle pour la fin des pesticides

Près de 500 personnes ont défilé le 16 septembre à La Rochelle pour demander l’arrêt des pesticides, rapporte France 3 Nouvelle-Aquitaine dans un reportage diffusé dans le 19/20. Le cortège qui rassemblait « simples citoyens, militants écologistes ou membres d’associations engagées » a répondu à l’appel de l’association Avenir santé environnement qui veut « sensibiliser aux risques de contaminations multiples des sols, de l’eau et de l’air et lutter contre les pesticides ». « La base de notre mobilisation, c’est l’excès de risque de cancers pédiatriques mis en évidence par l’étude portée par le CHU de Poitiers », a déclaré son président Franck Rinchet-Girollet. Le 7 juillet 2022, l’agglomération de La Rochelle avait déjà adopté une motion pour demander au gouvernement d’interdire les pesticides, en particulier l’herbicide prosulfocarbe. Cette décision faisait suite à une étude de l’Inserm en 2020 qui comptabilisait six cancers chez des enfants et adolescents dans la plaine agricole d’Aunis, à l’ouest de la Rochelle. Un chiffre alarmant, étayé depuis par une campagne de mesure des pesticides dans l’air faisant apparaître une concentration moyenne annuelle de prosulfocarbe de 5 ng/m3, bien supérieure aux autres sites de mesure de la région.

 

Blé : dans l’Aisne, une nouvelle usine pour transformer de la paille en emballages (presse)

L’entreprise américaine ReStalk, spécialisée dans la valorisation des coproduits agricoles, a décidé d’implanter son premier site industriel près de Soissons (Aisne), rapporte le quotidien Les Échos (article payant) le 8 septembre. L’unité, pour laquelle 38 M€ devraient être investis, vise à transformer des résidus agricoles en pulpe de cellulose destinée aux industriels de l’emballage. Pour ce faire, l’entreprise mise notamment sur les copeaux de paille de blé, disponibles à hauteur de 20 000 tonnes dans un rayon de 100 km autour de sa future usine, rapportent les Échos. « Nous allons contribuer à une économie circulaire en valorisant des résidus habituellement sous-utilisés ou éliminés et en travaillant étroitement avec les agriculteurs locaux », soutient Benjamin Cassou, p.-d.g. de l’entreprise américaine auprès du quotidien économique. Dotée d’une capacité de production de 6000 tonnes de pulpe de cellulose par an, la future usine devrait entrer en service en 2025 et permettre la création de 40 emplois directs et de 50 emplois indirects. Au magazine l’Usine nouvelle (article payant), Benjamin Cassou dit prévoir que leur projet engendrera « plus de 100 millions d’euros de chiffre d’affaires d’ici à 2030 ». S’il évoque un « revenu additionnel stable » pour les agriculteurs, il ne livre toutefois pas de détails supplémentaires.

 

Biostimulants : Biobest acquiert le spécialiste brésilien de la protection biologique Biotrop

L’entreprise Biobest, spécialisée dans la protection biologique intégrée et la pollinisation horticole, a signé un accord en vue d’acquérir son homologue brésilien Biotrop pour 532 M€ (2,8 milliards de réaux, R$), rapporte un communiqué de presse daté du 7 septembre. « À l’heure actuelle, le marché brésilien de la lutte biologique […] est estimé à plus de 1 milliard de dollars. Avec un taux de croissance annuel de 43 % […], le Brésil affiche une croissance supérieure à tous les autres marchés d’envergure », s’enthousiasme Jean-Marc Vandoorne, p.-d.g. de Biobest. Étant donné le « dynamisme du marché brésilien », l’entreprise belge estime le chiffre d’affaires de Biotrop à 128 M€ (679 MR$) pour 2023. Soumise aux conditions de clôture usuelles, la transaction devrait être complétée avant la fin de l’année, précise le communiqué. Dans un premier temps, Biobest fera l’acquisition de 85 % des actions de Biotrop, avant d’acheter les 15 % restants après une période de transition de trois ans. Pour financer cette transaction, l’entreprise belge réalisera une augmentation de capital de 400 M€ souscrite par certains de ses actionnaires actuels (Sofina, la direction de Biobest et quelques actionnaires privés) et par de nouveaux investisseurs (Tikehau Capital, le fonds d’investissement M & G Investments, les groupes Unigrains et Sofiprotéol).

 

Évènementiel : le Space a accueilli 12 000 visiteurs internationaux, un « record »

Avec 12 000 visiteurs étrangers (+23 % en un an), le Space (Salon des productions animales – Carrefour européen) a connu en 2023 une « fréquentation internationale sans précédent », soulignent ses organisateurs dans un communiqué le 18 septembre. Du 12 au 14 septembre, à Rennes, le salon a accueilli des professionnels venus de 122 pays, là aussi un « record ». Toutefois, déplorent les organisateurs du Space, les « obstacles » aux déplacements (refus de visas notamment) « ont été encore plus nombreux cette année ». « Un grand nombre de demandes se sont vues refusées notamment en Inde, en Algérie, en Afrique de l’Ouest… , ce qui pénalise beaucoup les courants d’affaires potentiels ou existants entre la France et le reste du monde. » En tout, le Space a accueilli 90 771 visiteurs, soit une fréquentation stable par rapport à 2022. La prochaine édition se tiendra du 17 au 19 septembre 2024.

 

Distribution : Michel Biero prendra la présidence de Lidl France en janvier

Le directeur exécutif des achats de Lidl Michel Biero prendra la présidence de l’enseigne de grande distribution en France à partir du 1er janvier 2024, annonce un communiqué du 18 septembre. Sa nomination fait suite au départ de l’actuel président de Lidl France, Frédéric Fuchs, qui prend la direction des activités de Lidl en Allemagne. Membre du comité exécutif depuis 2011, Michel Biero a commencé sa carrière chez Lidl en 2001. Visage bien connu du paysage médiatique, il est aussi l’artisan d’un rapprochement entre l’enseigne spécialiste du hard-discount et les filières agricoles. Sous son impulsion, Lidl participe notamment au Salon de l’agriculture depuis 2015.

 

France Agrivoltaïsme : Thierry Vergnaud nouveau co-président aux côtés d’Olivier Dauger

France Agrivoltaïsme a annoncé le 18 septembre avoir renouvelé son bureau. Un nouveau co-président tient les rênes de l’association, en la personne de Thierry Vergnaud, directeur général de la branche « onshore » d’Iberdrola. Il succède à Antoine Nogier, président de Sun’R. Olivier Dauger reste co-président au titre du collège Agriculture. L’administrateur de la FNSEA avait pris ce poste en mai, après une révision des statuts instaurant cette présidence à deux.