EXCLU WEB : Tribune d’Eugénia Pommaret, Directrice Générale de L’UIPP : La souveraineté alimentaire, levier de l'autonomie stratégique européenne

Tribune d’Eugénia Pommaret, Directrice Générale de L’UIPP : La souveraineté alimentaire, levier de l'autonomie stratégique européenne

EXCLU WEB : Tribune d’Eugénia Pommaret, Directrice Générale de L’UIPP : La souveraineté alimentaire, levier de l'autonomie stratégique européenne

La crise que nous traversons depuis le début de l’épidémie de Covid-19 a mis en évidence l’importance des stocks alimentaires et donc de l’agriculture. Elle semble également avoir mis en exergue le rôle et les besoins essentiels pour une alimentation durable. En ce sens, la véritable question qui se pose est celle de notre souveraineté alimentaire.

Je suis convaincue que la France doit miser sur une agriculture moderne, innovante, respectueuse de la santé et des ressources naturelles. Une agriculture qui contribuera sensiblement à l’agenda stratégique du climat mais aussi à notre souveraineté alimentaire et donc à notre sécurité.

C’est une exigence que nous nous fixons mais aussi une nécessité pour rebâtir une indépendance agricole, industrielle et technologique française et in fine parvenir à plus d’autonomie stratégique européenne.

Pour atteindre cet objectif, il faut être ambitieux dans nos programmes d’innovation, anticiper les enjeux environnementaux, activer notre ouverture à d’autres disciplines scientifiques et technologiques, dialoguer avec toutes les parties-prenantes.

À cet effet, l’Union des Industries de la Protection des Plantes (UIPP) contribue à consolider cette souveraineté alimentaire européenne en maintenant un tissu de recherche, d’innovation, de fabrication et de mise sur le marché de solutions de protection des cultures.

Toutefois pour parvenir à une France et une Europe souveraine, il me semble indispensable de remettre l’agriculture au centre de nos préoccupations et de préserver un cadre européen, réellement commun.

La nécessité de préserver un cadre européen réellement commun

Jean Jaurès affirmait : « il faut aller à l’idéal en passant par le réel ». C’est un principe entièrement applicable à l’évolution des pratiques agricoles et à la préservation de notre souveraineté alimentaire. Cette évolution, nécessaire et inéluctable, doit à mon sens se faire en étroite collaboration avec ceux qui pratiquent au quotidien, les agriculteurs et les entreprises. Elle doit aussi et surtout se faire au niveau européen afin de préserver une dynamique commune et se fixer des objectifs pragmatiques et atteignables.

Nous évoluons dans un marché commun, qui vise à réaliser une communauté d’intérêts. Cette question ne peut donc être dissociée du cadre européen. Autrement, il existe un véritable risque de concurrence déloyale, sur le dos de l’agriculture française et sans bénéfice pour notre environnement.

Ainsi, pour rester pragmatiques et souverains, toute décision concernant les moyens de production, dont les produits phytosanitaires, devra être harmonisée au niveau européen. Dans le cas contraire, il y a un fort risque de laisser les agriculteurs sans solutions efficaces et sans alternatives sérieuses.

Enfin, cette transition agroécologique nécessite que les entreprises et les agriculteurs puissent avoir les moyens d’innover. Si nous voulons accélérer la transition, il faut continuer à investir. C’est pourquoi l’UE doit remettre l’agriculture au cœur de son action.

La Présidence Française de l’UE 2022, l’opportunité de conserver nos capacités de production en Europe en remettant l’agriculture au centre de nos préoccupations

Si la transition agroécologique est bien amorcée en France, ce n’est pas le cas partout au niveau européen. Loin devant sur l’encadrement des procédures d’évaluation et de mise sur le marché, la France doit désormais œuvrer pour l’harmonisation entre États Membres, condition sine qua non pour éviter une concurrence déloyale au détriment de notre agriculture.

Avec la future Présidence de l’Union européenne, la France a l’occasion de promouvoir une agriculture européenne à la fois fière de sa production alimentaire, mais aussi de son rôle dans la lutte contre le réchauffement climatique.

Le « Green Deal », qui véhicule des ambitions fortes en faveur de la transition énergétique, pourrait ainsi intégrer la question de la souveraineté alimentaire et de la sécurité d’approvisionnement.

À cet égard, l’association européenne de protection des plantes CropLife Europe a adopté une série d’engagements ambitieux pour soutenir le nouveau Pacte vert européen, notamment celui d’investir plus de 14 milliards d’euros dans les nouvelles technologies et des produits plus durables d’ici 2030, mais également d’intensifier la collecte des emballages et l’économie circulaire ainsi que d’augmenter le niveau de formation des agriculteurs européens. Ces actions seront notamment portées par les entreprises adhérentes de l’UIPP.

Plus que jamais, un véritable projet européen est nécessaire pour faire face aux assauts d’une concurrence mondialisée. Pour que l’Europe redevienne une puissance agricole mondiale, à la fois exportatrice et souveraine, œuvrons pour que la politique agricole de l’Union européenne soit au service de notre souveraineté alimentaire.