Entreprise Philicot
Entreprise Philicot : 100% familiale et locale !

Marc Labille
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Entreprise 100% familiale dont le siège historique est toujours à Chagny, Philicot compte parmi les principaux fabricants d’aliment du grand est de la France. Portrait.

Entreprise Philicot : 100% familiale et locale !
Émile Nicot, président de Philicot ; Vincent Barey, chauffeur-livreur, Cindy De Brito et Patrick Euvrard, tous deux responsables de l’organisation des tournées. 25 camions d’aliments partent chaque jour de Chagny pour livrer 150 à 200 clients.

La naissance de l’entreprise Philicot remonte à 1948 et elle a été créée par le minotier Philibert Nicot. L’alimentation animale était un débouché naturel pour les co-produits de la meunerie. Et au sortir de la seconde guerre mondiale, le besoin de production de viande provoquait les débuts de l’industrie de la nutrition animale. Dès lors, la famille Nicot s’est mise à détenir deux activités distinctes et aujourd’hui encore, ce sont deux sociétés familiales : les Moulins Joseph Nicot dirigés par Jean-Philippe Nicot et Philicot dirigée par Émile Nicot. Les deux entités ont d’ailleurs toutes les deux leurs sièges sur le même site historique de Chagny.

La première véritable usine d’aliment du bétail a été construite à Chagny en 1973, d’une capacité de 20.000 tonnes. En 1992, Philicot mettait un pied pour la première fois hors de la Saône-et-Loire en rachetant une petite usine d’aliment à Clairvaux-les-Lacs dans le Jura. Par la suite, l’entreprise s’est, de la même manière, implantée successivement dans la Drôme, le Cantal, le Vaucluse, la Haute-Savoie et la Loire.

Sept usines, 320.000 tonnes d’aliments par an

Aujourd’hui, Philicot détient au total sept usines, sur une zone est/Sud-Est de la France, rayonnant sur plus d’une quinzaine de départements. La plus grosse unité de production reste de loin Chagny avec ses 170.000 tonnes d’aliments. Implantés au plus près des clients d’autres régions, les autres sites produisent chacun 20 à 40.000 tonnes. Ensemble, les sept usines totalisent près de 320.000 tonnes d’aliments.

Au milieu des années 1990, Philicot a été l’un des premiers à fabriquer en Saône-et-Loire de l’aliment mélangé de type mash (mélange de matières premières brutes et de granulés). En 2007, la construction d’une usine de mash à Saint-Flour (15) faisait découvrir ce nouveau produit aux éleveurs auvergnats. Fort du succès de cet aliment mélangé, le volume de production a rapidement doublé sur place pour atteindre 40.000 tonnes aujourd’hui, rapporte Émile Nicot.

Granulés, mashs, minéraux…

À Chagny, Philicot élabore des granulés, des aliments fibreux (20 % de foin de luzerne ou de paille), fibrés (10 % de foin de luzerne ou de paille), des mashs avec ou sans noyaux. L’entreprise a aussi la particularité de fabriquer elle-même sa gamme de minéraux et de nutritionnels. Les minéraux sont commercialisés sous la marque Cérémix et les compléments nutritionnels (plus concentrés que les minéraux) ont pour nom Novamix.

Philicot propose une gamme de 500 formules de nutrition animale pour bovins, ovins, caprins, porcs, volailles et même lapins, fait valoir son président. L’usine de Chagny fonctionne sept jours sur sept 24/24. Elle produit en moyenne 550 tonnes d’aliment par jour. Ce sont environ 25 camions d’aliments qui quittent le site quotidiennement pour partir livrer 150 à 200 clients pour des quantités de 2,5 à 25 tonnes, fait valoir Émile Nicot. À lui seul, le site de Chagny emploie une centaine de salariés sur les 175 que compte Philicot en France.

« La nutrition animale est notre seul et unique métier », aime répéter Émile Nicot qui, outre « un savoir-faire nutritionniste », met en avant aussi l’ancrage régional de l’entreprise qui permet la mise au point de formules répondant pleinement aux besoins des éleveurs.

Équilibrer les rations

À Chagny, Philicot possède son propre laboratoire d’analyses pour la qualité des matières premières et des contrôles en cours de fabrication de ses produits. Ce même laboratoire réalise aussi 2.500 analyses de fourrages par an, fait valoir le président. Un outil qui permet aux 50 commerciaux-nutritionnistes de calculer les rations des clients en fonction des fourrages dont ils disposent et de leurs objectifs de production. Car pour le fabricant d’aliment, il s’agit de fournir à l’éleveur de quoi faire « le meilleur GMQ possible au meilleur coût. L’achat d’aliment est toujours très raisonné », explique Émile Nicot. « Rien n’est plus économique que l’herbe. Mais pour équilibrer une ration à base de fourrages de l’exploitation, nos aliments avec leur variété de matières premières et de nutriments, sont pourvoyeurs de meilleurs indices de consommation, de meilleurs GMQ », argumente le président. À l’heure où la quête d’autonomie ressemble à « une aspiration à l’autarcie », Émile Nicot en appelle au raisonnement économique, en mettant en avant toute la connaissance nutritionnelle acquise, rappelant au passage les vertus supérieures des protéines de soja, de colza et de lin en comparaison de protéagineux fermiers. Il évoque aussi l’intégration dans les formules des oligo-éléments, gage d’une meilleure santé des animaux. Dans un souci de s’adapter à la situation des éleveurs, Philicot est partenaire de l’entreprise « La Fabrique » qui possède deux camions usine d’aliments fermiers en Saône-et-Loire.

Marchés mondiaux…

La nutrition animale est un métier complexe, reconnaît Émile Nicot. L’entreprise dénombre pas moins de 70 concurrents différents sur l’ensemble de ses sept sites de production. L’implantation locale est une réponse à la quête de rentabilité de l’activité. La logistique compte aussi. Dans un marché mondialisé en proie à des tensions qu’on ne maîtrise pas, l’achat des matières premières est un poste stratégique. Fin 2021 et courant 2022, les fabricants d’aliments ont dû faire face à une flambée sans précédent du prix des matières premières. Tenant à préserver la stabilité de ses formules, Philicot n’a pas eu d’autre choix que d’augmenter le prix de l’aliment de + 50 %, confie le président. Mais le plus pénalisant a été la hausse du prix de l’énergie (électricité, gaz, carburant). Des charges qui pèsent très lourd pour les fabricants d’aliments, confie l’industriel. Aujourd’hui, le prix des matières premières est redevenu accessible, mais c’est la disponibilité qui pose problème. La pulpe de betterave est devenue denrée rare au point de devoir l’importer, informe Émile Nicot. Heureusement pour les protéines, le fabricant d’aliment saône-et-loirien peut compter sur Extrusel à Chalon-sur-Saône, le producteur local de tourteaux de soja et de colza dont il est actionnaire historique.

Malgré un secteur d’élevage touché par « une forme de décroissance », l’entreprise forte de ses 9.000 clients actifs, entend bien poursuivre son activité auprès d’éleveurs qui veulent optimiser l’alimentation de leurs animaux. Preuve de sa bonne cote auprès du monde de l’élevage, Philicot fournit les coopératives Feder et Sicarev Coop ainsi que des négociants. Elle investit entre 1 et 1,5 million d’euros par an pour un chiffre d’affaires de 180 millions d’euros.

 

 

 

Artisan de la filière Porcs Plein Air du Morvan

Philicot est l’un des artisans de la filière Porcs plein air du Morvan qui réunit aussi le salaisonnier Arnaud Sabatier/ Fernand Dussert (58) ainsi que le Parc Naturel Régional du Morvan. Ensemble, ils souhaitaient relancer le traditionnel jambon sec du Morvan et ils ont créé une filière de production de porcs charcutiers élevés en plein-air dans des exploitations morvandelles. Une dizaine de producteurs morvandiaux sont aujourd’hui engagés dans cette démarche. Ils élèvent chacun deux lots d’une soixantaine de porcs par an. La filière s’est dotée d’un cahier des charges associé à une marque. Bien organisée et planifiée, elle assure un prix garanti aux éleveurs qui ne payent ni les cochons ni l’aliment. C’est Philicot qui accompagne techniquement et financièrement ces éleveurs. Frédéric Latrace, technico-commercial chez Philicot, organise la mise en place des cochons que le fabricant d’aliment fournit, de même que l’aliment. La filière Porc Plein-air du Morvan produit 30 porcs par semaine qui sont abattus et transformés dans les outils locaux, principalement à l’abattoir d’Autun.