CHAMBRES D’AGRICULTURE

Pour un avenir durable pour l’élevage

L’élevage fait partie de l’ADN d’Auvergne-Rhône-Alpes (Aura). En effet, la région compte plus de 30 000 exploitations concernées par l’élevage et la polyculture élevage. Elle est la première prairie de France avec 70 % de la surface agricole utile (SAU) identifiée en prairie où paissent 2,7 millions d’UGB. Un cheptel important qui malheureusement tend à diminuer. « Entre 2010 et 2020, nous avons perdu dans notre région 29 % des exploitations d’élevage ou de polyculture élevage, 33 % en bovins lait, 17 % en viande bovine… », pose Patrick Escure, éleveur laitier et producteur de viande dans le Cantal et vice-président de la chambre régionale d’agriculture en charge des filières animales. Un constat alarmant dressé en introduction de la conférence organisée par la chambre régionale d’agriculture le 10 octobre au lycée agricole de Précieux (Loire) : « L’élevage durable en Aura aujourd’hui et demain » où intervenait notamment Jean-Louis Peyraud de l’Inrae (son intervention fera l’objet d’un article ultérieur. NDLR). À cette baisse de production s’ajoute la prévision de nombreux départs à la retraite parmi les éleveurs dans les cinq prochaines années. Il ne fait donc aucun doute : les filières animales se trouvent à un tournant historique avec de nombreux défis à relever. Pour les représentants professionnels, il est urgent de donner des « perspectives claires et assumées aux jeunes générations qui auront la responsabilité de pérenniser cette activité, tout en œuvrant en faveur de notre souveraineté alimentaire, de la protection de l’environnement et de l’animation de nos territoires ». À David Chauve, président de la chambre d’agriculture du Puy-de-Dôme et secrétaire général de la FRSEA Aura d’ajouter : « Il y a un véritable enjeu. Il faut faire en sorte que notre métier soit reconnu et rémunérateur et que l’agriculture et les hommes et les femmes qui la composent prennent toute leur place sur leur territoire car l’agriculture est un secteur économique à part entière ».

Manifeste pour l’élevage durable

Des perspectives que la FNB*, le Fnec, le FNO* et la FNPL* affichent clairement dans un Manifeste pour un élevage durable de ruminants au service de territoires vivants (lire encadré) qui a été adopté le 10 octobre par les élus de la chambre régionale d’agriculture réunis en session. « Il faut qu’un maximum d’élus signent ce manifeste, et qu’un maximum de personnes en aient connaissance », clame Patrick Escure. Cette situation est d’autant plus préoccupante que, depuis le printemps, les filières animales font les frais d’attaques. « Un certain nombre de choses se sont passées depuis ce printemps : des visites d’un ministre et des propos que nous n’avons pas compris, le rapport de la Cour des comptes avec lequel nous ne partageons pas la même vision… Nous, agriculteurs, n’avons pas compris ces attaques contre des productions dont le pays a bien besoin », souffle l’élu de la chambre régionale. « Pourquoi n’acceptons-nous pas de valoriser ce que nous faisons, ce qui existe et qui est positif ? Il y a des sujets sur lesquels nous acceptons de travailler, mais aujourd’hui c’est toujours à charge et ce n’est pas possible. En Auvergne-Rhône-Alpes, nous avons besoin de tout le monde, de tous les systèmes, de toutes les filières… pour maintenir notre niveau d’économie et faire face à l’enjeu de la souveraineté alimentaire », interpelle Patrick Escure avant d’appeler à construire un projet « pour renverser la tendance ». Quand le président de la chambre régionale d’agriculture, Gilbert Guignand, souhaite faire de la notion d’élevage durable un atout pour l’agriculture. « Nous avons toujours eu le courage de penser à notre avenir », conclut-il.

Marie-Cécile Seigle-Buyat

*Fédération nationale bovine, Fédération nationale des éleveurs de chèvres, Fédération nationale ovine et Fédération nationale des producteurs de lait.