Conjoncture régionale 2021
Une satisfaction prudente

Les résultats économiques des exploitations agricoles de Bourgogne Franche-Comté ont été présentés par CER France Bourgogne Franche-Comté. L’année 2021 se montre rassurante mais ne doit pas empêcher d’anticiper des tendances futures peut-être moins favorables.

Une satisfaction prudente
Les rendements observés en 2021 dans les grandes cultures permettent de restaurer bon nombre de trésoreries, mais la prudence face à d’éventuels retournements de tendance doit rester la règle (Source Draaf).

Ne pas se laisser éblouir ! Voilà le message délivré par les représentants de CER France lors de la présentation, le 9 novembre à Dijon, des chiffres annuels « Fermoscopie » qui sont une photographie des résultats économiques des exploitations agricoles de Bourgogne Franche-Comté (BFC). Ne pas se laisser éblouir par des résultats qui, s’ils sont bons, peuvent aussi être trompeurs : cette bonne année 2021 intervient dans un contexte plus global où la dernière décennie n’aura pas été avare en déconvenues pour le monde agricole et où les trésoreries auront souvent été mises à mal. « Cette accalmie, soulignait Vincent Landrot, président de CER France BFC, devant l’assemblée réunie dans les locaux d’Agrosup Dijon, si elle permet de rembourser des dettes, d’effectuer des investissements productifs, ne doit pas faire oublier les adaptations nécessaires que nous observons depuis plusieurs années : diversification de l’assolement, multiplication des ressources fourragères, limitation des animaux improductifs, développement de la recherche de valeur ajoutée au sein des filières… ». C’est donc une satisfaction légitime, mais prudente qui a accompagné la révélation de ces résultats. « La bonne année 2021, ajoutait Mathilde Schryve, référente Études et Prospectives chez CER France BFC, fournit l’occasion de se poser face aux grands enjeux, de prendre du recul et de penser à long terme ». D’autant plus qu’en arrière-plan se profile la future Pac qui entrera en vigueur en 2023 et qui devrait rebattre quelque peu les cartes. Avant cela, penchons-nous sur les résultats 2021 des quatre systèmes observés :
– Grandes cultures
Ce secteur a bénéficié d’une météo automnale clémente mais d’une sortie d’hiver et d’un début de printemps marqués par du gel. Un été pluvieux a suivi, qui a impacté la qualité des céréales. En revanche, les conditions météo générales ont été plutôt favorables au maïs et au tournesol. La campagne s’est déroulée dans un contexte d’envolée des cours constatée depuis le début de l’année, accompagnée, en parallèle, d’une augmentation des charges (hausse sur celles liées aux produits phyto, mais baisse de celles concernant les engrais). Au global, CER France note des rendements exceptionnels, en progression, par exemple, de 49 % sur le maïs fourrage, si l’on compare à la moyenne constatée sur la période 2016-2020, mais aussi de 23 % sur l’orge d’hiver (72 qtx) ou de 7 % sur le blé tendre (69 qtx). Au bilan, le produit moyen Grandes cultures s’établit à 209.000 euros en 2021, contre 147.000 € en 2020. Il débouche sur un excédent brut d’exploitation (EBE) de 101.100 €, à comparer aux 48.400 € de 2020. Sur cet EBE, les aides représentent 43 %, contre… 90 % en 2020 ! Le résultat courant par Utaf atteint donc 50.400 € en 2021 contre 8.700 € en 2020. Ces résultats permettent de reconstituer des trésoreries en BFC mais, indique CER France, « il est important de ne pas s’emballer sur les investissements, comme ce qui avait été observé en 2012. Il y a nécessité d’anticiper un éventuel renversement de tendance, en diversifiant les actifs, en épargnant, en engageant une partie de la récolte 2022, en se couvrant sur les intrants, en s’assurant ou en diversifiant son assolement ».
– Bovins allaitants
On sort d’une belle année fourragère. Les agriculteurs ont pu refaire leurs stocks, malgré des conditions de récolte parfois compliquées. Sur les bovins gras, les cours sont en hausse, à des niveaux supérieurs aux années précédentes. Sur le maigre, en revanche, on est un peu en retard sur les cours. Une situation sans doute en lien avec les difficultés constatées d’écoulement des broutards, en lien avec la crise sanitaire de 2020. Globalement, constate CER France, les pays de l’Union européenne produisent moins de viande. La baisse du nombre de producteurs en France est aussi une réalité constatée depuis 2015. En face, on assiste à une reprise de la consommation, avec une demande soutenue sur la viande hachée et une reprise dans la restauration. C’est dans ce cadre que s’inscrivent les résultats économiques du secteur pour 2021, qui montrent un produit moyen bovins allaitants régional de 201.100 euros. Il s’accompagne d’un EBE de 60.500 €, en hausse de 10.000 € par rapport à celui de 2020, mais où les aides représentent 120 %. Le résultat courant par Utaf s’établit à 19.400 €, contre 12.200 € en 2020. C’est dans ce contexte, et en lien avec la loi ÉGAlim 2, que va intervenir, à partir du 1er janvier 2022 pour les animaux finis, et du 1er juillet 2022 pour les broutards, l’obligation, pour les exploitants, de contractualiser, pour la vente de leurs produits.
– Bovins lait de plaine
Le niveau de collecte atteint cette année est le plus faible depuis 2017, en raison, semble-t-il, d’un certain nombre d’arrêts d’activité. Le prix du lait reste porteur avec une amélioration constatée depuis juillet (autour de 390 euros/1.000 litres). On arrive là sur un résultat courant de 361.100 euros, d’où ressort un EBE de 110.300 € (dont 52 % d’aides), à comparer à l’EBE de 90.000 € relevé en 2020. Le résultat courant par Utaf atteint 29.000 €, contre 18.000 € en 2020. Selon CER France BFC, le niveau de risque financier est considéré comme nul pour la moitié d’entre elles, et moyen ou élevé pour 28 %. L’enjeu majeur pour l’avenir paraît se situer dans l’acquisition d’une bonne autonomie alimentaire afin de pallier la hausse du prix des aliments et le changement climatique.
– Bovins lait AOP du massif jurassien
Ce secteur regroupe les producteurs de lait à destination de la fabrication de Comté, Morbier, Mont d’Or et Bleu de Gex. La production, dynamique, s’appuie sur un nouveau cahier des charges qui est un bon outil, porteur de prix robustes. Le prix du lait sur ce créneau (610 euros/1.000 litres en juin contre 580 € en 2020) est aujourd’hui supérieur à ce qu’il a été les quatre années précédentes et, là aussi, les stocks fourragers ont été reconstitués. La collecte 2021 est en hausse. Le résultat courant moyen BFC s’établit à 306.300 €, avec un EBE de 122.500 € (dont 37 % d’aides), en progression de 5.000 € par rapport à 2020. Au final, le résultat courant par Utaf atteint 29.500 €, contre 29.100 € en 2020. Il faut noter que ce résultat est en progression régulière depuis dix ans.

Berty Robert

Pour les bovins allaitants, la reprise de la consommation, notamment en restauration hors domicile, donne de l’oxygène. (Source Idele)