Risque de gel de printemps
Vers un retour en force de la taille tardive ?

Régis Gaillard
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Si la taille tardive ne saurait être une solution idéale pour lutter contre les effets du gel, elle pourrait toutefois permettre d’anticiper et limiter les risques d'un gel printanier sur les parcelles sensibles.

Vers un retour en force de la taille tardive ?

Face à une véritable roulette russe qu’est la météo, il faut être prêt à parer toute éventualité. Et, parmi ces éventualités, il y a le gel de printemps. D’après les statistiques, les stades de la vigne apparaissent deux semaines plus tôt qu’il y a vingt ans. Cette avance, combinée avec un climat qui a tendance à être assez humide sur la période de mars-avril, entraîne trop souvent le gel des bourgeons. Face à cette menace, un certain nombre de pratiques de tailles peuvent aider à minimiser ce risque.

Vers un retour de la taille tardive

Abandonnée lors des dernières décennies, la taille tardive renaît un peu de ses cendres avec le retour des gelées de printemps. Mais il s’agit de savoir dans quelles mesures celle-ci est pertinente. 

Le principe est de réaliser une taille en deux temps avec une « pré-taille » en hiver où seront sélectionnés les coursons et les baguettes. Puis il faut attendre le débourrement d'un bourgeon terminal pour réaliser la taille « définitive ou épluchage de la baguette » et établir la charge correcte du pied. Cette méthode permet de retarder le débourrement de plusieurs jours à une semaine et, ainsi, de décaler la période sensible de la vigne après une période de gel. Il est conseillé de combiner cette méthode en retardant le pliage des baguettes, car les bourgeons subiront pleinement l’inhibition des yeux au-dessus et leur départ en végétation sera retardé. Ce décalage peut permettre de réduire les dégâts du gel si celui-ci n’est pas trop intense ni trop tardif. Cependant, si le gel de printemps est trop fort, cela ne suffit pas.

Temps, organisation et réserve de la vigne

La méthode de la taille tardive demande du temps et de l’organisation. Le mieux est de cibler les parcelles les plus gélives de l’exploitation car si ce moyen de contrer le gel a l’avantage d’être peu onéreux et entièrement respectueux de l’environnement, il est toutefois chronophage et doit respecter une chronologie tout à fait particulière. Il faut bien anticiper cette méthode et être très réactif pour maximiser l’effet de retard du débourrement.

Par ailleurs, cette taille tardive peut affaiblir les ceps. Ceux-ci doivent, en effet, assurer le démarrage d’un plus grand nombre de bourgeons qui ont été laissés en débourrement puis éliminés. Ils ont donc un peu plus puisé dans les réserves des ceps. Par ce phénomène, le pied de vigne perd ses réserves situées dans les organes qui commencent à croître. Enfin, il faut bien anticiper les fenêtres météorologiques car un autre risque est de voir une gelée très tardive sévir alors que les opérations de tailles tardives ont été trop anticipées ; l’effet sera nul voir amplifié si les bourgeons se retrouvent au stade le plus gélif.

Régis Gaillard - Guillaume paire