Congrès JA 2017
Congrès JA : Rénover la gestion des risques

Publié par Cédric Michelin
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Réunis à Dunkerque du 6 au 8 juin, les jeunes agriculteurs ont dévoilé leurs propositions pour assurer la durabilité d’un secteur qui fait face, depuis plusieurs années, à la conjonction des aléas (climatiques, sanitaires, économiques, réglementaires…).   

Si Emmanuel Macron a décliné l’invitation de Jeunes agriculteurs (JA) à intervenir devant leur congrès à Dunkerque, les attentes restent fortes à l’égard des Etats généraux de l’alimentation, l’une de ses promesses de campagne. Ceux-ci devraient se tenir cet été, a indiqué le ministre de l’Agriculture Jacques Mézard, venu le 7 juin, et les agriculteurs entendent bien saisir cette occasion pour acter un retour de valeur ajoutée à leurs produits. Le ministre a également affirmé travailler sur les autres propositions du président, à savoir le plan d’investissement de cinq milliards d’euros sur cinq ans, la simplification des normes, et le prêt d’honneur pour les jeunes agriculteurs, une mesure qui n’apparaît cependant pas prioritaire aux yeux de Jérémy Decerle, président de JA. Le syndicat a de son côté formulé des propositions fortes dans le rapport d’orientation, consacré à la gestion des risques, rapport qui « ne vaut que si tous les acteurs s’en servent pour faire avancer les enjeux majeurs pour les agriculteurs », a rappelé le président de JA, incitant sur ce sujet à « être courageux. Nous, nous le serons ! ».

Nouveau système assurantiel 

Parmi les propositions principales, celle de rendre obligatoire, lors d’une installation ou d’un projet de développement, la réalisation d’un plan de gestion des risques. Ce diagnostic pourrait être réalisé par le GAMA, le Groupement d’assurance mutualiste agricole que JA propose de mettre en place et qui aurait pour fonction d’assurer des missions d’audit et de conseil en matière d’assurance agricole sans pour autant vendre les produits assurantiels. Au niveau national, JA propose de donner une place centrale au Corena (Comité de rénovation des normes en agriculture) et au Conseil supérieur d’orientation sur la gestion des risques. La PAC et l’Europe constituent un autre volet de cette politique de gestion des risques rénovée. JA souhaite, à terme, basculer d’un système de paiement à l’hectare vers un paiement à l’actif agricole et au développement d’outils de type contra-cycliques et assurantiels. Sans pour autant rendre l’assurance obligatoire. Cet outil, qui coûte très cher, n’est pas adapté à toutes les situations, comme le rappelle Arnaud Petit, du Copa-Cogeca. Et il ne serait pas non plus bienvenu « de faire un transfert d’argent des subventions publiques vers l’assurance privée », ajoute de son côté Eric Andrieu, député européen. La solution est en effet une « somme d’outils » qui, s’ils s’avèrent performants, constitueront une « incitation suffisante », estime Vincent Touzot, membre du bureau de JA. Le CAF organisera le 10 octobre une journée consacrée à la gestion des risques, a de son côté annoncé Christiane Lambert, présidente de la FNSEA.

Renouvellement des générations 

La table-ronde du 8 juin, qui a porté sur la PAC, a également posé la question de la place à accorder à l’agriculture dans notre société. Alors que le budget de la future PAC risque d’être en diminution, il faut d’abord, pour les différents intervenants, mettre en avant les ambitions et redonner du sens à cette politique agricole mais aussi alimentaire. « On est en capacité d’exiger des moyens supplémentaires si on répond aux attentes de la société », estime Eric Andrieu. Il est également nécessaire de ne subventionner que les agriculteurs actifs : « nous voulons que l’Europe donne un cadre pour que chaque pays puisse mette en place sa définition de l’agriculteur actif », a rappelé Jérémy Decerle, un point important pour JA qui ne veut plus que des aides soient données à des retraités ou à des gens qui pratiquent le travail à façon. « On ne peut pas créer un système dans lequel les gens sont aidés pour ne rien faire », renchérit Jannes Maes, du Ceja.

Cette vision paraît ainsi indispensable au renouvellement des générations en agriculture, auquel les jeunes agriculteurs européens proposent de consacrer 20 % du premier pilier de la PAC. Pour Luca Gaddoni, conseiller politique de Coldiretti (organisation professionnelle agricole italienne), « les jeunes agriculteurs sont les plus performants de tout le secteur agricole, il faut leur donner des aides non pas parce qu’ils sont jeunes, mais parce qu’ils mettent en place des innovations, il faut donner un prix à ces activités ». Le renouvellement des générations reste en tout cas la première priorité de JA qui fêtait à ce congrès ses soixante ans d’existence et reste déterminé à faire avancer l’agriculture : « continuons collectivement à imaginer, dessiner, écrire l’avenir de l’agriculture, pour que nous puissions continuer à dire avec force et sérénité que nous sommes fiers d’être paysans ! », a conclu avec conviction Jérémy Decerle.