Coopération internationale
Au Sénégal, des petits pas qui font reculer la malnutrition

Dans le cadre de l’Afdi*, des agriculteurs français poursuivent leur coopération avec des pays du sud. En novembre dernier, trois d’entre eux originaires de la Loire ont effectué une mission au Sénégal dans les régions de Kaolack et Fatick.

Au Sénégal, des petits pas qui font reculer la malnutrition
Stéphane Joandel, Nadine et Gérard Gallot, aux côtés de la communauté des agricultrices des régions de Kaolack et Fatick.

Entourée au nord et au nord-est par les régions de Thiès, Diourbel et Louga, au sud par la République de Gambie, à l’est par la région de Kaolack et à l’ouest par l’océan Atlantique, la région de Fatick est l'une des quatorze régions administratives du Sénégal. C’est ici dans la région de Kaolack et de Fatick – deux villes séparées par quelques 45 km - que des agriculteurs de la Loire ont noué depuis vingt ans des liens privilégiés avec des groupes d’agricultrices désireuses de professionnaliser leurs productions. Fin novembre, Stéphane Joandel, Nadine et Gerard Gallot, tous les trois producteurs de lait, sont retournés en mission au Sénégal. Objectif : poursuivre les travaux de développement initiés grâce à l’Afdi auprès des Plateformes des organisations paysannes des régions de Kaolack Kaffrine Diourbel et Fatick (POPKADIFA). Des organisations qui sont essentiellement composées de femmes fédérées par la charismatique Louise. « Là-bas, l’enjeu est de sécuriser la production, de faciliter le travail et d’organiser la commercialisation pour que les agricultrices puissent vendre leurs produits à leur juste valeur », résume Stéphane Joandel. Au bout de cinq ans de ténacité, la délégation ligérienne a pu mesurer la portée de leurs efforts. « Nous avons visité une unité de transformation de mil pour la farine et d’arachide pour l’huile, et il fallait voir le sourire de ces femmes soulagées d’une partie de leur charge de travail grâce à la mécanisation. » Cette structuration aussi infime soit-elle a déjà permis de faire reculer la malnutrition, Stéphane Joandel en est convaincu : « On sent que les populations sont mieux nourries. Nous allons poursuivre nos efforts en mobilisant des fonds sachant qu’on estime qu’un litre de lait et 200 g de farine de mil constituent un repas complet pour les enfants ». 

Changement climatique

Cette opération n’est en effet que le début d’une aventure plus large qui devrait permettre d’ici quelques années de structurer une unité de transformation, d’emballage et de commercialisation. Aux premières loges du changement climatique, l’agriculture sénégalaise a dû faire face en 2022 à un mois de pluie supplémentaire, ravageant une partie des cultures. Dans le pays où en général trois mois de pluie interrompent une grande période sèche, les céréales occupent 49 % des terres cultivables devant l’arachide (37 %). Les principales céréales sont le mil (28 % des terres cultivées), le maïs (9 %), le riz pluvial (7 %), le sorgho (4 %). Le mil est principalement produit et consommé dans les régions centrales du pays. Kaolack représentant le marché régional le plus important. La production annuelle de mil s’établit autour de 900 000 à 1 000 000 t en 2020/2021, en augmentation continue depuis 2013 (640 000 t en 2013). « Le mil au Sénégal fait partie d’une chaîne de valeur à croissance rapide où les petites et moyennes entreprises (PME) de commercialisation et de transformation jouent un rôle important. D’où l’intérêt de les accompagner dans leur besoin de modernisation », estime Stéphane Joandel. Mécanisation, formation, recherche variétale, accompagnement à tous les niveaux…il faut actionner tous les leviers, et responsabiliser les acteurs « Ils nous considèrent comme des sauveurs. Ils attendent beaucoup de nous, notre rôle est de les guider vers une nécessaire prise en main », poursuit l’éleveur.

Sophie Chatenet

*Agriculteurs français et développement international