Signaler son domaine viticole ou figurer sur une route des vins, comment solliciter ou bénéficier de la multitude de panneaux qui parsèment le département ? La question paraît simple, la réponse l’est beaucoup moins et dépend du type de panneau souhaité, de son installation sur le domaine privé ou public, dans une démarche individuelle ou collective.

Faut-il tomber dans le panneau ?
Route des vins, route des crémants, panneaux touristiques ou publicitaires... Comment s'y retrouver dans les règles de signalisation ?

La solution la plus simple, a priori, est la démarche individuelle d’un vigneron qui souhaiterait indiquer son domaine. Dans ce cas, les panneaux les plus faciles d’accès sont les enseignes commerciales que l’on peut, par exemple, commander à une agence de communication et qui permettent d’indiquer l’entrée du domaine. On y appose les logos et labels que l’on souhaite, mais il faut une autorisation spéciale lorsqu’elles sont installées sur un immeuble, sur un site classé, une réserve naturelle ou encore un monument historique. Il s’agit d’un dispositif publicitaire dont les emplacements et les dimensions sont réglementés. Certaines communes exigent même une taxe locale.

Dans tous les cas, le mieux est donc de s’adresser à la mairie pour remplir l’éventuel dossier d’autorisation, le plan de situation du terrain et l’accord signé des propriétaires, si le terrain est privé. Si la déclaration préalable n’est pas faite ou si elle n’est pas conforme, vous risquez une amende administrative égale à 1.500 € et une amende pénale de 7.500 €. Dans la même catégorie, on retrouve les pré-enseignes qui orientent le public jusqu’au domaine. Interdites dans les agglomérations de moins de 10.000 habitants, sauf dans les agglomérations faisant partie d’une unité urbaine de plus de 100.000 habitants, elles ne nécessitent aucune déclaration lorsqu’elles font moins d’un mètre de hauteur et moins d’un mètre et demi de largeur. Au-delà, il faut s’adresser à la mairie de la commune concernée, si elle dispose d’un règlement local de publicité (RLP), ou à la préfecture si ce n’est pas le cas. Hors agglomération, seules les pré-enseignes dérogatoires sont possibles, à l’instar des caveaux de dégustation qui peuvent en avoir deux au maximum. Hors du domaine public, les pré-enseignes doivent être à moins de 5 km du domaine et à 5 m du bord de la chaussée.

Un exemple d'enseigne commerciale.

La signalétique d’information locale (S.I.L)

Sur ces panneaux très réglementés, pas question d’ajouter un label ou un logo. Les services concernés choisissent l’idéogramme associé à l’activité, une grappe de raisin pour un domaine viticole en l’occurrence, qui peut s’accompagner notamment d’un lit pour le gîte associé, si besoin. Seuls le nom du domaine et sa direction fléchée sont indiqués. Ces panneaux peuvent être demandés au sein d’une agglomération ou en dehors. Dans le cas d’un panneau en agglomération, c’est à la mairie ou à la collectivité responsable de la signalisation sur les voies communales qu’il faut s’adresser. Dans le cas d’un S.I.L hors agglomération, l’interlocuteur dépend de la nature de la route où elle est implantée : la commune pour les routes communales, le Département pour les départementales et la Direction interdépartementale des routes (DIR) pour les nationales. Cette fois, la permission de voirie est obligatoire. Il existe en outre une charte SIL qui est propre au département et liste, entre autres, la liste des idéogrammes utilisés. La législation prévoit en outre que ces dispositifs de signalisation doivent être maintenus en bon état de propreté, d’entretien et de fonctionnement. C’est pour cela qu’ils font parfois l’objet d’une campagne de renouvellement comme celle qu’entreprend actuellement le BIVB.

Anciens et nouveaux panneaux du BIVB.

La démarche collective du BIVB

Le projet de signalisation des appellations du Bureau interprofessionnel des vins de Bourgogne (BIVB) remonte aux années 1990. À l’époque, le Bureau entreprend de désigner, d’indiquer et d’orienter toutes les appellations du vignoble à l’aide de plus d’un demi-millier de panneaux de signalisation culturels et touristiques, les fameux panneaux marron. « Nous avions alors beaucoup plus de panneaux qu’à l’heure actuelle » se souvient Virginie Valcauda, directrice de la communication du BIVB. « Depuis, la législation a évolué et nous ne pouvons pas mettre des panneaux n’importe où. En 2005, les services de l’État nous ont demandé de nous concentrer sur les axes d’entrée dans l’appellation et de sortie de l’appellation. Nous avons donc effectué ce travail avec les organismes de gestion des appellations (ODG) à 330 panneaux ». Tous les 15 ans environ, le BIVB entreprend de renouveler cette signalisation. Une campagne de rajeunissement est en cours. Il ne s’agit pas seulement d’entretien mais aussi de donner un coup de jeune à cette signalisation qui change de design. « Dans un premier temps nous avons réalisé nos premières esquisses, puis nous avons travaillé avec le fabricant, Signaux-Girod, qui a un service graphique. Nous avons affiné en tenant compte des avis des professionnels impliqués et de nos partenaires régionaux ». Le BIVB, qui ne se charge que des indications d’appellation collective et non des domaines privés, entreprend une campagne de renouvellement qui durera un an. En cause, notamment, le changement d’emplacement d’une trentaine de panneaux en raison d’un changement de la législation environnementale. Ces changements, qui ne concernent que 10 % de l’ensemble de la signalétique BIVB, exigent de trouver un nouvel endroit, parfois sur un terrain privé, et donc de demander l’accord du propriétaire et la validation de la DDT. « Les panneaux des secteurs protégés doivent être installés sur une parcelle privée en lien avec l’activité viticole », précise Virginie Valcauda. Un travail de longue haleine de la directrice communication compte bien faciliter à l’avenir. « Cette année, nous avons décidé de mettre tous nos panneaux dans un Système d’information géographique (SIG), ce qui veut dire que dorénavant, le BIVB a les coordonnées GPS de chaque panneau, je peux les identifier et obtenir des clichés ». Le SIG permet notamment d’identifier les panneaux endommagés avant d’attendre une nouvelle campagne de renouvellement. Quelle que soit l’ampleur de la tâche que représente cette démarche, le BIVB n’hésite pas une seconde, « cette signalisation est un outil exceptionnel de valorisation de notre terroir ».

Sur les autoroutes aussi, les panneaux jouent leur jeu.

Panneaux autoroutiers

Dans cette liste, loin d’être exhaustive, des panneaux destinés à promouvoir domaines viticoles, vignobles et terroirs, un autre exemple est à rappeler. En 2016, soixante panneaux touristiques ont été installés sur les autoroutes qui traversent la Saône-et-Loire pour promouvoir sa gastronomie, son patrimoine et sa viticulture. Autoroutes Paris Rhin Rhône (APRR), avait alors sollicité le Département pour cette signalisation d’animation culturelle et touristique sur les autoroutes A6, A39, A40, A406, en présence d’Élisabeth Roblot, vice-présidente du Département en charge du tourisme et de l’attractivité du territoire. « Ils avaient alors des demandes non coordonnées qui leur parvenaient tous azimuts. Ils nous ont demandé de les coordonner pour qu’il y ait une cohérence dans les panneaux qui ont été installés. Le but était de raconter une histoire de la Saône-et-Loire avec cette signalétique. » Le Département a pris en charge 55 % du coût de l’opération, 720.000 €, le reste étant à la charge des intercommunalités qui ont participé. « APRR nous avait indiqué les emplacements disponibles. Nous proposions les thèmes, et la direction artistique d’APRR proposait des visuels ». C’est néanmoins la Préfecture de région qui a le dernier mot et valide, ou non cette signalisation.

Quant à l’impact, il est difficile à mesurer selon Mathilde Boissot, chargée de communication pour l’association des Climats du vignoble de Bourgogne, « Malheureusement, nous n’avons pas de données quantitatives sur leurs impacts. Mais plusieurs hôtels disent avoir été contactés par des clients à ce sujet. Des personnes qui ont été interpellées par ces panneaux ». L’association a donc décidé de créer six vidéos sur différents thèmes, qui parlent de l’histoire des Climats, de leur signification, etc. Ces vidéos ont été mises à disposition des hôteliers pour, ensuite, être diffusées auprès des visiteurs. Idem pour le château de Couches, où une différence en termes de fréquentation aurait été observée après la pose d’un panneau touristique.

Vous l’aurez compris, quelle que soit la nature de la signalisation, le projet nécessite d’être conseillé et accompagné par la commune, la collectivité voire l’interprofession. Un investissement en termes de temps et d’argent mais qui vaut largement la peine, surtout lorsque l’on propose des dégustations.