SYNDICALISME
Une réforme satisfaisante, mais incomplète

Tandis que la réforme de l’assurance récolte vient d’être annoncée par le ministère de l’Agriculture, le président de la FRSEA Auvergne-Rhône-Alpes évoque une avancée pour l’ensemble des filières. Seul point de friction : le parti-pris de maintenir seulement les analyses satellitaires pour les prairies.

Une réforme satisfaisante, mais incomplète
Le président de la FRSEA Auvergne-Rhône-Alpes ne cache pas son inquiétude face au maintien des analyses satellitaires sur les prairies.

Le président de la FRSEA Auvergne-Rhône-Alpes, Michel Joux, ne peut que s’en réjouir : « Nous avons milité pour un système assurantiel qui s’applique à toutes les cultures ». Et c’est ce que le syndicat a obtenu. Toutes les cultures et donc tous les agriculteurs seront éligibles au nouveau dispositif. Y compris les grandes cultures et la viticulture qui étaient sorties du régime des calamités agricoles. « Le second élément important, c’est que l’État s’est engagé dans le dispositif à hauteur de 680 millions d’euros pour mettre en place un seuil de solidarité nationale », détaille le responsable. Si cette enveloppe est jugée satisfaisante par la profession, le montant en cas de sinistres climatiques à répétition pose néanmoins question.

Des analyses satellitaires remises en cause pour les prairies

Mais ce qui tourmente le plus le syndicat majoritaire, concerne le système d’analyses des prairies et de la pousse de l’herbe pour les éleveurs. « On nous demande d’effectuer des constats à l’aide de logiciels et de satellites qui analysent la pousse de l’herbe tout au long de l’année. Mais ce qui nous alerte, c’est la fiabilité des algorithmes », explique Michel Joux. Ce processus était déjà utilisé au cours des calamités agricoles, mais il était couplé avec des analyses faites sur le terrain par les directions départementales des territoires (DDT). « Les deux méthodes collent sur certains territoires, mais dans d’autres, comme l’Ain, les expertises terrain annoncent 50 % des pertes, quand le logiciel est plutôt à 0 %... Si nous avions 10 % d’écarts, il n’y aurait pas de débat, mais dans certains territoires, le coefficient d’indice de grille satellitaire fait que nous ne collons pas du tout avec la réalité. Pour les premières années, il faudrait rendre possible des expertises de terrain pour infirmer ou confirmer les résultats des satellites. » Une proposition restée, pour l’instant, sans réponse positive. Dans ce contexte, le risque est finalement qu’une bonne partie des éleveurs ne souscrivent pas aux contrats prairies.

Un calcul de la prime d’assurance jugé désavantageux

Michel Joux l’affirme sans hésiter, cette réforme de l’assurance est un pas en avant pour les filières. Seul un bémol subsiste : le calcul de la prime d'assurance et de l'évaluation des pertes. Cette dernière dépend de l'évaluation du capital assuré et donc des pertes de rendement. Elle se fera sur la base des trois dernières années ou de la « moyenne olympique », qui prend en compte les cinq dernières années, en enlevant la pire et la meilleure. « Ces périodes glissantes donnent un potentiel de production qui n’intègre pas la part de pertes qu’un exploitant a pu avoir durant les cinq ans, déclare-t-il. Si une exploitation connaît beaucoup de sinistres, l’agriculteur finira par payer une cotisation, tout en étant moins assuré puisqu’il n’aura plus autant de potentiel de production. »

Léa Rochon