EXCLU WEB / Œufs : touchée par l’influenza, la production ralentit

Comme la filière volaille de chair, l’élevage de poules pondeuses est pris entre deux feux, l’inflation des matières premières et l’influenza aviaire. La production est annoncée en retrait de 9 % sur le premier semestre.

EXCLU WEB / Œufs : touchée par l’influenza, la production ralentit

La filière œuf est dans la tourmente. Dernier problème en date, et pas des moindres : l’influenza aviaire, qui a frappé l’ouest de la France ces dernières semaines. Le virus a gravement touché les Pays de la Loire qui représentent 20 % de la production nationale d’œufs, et menace la Bretagne qui pèse quant à elle environ 50 %. Au même titre que dans la filière volaille de chair, les professionnels de l’œuf retiennent leur souffle, mais une partie du mal est fait. Ils s’attendaient déjà, la semaine dernière, à une production en retrait de 9 % sur le premier semestre 2022 (par rapport à la même période en 2021), rapporte l’interprofession (CNPO), d’après des estimations de l’Itavi.

« Fin mars, plus de 3 millions de poules pondeuses avaient déjà été abattues en France, ce qui représente 2,5 millions d’œufs par jour soit 6 % de la production française », résume l’interprofession dans un communiqué paru le 11 avril. Il faut y ajouter 800.000 poulettes abattues, dont l’absence retardera les mises en place. La situation ne s’arrête pas à la France. « Au niveau européen, ce sont plus de 16 millions de poules pondeuses qui ont été abattues depuis cet hiver », rappelle le CNPO. Des solutions sont à l’étude pour diminuer cette baisse, indiquent les professionnels. Il pourrait notamment s’agir d’accélérer la production des couvoirs. En attendant, le CNPO constate déjà « des ruptures d’approvisionnement ».

Prix presque doublé sur un an

L’autre problème de la filière est moins récent, bien qu’accru ces dernières semaines, c’est l’inflation des matières premières, qui devrait faire franchir des records au coût de production dans les prochains mois. L’aliment pour poules pondeuses a déjà connu une hausse de « 40 % sur les 18 derniers mois », et l’Itavi anticipe une nouvelle hausse « d’au moins 40 % en trois mois », selon le CNPO. Combinés, l’influenza et l’inflation ont fait exploser les cours sur le marché libre de l’œuf. Sur un an, la cotation française des œufs (Les Marchés) a quasiment doublé, passant de 7 euros les 100 pièces (TNO calibré, brun, Rendu, M) en avril 2021 à 12,65 euros le 12 avril dernier.

Toutes ces hausses restent en grande partie à répercuter à l’aval, selon la filière. Au-delà des renégociations en cours avec la grande distribution, le CNPO alerte sur le cas de la restauration hors domicile (RHD), en particulier à la restauration collective publique. L’interprofession demande une évolution des « conditions d’exécution des marchés publics » et l’augmentation des budgets. Sur la question des marchés publics, une circulaire signée par le Premier ministre a justement été présentée au Conseil national de la restauration collective (CNRC) le 1er avril, qui donne des indications pour répercuter l’inflation.