ILS TÉMOIGNENT
Faire face aux oiseaux, blaireaux et sangliers

Dominique Sublet (Rhône) et Florent Martinelli (Drôme) sont tous les deux agriculteurs et subissent des dégâts occasionnés par la faune sauvage dans leurs parcelles. Ils témoignent.

Faire face aux oiseaux, blaireaux et sangliers
À Feyzin (Rhône), les blaireaux, dont les populations ne cessent de croître, creusent des galeries dans les champs qui peuvent provoquer des effondrements lors des travaux dans les champs. ©DSublet

À Feyzin (Rhône), Dominique Sublet cultive 120 ha de nombreuses variétés de céréales. S’il y a encore quelques années, il semait encore des pois et des tournesols, il a décidé d’arrêter en partie à cause des pigeons et autres corbeaux qui provoquaient des dégâts importants sur ces cultures. Pour autant, le céréalier de l’Est Lyonnais continue à faire face à l’appétit de ces oiseaux. « Sur Feyzin, c’est une horreur. Chaque année, à cause des pigeons et des corbeaux, je dois ressemer entre cinq et dix hectares. Et l’an dernier, à cela, se sont ajoutées la grêle et la sécheresse. La cerise sur le gâteau », déplore l’exploitant. Alors pour faire face, Dominique Sublet peut compter sur plusieurs moyens de lutte plus ou moins efficaces. « Nous avons encore la possibilité en maïs d’utiliser un répulsif qui a certes un faible impact, mais qui a le mérite d’exister. Je possède également deux effaroucheurs dans mes parcelles et un revolver à fusée traçante. » Le céréalier rhodanien salue également l’appui des chasseurs dans cette lutte collective et ne manque jamais de faire ses déclarations de dégâts pour que ces oiseaux ne soient pas déclassés.

De plus en plus de blaireaux

Ces bêtes à plumes ne sont pas les seuls animaux qui causent des dégâts dans les parcelles de Dominique Sublet. Depuis quelques années, les blaireaux sont de plus en plus nombreux à nicher sur le plateau des grandes terres qui s’étend sur Feyzin, Vénissieux et Corbas. « Il y a une dizaine d’années, nous ne comptions qu’un seul couple. Aujourd’hui, ils sont au moins une dizaine », dénombre l’agriculteur. Si les blaireaux ne causent que très peu de dégâts sur les cultures en elles-mêmes, « ils labourent comme les sangliers ou, quand les cultures sont hautes, ils les couchent complètement », ils sont de véritables fléaux pour les parcelles. « Ils creusent de longues galeries de 30 voire 40 cm sur une profondeur pouvant atteindre 4 mètres. Quand nous arrivons avec les moissonneuses ou les tracteurs pour les travaux, ces galeries s’effondrent causant d’importants dégâts sur notre matériel. » Alors pour réguler cette population grandissante, les céréaliers du secteur ont entrepris de nombreuses démarches administratives auprès des chasseurs, de la mairie et de la préfecture pour obtenir des déterrages ponctuels des terriers. Une opération qui a révélé un autre problème : « Ils ont découvert que les renards occupaient les terriers des blaireaux. Lors d’un déterrage, ils en ont trouvé huit dans un terrier ».

Des sangliers dans les vignes

Plus au sud, une parcelle de vignes à Crozes-Hermitage où le terroir donne, selon son exploitant « un très bon vin » voit régulièrement passer les sangliers. Ici, ils ne viennent pas manger les baies lors des vendanges, mais labourer le terrain après le semis des couverts végétaux. « Le léger travail du sol que nous effectuons doit, je pense, faire remonter un peu d’humidité et certainement davantage d’odeurs qui les attirent », explique Florent Martinelli, le viticulteur de Beaumont-Monteux (Drôme) qui exploite 19 ha de vignes. Si ces passages de sangliers n’affectent que très peu sa récolte, le vigneron déplore surtout les ornières qu’ils causent. « On peut se trouver rapidement bloqué avec nos tracteurs ou, au moment des vendanges, un salarié peut se blesser nous empêchant de travailler aussi efficacement que nous le souhaiterions pendant cette période de récolte. » Pour empêcher les sangliers de passer sur sa parcelle, le viticulteur drômois n’a pas d’autre choix que de clôturer électriquement sa parcelle de 3,5 ha. Une clôture fournie pas la fédération départementale de chasse. Toutefois, les ennuis ne s’arrêtent pas là : « Ma clôture est à chaque fois endommagée. Je monte donc régulièrement pour la réparer ».

Marie-Cécile Seigle-Buyat