Agriculture de précision
L’agriculture cible de la cybercriminalité

L’agriculture qui est de plus en plus connectée n’est pas à l’abri d’attaques de hackeurs pour piller, falsifier, vendre les données qu’elle produit.

L’agriculture cible de la cybercriminalité

Contrairement à ce que l’on pourrait penser, l’agriculture devient une cible privilégiée de la cybercriminalité. Il n’y a rien d’étonnant, selon Stéphane Mortier, responsable analyse intelligence économique à la Gendarmerie nationale. L’agriculture et l’agroalimentaire ont été choisis par les pouvoirs publics pour le filtrage des investissements étrangers. Le contexte géopolitique aidant, la guerre en Ukraine, l’affirmation de la souveraineté alimentaire, suscitent l’intérêt des hackeurs pour ce secteur. De plus, il s’agit d’un secteur d’innovation : l’agriculture est de plus en plus connectée, elle utilise de plus en plus robots et drones, sans parler des recherches génétiques très avancées dont elle fait l’objet. Le secteur agricole représente environ 20 % des sinistres cybercriminels, soit une proportion peu ou prou identique à celle que l’on retrouve au sein des collectivités locales

Avoir conscience du risque

Ainsi, l’agriculture digitale emmagasine et publie également quantité de données qui suscitent des convoitises, données qui peuvent être piratées, falsifiées, vendues dans l’intention de nuire à l’entreprise voire à un pays. Exemple donné par Stéphane Mortier, celui des chiffres relatifs à une épizootie qui peuvent être trafiqués pour déstabiliser une filière. Autre exemple, l’introduction de données frauduleuses dans l’informatique de bord et les capteurs des équipements agricoles pour modifier le calendrier des semis ou celui de l’arrosage, le dosage des engrais et des produits phytosanitaires dans l’agriculture de précision. Dans les bâtiments d’élevage, la modification de la température et de l’hygrométrie, voire la mise en panne des installations, peuvent avoir des conséquences catastrophiques sur la vie des animaux et la production. Également visés, les robots de traite qui peuvent faire l’objet d’interventions malveillantes pour altérer la bonne marche de l’élevage. « Être conscient du risque, c’est déjà le réduire de moitié. L’important est d’en prendre conscience et de l’anticiper », conseille Stéphane Mortier.

Pour sa part, Groupama travaille à la prévention du risque à travers une solution d’autodiagnostic permettant à l’agriculteur de connaître son exposition au risque cyber et à la sensibilisation. Les clients du marché agricole (via les contrats dommages et responsabilité civile) bénéficient d’un premier niveau de couverture au risque cyber ainsi que de l’accompagnement d’un expert cyber certifié par l’Agence nationale de sécurité des systèmes d’information pour la gestion de crise. Les assurés peuvent également souscrire une couverture de second niveau via une offre « stand alone ». Il s’agit d’une couverture cyber dédiée qui permet de couvrir l’ensemble des risques cyber ainsi qu’une perte d’exploitation en cas de sinistre.