En assemblée générale dans la Nièvre, Bio Bourgogne a fait le constat d’un ralentissement de la dynamique de conversion sur sa zone. Le message d’une implication plus forte du politique pour soutenir le secteur a été rappelé.

AG Bio Bourgogne
Laurence Henriot, présidente de Bio Bourgogne.

Plus que le marché, c’est la volonté politique qui doit accompagner le développement de l’agriculture biologique : le constat était dressé, le 13 mai, par Laurence Henriot, la présidente de Bio Bourgogne (1). Il faut dire qu’à l’occasion de l’assemblée générale de l’organisme, organisée à la Maison du Parc du Morvan, à Saint-Brisson, dans la Nièvre, constat était fait d’un certain ralentissement du nombre de conversions en bio. 2 305 fermes, soit près de 14 % des exploitations agricoles bourguignonnes, fonctionnent aujourd’hui selon ce modèle cultural. En 2021, on a compté 322 fermes supplémentaires. Néanmoins, au sein de Bio Bourgogne, on a aussi noté au cours de cette année un ralentissement sur les grandes cultures, notamment dans l’Yonne. Depuis le début 2022, les quatre départements bourguignons concentrent 81 projets de conversion. Une dynamique clairement plus faible que l’année précédente. Hors viticulture, le nombre des conversions bourguignonnes serait inférieur de 50 % à 2021.

Une baisse de consommation relative

Une situation inédite depuis 2015, soulignait Laurent Barle, directeur de Bio Bourgogne : « on constate également 120 déconversions en 2021 et 42 depuis le début de l’année 2022. En rythme normal, le taux de déconversion tourne autour de 5 % par an, mais actuellement, on est plutôt autour de 10 % ». Le secteur fait-il face à un vrai péril ? Tout est relatif : le marché des produits de grande consommation a montré qu’en 2021, les baisses sont loin de n’avoir concerné que les produits bios. Il n’y a pas eu, lors de l’année écoulée, de véritable « décrochage » du marché, mais plutôt une légère baisse. Dans les faits, le marché actuel de la bio en distribution (magasins spécialisés et grandes et moyennes surfaces) a même progressé par rapport à 2019 (+9,4 % en chiffre d’affaires). Au sein de Bio Bourgogne, on déplore néanmoins la montée en puissance de labels concurrents (HVE ou zéro pesticide) qui contribuent à brouiller le message vis-à-vis des consommateurs. On craint également la réalité économique du retour de l’inflation, qui risque d’engendrer des choix de consommation non favorable au secteur. On constate enfin la mécanique actuelle des cours où les prix de l’agriculture conventionnelle réduisent leur écart avec ceux du bio. D’où la nécessité, rappelée par Laurence Henriot, de communiquer en faveur des produits bios. Une campagne de communication nationale doit se dérouler sur tout le mois de juin. Son impact sera l’un des enjeux que le secteur va surveiller de près.

Restauration collective, transmission…

En attendant, 2021 aura aussi été une année marquée par un certain activisme en direction de la restauration collective : 21 établissements ont été accompagnés par le pôle Filière et Territoire de Bio Bourgogne en ce sens. D’autre part, les bios bourguignons restent aussi très vigilants sur l’avenir, ayant en tête qu’une partie non négligeable des exploitations seront à transmettre dans les 5 à 10 ans qui viennent. Pour conclure, face à la perte de compétitivité économique du secteur bio par rapport au conventionnel (perte pour l’heure conjoncturelle), le développement de l’autonomie des fermes paraît l’axe de travail privilégié, essentiel pour pouvoir poursuivre en bio et pour favoriser la résilience face au changement climatique.

Note de bas de page : (1) Bio Bourgogne fédère les agriculteurs bios de l’Yonne (Gaby), de la Côte-d’Or (Gab 21), de Saône-et-Loire (Gab SeL) et de la Nièvre (Gabni).