Étude Millenials - Témoignage
Être encore plus attentifs aux attentes des jeunes

Françoise Thomas
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L’ensemble des professionnels de la viticulture bourguignonne s’empare des conclusions de cette étude. Engagée depuis de nombreuses années déjà dans toute une démarche autant sociale, que sociétale et environnementale, la cave des Vignerons des Terres secrètes voit dans les attentes de cette génération de Millenials la confirmation d’être déjà en phase avec ces futurs consommateurs. Entretien avec le président de la cave, Michel Barraud, par ailleurs président du pôle marketing et communication du BIVB.

Être encore plus attentifs aux attentes des jeunes

Quelle notoriété des vins de bourgogne et des vins de la cave des Vignerons des Terres Secrètes constatiez-vous, avant de connaître les résultats de cette étude ?

Michel Barraud : Nous n’avions pas d’a priori négatif sur la perception que cette catégorie de clients a des vins de Bourgogne. Nous représentons des produits de luxe mais accessibles, avec une grande ouverture sur les jeunes. Forcément, cette tranche d’âge est à travailler, à écouter et nous avions déjà mesuré que nous avions sans doute en Bourgogne un vocabulaire trop technique, mais cette étude est vraiment venue confirmer cette idée.

Jusqu’à présent quelle politique était menée par la cave auprès des jeunes ?

M.B. : De façon un peu plus ciblée à destination des jeunes, nous avons beaucoup développé ces dernières années, notre communication sur les réseaux sociaux. Avec le souhait de parler directement de viticulture, des métiers de la vigne, de donner des informations sur les vins. En parallèle, nous sommes engagés depuis 2013 dans l’association devenue depuis Vignerons engagés, avec notamment des réflexions poussées sur les trois piliers que sont l’économie, le social/sociétal et l’environnemental. Depuis, nous avons également la certification RSE, ce qui nous permet d’avoir à tous les niveaux des actions mesurées, expliquées, transparentes. Il y a eu le lancement de la gamme Cerço, l’évolution des pratiques dans les vignes entre la diminution du recours aux intrants, le développement de l’enherbement et des couverts végétaux, la réflexion autour de l’énergie et les panneaux photovoltaïques installés sur la toiture de la cave, etc. Tous ces éléments nous permettent déjà de répondre aux attentes de la société, des attentes particulièrement mises en exergue dans l’étude.

Est-ce que vous comptez aussi particulièrement sur votre groupe Jeune pour s’adresser à cette nouvelle génération ?

M.B. : De façon générale, le groupe Jeune de la cave participe à toutes les actions et a même mené une cuvée très haut de gamme, depuis la vigne jusqu’à la bouteille, la gamme Révélis. Ce que l’on ne peut que constater c’est qu’il y a encore beaucoup de jeunes viticulteurs qui s’installent et que si, par le passé, les anciens ne laissaient pas trop de place aux jeunes notamment dans les prises de décisions, aujourd’hui, on mesure à quel point l’avenir, c’est eux. Face à toutes les modifications et les bouleversements auxquels nous sommes tous confrontés, il est sûr que les jeunes y sont encore plus sensibles, qu’ils ont des idées à défendre et que nous devons nous montrer encore plus attentifs. Là aussi, l’étude a démontré l’influence qu’ont de plus en plus les jeunes sur la société.

Que vous a-t-elle appris d’autre ?

M.B. : Nous avons mesuré par cette étude que la compréhension de la Bourgogne est fragile : les appellations sont certes connues, mais le lien n’est pas toujours fait avec le terroir bourguignon. Et puis nous avons encore un langage trop technique. De ce fait, nous devons encore évoluer sur des habillages plus cool. Nous avions lancé la gamme Alphonse il y a quelque temps. Nous devons poursuivre dans cette voie, plus "bistronomie", plus jeune, plus accessible. Nous devons également développer la partie œnotourisme pour notamment communiquer sur les savoir-faire de la région. Nous sommes sur un petit périmètre en Bourgogne aux potentiels énormes : nous devons les faire connaître !
Quant à s’orienter sur le vin en canette, ce n’est pas ce sur quoi nous allons réfléchir dans l’immédiat. Il faut certes de la modernité, mais le côté attachement au traditionnel est aussi ressorti dans l’étude. Il faut donc être plus cool tout en se montrant prudent face aux effets de mode.
La Bourgogne est très regardée, admirée, mais peut être aussi vécue comme excluante. À nous de travailler son image, celle de luxe accessible grâce à des prix abordables.
La Bourgogne de façon générale a la volonté de se bouger pour témoigner de sa grande diversité.