Accès au contenu

EXCLU WEB / Législatives : fortunes diverses pour les « agriculteurs »

Près d’une trentaine de candidats se déclarant exploitants, salariés ou retraités agricoles étaient qualifiés pour le second tour des élections législatives le 19 juin. Seulement treize d’entre eux ont été élus et réélus. La prime au sortant a fonctionné dans bien des cas. 

Par Christophe Soulard
EXCLU WEB / Législatives : fortunes diverses pour les « agriculteurs »

Dans un scrutin marqué par une très forte abstention au plan national (53,77 %), chaque voix comptait pour les candidats présents au second tour. Le moins que l’on puisse dire, c’est que les candidats agriculteurs et déclarés comme tels ont connu des sorts bien différents. La plupart des « députés-agriculteurs » sortants ont été réélus. C’est le cas pour huit d’entre eux, à commencer par Jean-Yves Bony, député sortant (LR) de la deuxième circonscription du Cantal. Arrivé en tête au 1er tour avec 37,71 % des suffrages exprimés, il l’a finalement emporté avec 70,65 % face à Martine Guibert (Ensemble, majorité présidentielle). Il retrouvera sur les bancs de l’Assemblée nationale sa collègue Sandrine Le Feur (ENS) qui a été réélue dans la quatrième circonscription du Finistère avec 54,40 % des voix face à la candidate Nupes Sylvaine Vulpiani. Sandrine Le Feur progresse de deux points en cinq ans. Dans le département voisin d’Ille-et-Vilaine, Jean-Luc Bourgeaux (LR) conserve son siège avec 52,2 % des suffrages face à Anne le Gagne (ENS-Modem) 47,7 %. Sort identique pour la députée sortante Isabelle Valentin (LR), salariée agricole. Arrivée en tête au premier tour dans la 1ère circonscription de la Haute-Loire avec 45,69 % des voix, elle a été réélue avec 70,22 % des suffrages face à la candidate Nupes, Celline Gacon. Dominique Pottier, député PS-Nupes sortant de la 5e circonscription de Meurthe-et-Moselle, retrouve, lui aussi, son siège au Palais-Bourbon après avoir récolté 63 % des suffrages face à Philippe Morenvillier (RN). Dans la 3e circonscription du Morbihan, Nicole Le Peih partie sous les couleurs présidentielles, a recueilli au second tour 56,64 % des voix, face à Marie-Madeleine Doré-Lucas (Nupes). Dans la Vienne, Nicolas Turquois (ENS) a battu avec 54,58 % des voix son adversaire du Rassemblement national, Marion Latus. Son collègue macroniste de la 2e circonscription de l’Yonne, André Villiers conserve son siège avec 51,33 % contre 48,67 % pour la candidate du RN, Audrey Lopez.

Nouveaux représentants

Parmi les députés sortants non réélus, il faut signaler la défaite Jean-Baptiste Moreau dans la 1ère circonscription de la Creuse. Il n’a recueilli que 48,56 % des suffrages contre 51,44 % pour la candidate Nupes Catherine Couturier. Jean-Claude Leclabart, agriculteur retraité et député macroniste sortant, a subi le même sort dans la 4e circonscription de la Somme. Il a été battu par Jean-Philippe Tanguy (RN) qui a recueilli 57,5 % des voix. Son collègue de la 2e circonscription du Tarn-et-Garonne, Christian Astruc, a lui aussi subi la même déconvenue en étant battu par la candidate RN Marine Hamelet. Elle a obtenu 54,99 % des voix contre 45,01 % au parlementaire sortant.

Le Palais-Bourbon va voir siéger de nouveaux représentants du monde agricole. C’est le cas de Christophe Barthès (RN), viticulteur, élu député de la 1ère circonscription de l’Aude avec 53,56 % des voix. Il a devancé Sophie Courrière-Calmon (Nupes/PS) qui a obtenu 46,44 % des suffrages. Un autre viticulteur, lui aussi sous les couleurs RN, rejoint les travées parlementaires : Grégoire de Fournas l’a emporté dans la 5e circonscription de Gironde avec 53,28 % des voix face à Olivier Maneiro (Nupes). L’ouvrière agricole et candidate de la Nupes, Mathilde Hignet devient députée de la 4e circonscription d’Ille-et-Vilaine. Elle a gagné de peu (50,36 %) face à la candidate de la majorité présidentielle Anne Patault (49,64 %). Quant à l’éleveur girondin Pascal Lavergne (Ensemble), il l’a emporté d’une courte tête (50,37 %) face à la candidate de la Nupes, Mathilde Feld. Ancien député de 2018 à 2022, l’agriculteur retrouvera donc un siège qu’il avait obtenu après la nomination de Christelle Dubos au secrétariat d'État auprès de la ministre des Solidarités et de la Santé. Il était son suppléant. À noter également l’élection dans la 3e circonscription de la Sarthe, de l’arboriculteur Éric Martineau, maire de Chenu. Il a obtenu 50,98 % des voix face au RN Bruno Pinçon. 

Gestion des risques

D’autres candidats « agricoles » n’ont pas réussi à réunir le nombre suffisant de voix : C’est le cas de François-Xavier Ceccoli, agriculteur, maire de San-Giuliano (Corse) qui a perdu de 156 voix (49,77 %) face à Jean-Félix Acquaviva. C’est aussi celui de Michel Teyssedou (Ensemble), maire de Parlant, ancien président du CNJA ( de 1984 à 1988), ancien secrétaire général de la FNSEA défait par Vincent Descoeur (LR). Ce dernier l’a emporté avec 69,02 %. L’écart est presque identique pour Philippe Alpy (Ensemble) qui se présentait dans la 5e circonscription du Doubs. Il n’a obtenu qu’un score de 27,94 % contre 72,06 % pour la députée sortante, Annie Genevard (LR). Les agriculteurs qui se sont présentés sous les couleurs RN dans le Cher (Christine Poly), dans la Marne (Jennifer Marc) dans l’Orne (Anthony Fremont) et le Bas-Rhin (Valérie Eschenmann) ont été défaits.

Il faut enfin mentionner la réélection de Frédéric Descrozailles (Ensemble) dans la 1ère circonscription du Val-de-Marne. Le rédacteur de la proposition de loi sur la gestion des risques en agriculture (assurance récolte) a été réélu avec 59,09 % des voix face à Thierry Guintrand (LFI/Nupes). En revanche, son collègue Jean-Bernard Sempastous (Ensemble, 1ère circ. Hautes-Pyrénées) a cédé son siège sur les bancs de l'assemblée à Sylvie Ferrer (Nupes) qui obtient 50,13 %. La nouvelle députée s'est imposée de 104 voix. Dans l’attente de la loi foncière qui pourrait, maintenant, prendre plus de temps à voir le jour compte tenu de la nouvelle configuration politique de l’Assemblée nationale, Jean-Bernard Sempastous avait rédigé une proposition de loi pour assurer la régulation de l'accès au foncier agricole au travers de structures sociétaires.