Conflit ukrainien
Quelles sont les conséquences pour l’économie agricole de BFC ?

Sophie Dubreuil Chambre régionale d’agriculture de Bourgogne-Franche-Comté
-

La chambre régionale d’agriculture a analysé les retours à l’envoi d’un questionnaire aux acteurs du monde agricole en Bourgogne Franche-Comté sur les besoins d’accompagnement en complément du Plan de résilience gouvernemental.

Quelles sont les conséquences pour l’économie agricole de BFC ?

La chambre régionale d’agriculture a lancé, début mai, une enquête auprès des acteurs du monde agricole en Bourgogne Franche-Comté sur les besoins d’accompagnement en complément du Plan de résilience gouvernemental. Cette enquête n’est évidemment pas exhaustive, car elle se base uniquement sur du déclaratif. Les résultats sont donc à considérer sous un angle uniquement qualitatif.

L’incertitude domine l’avenir

À mi-mai, 32 réponses ont été analysées. Si le panel des répondants peut sembler restreint, il présente une diversité de répondants : neuf exploitants agricoles, 13 organismes, quatre syndicats et six coopératives.
Les différents secteurs agricoles amont sont bien représentés : cultures, cultures et élevage (poules pondeuses et engraissement bovins), caprins et bovins lait de plaine. Pour les coopératives, ce sont essentiellement celles relevant du secteur de l’élevage qui ont répondu.

À ce stade, les incertitudes prédominent, avec beaucoup d’interrogations sur l’évolution de la situation et sur les dispositifs. Le risque de sécheresse rend encore plus difficile les perspectives et les projections.

Parmi les impacts les plus cités, le coût de l’énergie arrive en tête (93 % des répondants), puis le coût de l’alimentation animale (80 %) et enfin le coût des engrais (50 %).

Quels impacts pour quelles productions ?

Agriculture et viticulture sont directement impactées par l’augmentation du coût de l’énergie (fuel, gaz et électricité). L’élevage est touché par l’augmentation du coût des céréales pour l’alimentation animale, avec des secteurs très sensibles (porcs, volailles, vaches laitières et engraissement). Les grandes cultures et fourrages sont pénalisés par la hausse du coût des intrants (engrais, produits phytosanitaires) et par le manque de disponibilité. Le maraîchage et l’horticulture avec chauffage sous serre sont également concernés.
Des manques de disponibilité sont constatés ou craints pour la suite pour les aliments (aliment non-OGM, soja, colza, huile de tournesol, aliments déshydratés (pulpes par exemple)), les engrais (urée, phosphate), les produits phytosanitaires, mais aussi les fournitures (pièces pour machines, pneumatiques, bouteilles de verre, emballages, bâches, ficelles…).

Enfin, les différentes structures alertent sur la baisse de la consommation de certains produits (pour les produits Label rouge, AB et circuits courts notamment et la viande bovine), la hausse des coûts des matériaux de construction (qui impacte les projets en cours ou à venir), du coût des services et du coût du transport.
Pour la filière avicole, à l’impact de la guerre en Ukraine s’ajoutent les risques de pénurie pour l’approvisionnement de canetons et poussins suite à la grippe aviaire qui a décimé les reproducteurs dans l’ouest de la France.

Les attentes des répondants

À court terme, à travers les mesures déjà mises en place dans le cadre du plan de résilience, les répondants attendent avant tout un soutien économique pour faire face à l’augmentation des coûts (93 %), mais aussi un accompagnement technique (37 %).
73 % d’entre eux envisagent de recourir à une ou plusieurs mesures du Plan de résilience. Les deux mesures les plus plébiscitées sont la remise sur le carburant et remboursement de la TICPE (1) (73 %) et l’aide alimentation animale (60 %).

Des mesures d’accompagnement qui seraient nécessaires en complément pour un soutien financier direct plus efficace sont pointées par certains répondants : aide de trésorerie, financement pour la restructuration, voire l’arrêt d’activité.

Les mesures annoncées ne compensent que partiellement les surcoûts et pour une durée limitée. Il existe une forte attente par rapport à la mesure alimentation animale qui a été ouverte, close puis prolongée en partie, avec la crainte de voir beaucoup d’entreprises exclues du dispositif (pour des problèmes de seuils notamment).

Une vigilance particulière sera à avoir vis-à-vis des entreprises plus fragiles : jeunes agriculteurs récemment installés avec peu de trésorerie ; exploitations avec commercialisation en circuits courts.

Enfin, l’accompagnement technique est une autre piste de travail afin de réduire les dépenses aux intrants. Il doit intervenir à court terme (baisse de l’utilisation des intrants, optimisation des rations, travail sur les indicateurs de gestion) et à moyen terme (modification du système avec développement de l’autonomie alimentaire, mise en place d’alternatives pour l’apport d’azote, accompagnement à la transition écologique).

(1) La taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques