Affichage environnementale
Les pistes de l’Ademe et du gouvernement sur l’affichage environnemental

Lors d’une réunion le 7 juillet, l’Ademe, le ministère de la Transition écologique et celui de l'Agriculture ont détaillé des éléments de méthode et de calendrier aux acteurs participant à l’expérimentation sur l’affichage environnemental. Après une première version fin 2022, l’affichage devrait apparaître sur les emballages dès la fin 2023 pour les entreprises volontaires, en vue d’une éventuelle généralisation par un dispositif européen.

Les pistes de l’Ademe et du gouvernement sur l’affichage environnemental

Une chose est certaine : l’affichage environnemental avance. Lors d’une réunion le 7 juillet, l’Ademe et les services des ministères de la Transition écologique et de l’Agriculture se sont même engagés sur un calendrier. Dès l’automne, l’agence de l’environnement devrait tester près de 500 produits avec une première version de sa méthode de calcul. Fin 2022, elle diffusera ensuite un outil dit de « niveau 1 » aux structures ayant participé à l’expérimentation. Avant de faire d’ultimes ajustements et de généraliser l’affichage fin 2023 sur la base du volontariat.

Selon Stéphane Gigandet, fondateur de Open Food Facts, le cadre de l’outil à venir devrait être « très proche » du travail mené par son association sur l’Eco-score. « Le niveau 1 se basera sur Agribalyse et l’analyse de cycle de vie, en complétant les manques avec des données sur les labels, les origines des ingrédients ou le packaging », résume-t-il. Ce premier niveau permettra notamment de différencier des produits conventionnels, bio ou sous label, sur la base des cahiers des charges. Mais il faudra attendre le niveau 2 pour que chaque transformateur communique précisément les origines de ses approvisionnements d’énergie ou de matière première.

Autre annonce : l’agence de l’environnement analysera la compatibilité de l’affichage avec ses scénarios de transition agroécologique, et les politiques publiques. Un travail « très intéressant », selon Sabine Bonnot, présidente de l’Itab et architecte du Planet-score, une autre expérimentation d’affichage environnemental. Car, comme elle le rappelle, « les outils donnent un signal sur l’orientation du modèle agroalimentaire ». Selon Stéphane Gigandet, l’agence serait en revanche consciente des risques de l’exercice qui consisterait à bricoler le score pour « valoriser certains cahiers des charges et en pénaliser d’autres ».

Les questions en suspens

La présentation diffusée le 7 juillet montre que, malgré les propositions du collectif Planet-score, certains aspects de la performance environnementale semblent définitivement écartés. Le document envoyé aux participants précise ainsi que le bien-être animal, la présence d’OGM et les conditions de travail « sont importants mais ne doivent pas être fusionnés dans le score final ». La prise en compte des effets toxicologiques des pesticides sur la santé humaine resterait par ailleurs « en discussion », alors que l’intégration de la toxicité sur les écosystèmes est « confirmée » pour la première version de l’algorithme.

Autre incertitude : l’allure de l’affichage. Les participants ont pu découvrir plusieurs propositions lors de la réunion. La note générale pourrait notamment aller de A à E, ou de A à G, avec plusieurs sens de lecture. Mais plusieurs éléments semblent aujourd’hui stabilisés, dont une note sur 100, qui figurerait sous la lettre. Cette note serait complétée par trois sous-indicateurs : biodiversité, climat et ressources. Ce dernier remplace celui sur les pesticides, proposé par le collectif du Planet-score.

D’autres éléments seront à éclaircir à moyen terme. Si l’affichage pourrait être généralisé sur une base volontaire dès la fin 2023, aucun horizon n’est encore fixé pour un dispositif obligatoire. Pour l’heure, la loi climat fixe une date butoir à fin 2026, mais elle pourrait être entravée par les discussions européennes. Car, lors de la réunion, l’Ademe a bien rappelé que l’instauration d’un affichage environnemental devra être discutée à l’échelle communautaire. En attendant, Stéphane Gigandet espère que le dispositif volontaire français aura la même résonance que le Nutri-score auprès du consommateur : « Quand des gens ne voient pas l’étiquette sur le produit, ils le reposent dans les rayons ».