Chambre d’agriculture
Une agriculture ligérienne tourmentée

Entre une conjoncture économique inédite et des aléas climatiques qui se multiplient, mais aussi avec des discours à charge, l’agriculture française se sent menacée. Les membres de la Chambre d’agriculture de la Loire l’ont bien fait comprendre aux représentants de l’Etat présents à la session du 7 juillet.

La session de la Chambre d’agriculture de la Loire est toujours l’occasion d’initier un débat sur l’actualité agricole et d’aborder divers sujets de préoccupation pour l’agriculture ligérienne, ceci en présence des représentants départementaux de l’Etat. Celle du jeudi 7 juillet à Feurs n’a pas échappé à la règle. La préfète de la Loire, Catherine Séguin, assurait d’ailleurs que les responsables de la DDT et la DDPP présents avaient pris note des points abordés dans la matinée et des remarques faites.

Le contexte géo-politique et économique a été inévitablement le point de départ de la discussion. « La guerre en Ukraine est avant tout un drame humain, commençait Nicolas Charretier, membre du bureau de la Chambre d’agriculture de la Loire. Elle a aussi un impact non négligeable pour l’agriculture car elle désorganise les marchés. Elle a fait perdre tous les repères. La loi Egalim a permis de mettre en avant les produits français, ce qui est important pour la survie de nos exploitations. Mais on ne sait pas si l’augmentation des prix de vente va couvrir l’augmentation des charges. Dans notre département vient s’ajouter la sécheresse, qui est arrivée au moment de la constitution des stocks fourragers. »

Sécheresse, grêle…

La grêle a également frappé à plusieurs endroits dans le département. « Quels stocks vont avoir les éleveurs pour l’hiver ?, poursuivait Nicolas Charretier. D’autant plus qu’il y a eu moins de maïs semés cette année en raison de la sécheresse. » « D’où l’intérêt de ne pas avoir de restriction sur les usages de l’eau pour continuer à irriguer les maïs en place afin qu’ils aillent à leur terme », complétait Laurent Frécon, membre du bureau de la Chambre d’agriculture.

« Je crains que les épisodes climatiques de cette année soient le quotidien des années à venir », intervenait la préfète, Catherine Séguin. Face à tous ces aléas, « la Chambre d’agriculture doit apporter des conseils techniques aux agriculteurs pour les aider à prendre des décisions », intervenait Gérard Gallot, vice-président. S’adressant plus spécifiquement aux représentants de l’Etat, il incitait au lancement « d’un comité d’expertise sur le terrain pour étudier la nécessité ou pas d’élaborer un dossier en vue du classement du département, en totalité ou en partie, en calamités agricoles ».

… et dégâts de gibiers

En plus des conséquences de la sécheresse et de la grêle sur leurs cultures, les agriculteurs de la Loire doivent faire face aux dégâts de sangliers. Rémi Jousserand, secrétaire, estimait qu’il faut « être pragmatique » en matière de gestion des populations de sangliers et « passer la seconde. On tourne trop en rond sur ce dossier ». La préfète assurait que ses services sont très mobilisés sur ce sujet. Et Rémi Jousserand d’ajouter : « Il ne faut pas oublier le dossier sanitaire. Les éleveurs de porcs vont devoir réaliser des investissements pour se protéger d’éventuelles contaminations de Peste porcine africaine par les sangliers. »

Crises sanitaires

Sanitaire toujours… La grippe aviaire et ses conséquences sur la filière avicole ont largement été abordées lors de la session de la Chambre d’agriculture à la suite de la présentation de deux motions sur ce sujet (l’une par la Confédération paysanne et l’autre par la Chambre d’agriculture). Après la réécriture d’un texte commun reprenant les principales idées, la motion avec en-tête de la Chambre d’agriculture a été adoptée à l’unanimité. Elle demande notamment la poursuite nécessaire des efforts pour lutter contre cette menace sanitaire afin d’éviter la déstabilisation de la production et des marchés.

 « Toutes les filières animales connaissent des crises sanitaires, intervenait David Duperray, président du Groupement de défense sanitaire. Les normes imposées détruisent progressivement l’agriculture française. » Il ajoutait que les salmonelles constituent une autre préoccupation pour la production avicole. « Les éleveurs qui doivent abattre leurs animaux par obligation doivent être accompagnés. »

Détresse sociale

Gérard Gallot revenait sur les propos tenus quelques jours plus tôt par le ministre de l’Economie à propos des promotions sur les produits agricoles. « Un message fort doit être porté en faveur de la souveraineté alimentaire. Des choix doivent être faits maintenant en prévision de l’automne pour aider le pouvoir d’achat des Français, mais il ne faut pas pour autant taper sur l’agriculture. Des perspectives doivent être données aux agriculteurs ». De son côté, Mickaël Mazenod, représentant les arboriculteurs, ne cachait pas son inquiétude quant au devenir des vergers ligériens, mais aussi des arboriculteurs. « C’est très compliqué de négocier les prix. Les marges de la grande distribution représentent un réel problème ».

Le président de la Chambre d’agriculture concluait sur ce sujet tant économique que social : « Je suis impressionné par la détresse des agriculteurs et de leur famille. Nous devons être vigilants quant à la misère sociale. On ne sait pas où cette situation peut mener ».

Lucie Grolleau Frécon

La totalité de l'article et des informations complémentaires relatives à la session de la Chambre d'agriculture sont à retrouver dans l'édition papier du vendredi 22 juillet.