EAU
Le niveau des nappes phréatiques sous la normale

En juin 2023, 68 % des niveaux des nappes phréatiques étaient sous les normales mensuelles, avec de nombreux secteurs affichant des niveaux bas à très bas.

Le niveau des nappes phréatiques sous la normale
La sécheresse des nappes phréatiques est à différencier de la sécheresse agricole. ©iStock-Jpr

Pour le troisième mois consécutif, plus de deux tiers des nappes phréatiques françaises restent sous les normales saisonnières, a annoncé le Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM) le 11 juillet. Entre début avril et fin juin, la situation des nappes « n’évolue que peu, voire se dégrade légèrement », a indiqué l’organisme public chargé de la surveillance des nappes. En juin, 68 % des niveaux des nappes restent ainsi sous les normales mensuelles, avec de nombreux secteurs affichant des niveaux bas à très bas, contre 66 % il y a un mois.

Vigilance extrême

« Les précipitations ont été peu bénéfiques pour les nappes. En effet, les pluies tombées lors d’épisodes orageux parfois violents s’infiltrent peu dans les sols », rapporte le BRGM. Et d’ajouter que « les températures élevées ont favorisé l’évapotranspiration et accru le besoin en eau des plantes ». Résultat : la vidange est active dans la plupart des nappes avec « 75 % des points d’observation en baisse en juin ». Le mois de juin a été le deuxième le plus chaud jamais enregistré en France. Le BRGM n’anticipe « aucune amélioration avant l’automne » pour les nappes inertielles (celles qui mettent le plus de temps à se recharger), et s’attend à voir « la situation se dégrader rapidement » pour les nappes réactives « non soutenues par de petits épisodes de recharge ou les plus sollicitées par les prélèvements ». La France reste donc « dans une situation de vigilance », a souligné le ministre de la Transition écologique, Christophe Béchu à l’AFP. Ce mardi 18 juillet, sept départements sont en vigilance orange pour la canicule.

Un appel à la restriction de l’eau

Mi-juillet, 70 départements sont concernés par les restrictions d'eau, dont 16 se trouvent en situation de crise, le plus haut niveau d'alerte. Le mois de mai et le début de l’été ont été marqués par quelques précipitations, laissant l’image d’une nature verdoyante dans de nombreux départements de l’Hexagone. L’agro climatologue Serge Zaka se veut pourtant clair : ces pluies n’ont pas rattrapé le déficit accumulé depuis 2022. « La sécheresse des nappes phréatiques est à différencier de la sécheresse agricole », argue-t-il. La première garantit l’accès à l’eau potable et peut descendre jusqu’à des centaines de mètres en profondeur. La seconde est calculée sur les deux premiers mètres. « Les nappes phréatiques se remplissent lorsque les arbres n’ont pas de feuilles et ne peuvent pas absorber l’eau, détaille l’expert. Nous avons eu peu d’eau cet hiver et les précipitations sont finalement arrivées pendant la croissance des végétaux, qui en captent 80 % pour leur croissance. Le problème, c’est que lorsqu’un arrêté sécheresse est pris, le grand public va regarder ce qu’il se passe en surface et va utiliser l’eau pour laver sa voiture… » La même eau qui provient des nappes phréatiques déjà fragilisées.

J.J. et Léa Rochon