Les brèves du 20 juillet 2023

Mis en ligne par Cédric Michelin
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Voici les brèves du 20 juillet 2023

Les brèves du 20 juillet 2023

Céréales ukrainiennes : les pays d’Europe de l’est demandent la prolongation des restrictions

Les cinq pays de l’UE frontaliers de l’Ukraine (Pologne, Bulgarie, Roumanie, Slovaquie, Hongrie) ont appelé, le 19 juillet, dans une déclaration commune, la Commission européenne à prolonger au-delà du 15 septembre les restrictions qu’ils imposent aux importations de céréales ukrainiennes pour protéger leurs agriculteurs. « Soit la Commission européenne accepte de préparer […] des réglementations pour prolonger cette interdiction, soit nous le ferons nous-mêmes », a déclaré le ministre de l’Agriculture polonais Robert Telus à l’issue d’une réunion avec ses homologues à Varsovie. Au mois de juin, après d’intenses discussions face aux réticences de certains États membres (France, Espagne, Allemagne notamment), la clause de sauvegarde exceptionnelle autorisant uniquement le transit de blé, de maïs, de colza et de graines de tournesol sur le territoire de ces pays d’Europe de l’Est a été prolongée. Le fonctionnement des « Voies de solidarités » mises en place par l’UE pour permettre à l’Ukraine d’exporter ses productions agricoles via l’UE a fait l’objet de nombreuses critiques du fait de son inefficacité. Au Parlement européen, le président de la commission de l’Agriculture, Robert Lins, a appelé le 19 juillet la Commission européenne à présenter un paquet de mesures concrètes pour améliorer la situation. Le commissaire européen à l’Agriculture Janusz Wojciechowski pourrait venir présenter ces mesures lors d’une discussion avec les parlementaires prévue le 30 ou le 31 août.

Céréales ukrainiennes : la Russie s’attaque aux installations portuaires d’Odessa

Quelque 60 000 tonnes de céréales destinées à l’exportation et entreposées dans le port ukrainien de Tchornomorsk, près d’Odessa, ont été détruites par des frappes russes dans la nuit du 18 au 19 juillet, a affirmé le ministre ukrainien de l’Agriculture Mykola Solsky dans un communiqué. Après avoir refusé le 17 juillet de prolonger l’accord d’Istanbul sur le transit de céréales ukrainiennes en mer Noire, la Russie a depuis frappé à plusieurs reprises les installations portuaires ukrainiennes. « Il faudra au moins un an pour réparer intégralement les infrastructures endommagées », estime le ministre ukrainien. Kiev propose de créer des patrouilles militaires internationales mandatées par l’ONU pour assurer la sécurité de ses exportations céréalières par la mer Noire. Mais la Russie a mis en garde contre ces velléités de poursuivre les exportations de céréales par la mer Noire. « En l’absence de garanties de sécurité appropriées, certains risques » se sont fait jour, a averti le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov. La Russie a indiqué qu’elle considérera, à partir du 20 juillet, les navires se rendant vers l’Ukraine en mer Noire comme de « potentiels bateaux militaires », et les pays dont ils battent pavillon comme parties prenantes au conflit.

Guerre en Ukraine : le blé clôture en hausse de plus de 8 % sur le marché européen

Le prix du blé meunier a clôturé le 19 juillet en forte hausse, à 253,75 €/t sur l’échéance de septembre sur Euronext, gagnant 8,2 % dans la journée, après l’intensification des bombardements russes en Ukraine. D’après l’AFP, les cours ont ainsi retrouvé leur niveau de début avril, le marché réagissant fortement à l’escalade du conflit après la suspension du corridor maritime céréalier et la menace de Moscou contre tous les navires se rendant vers l’Ukraine (lire ci-dessus). De leur côté, les prix du maïs ont gagné 5,4 %, clôturant juste sous la barre des 250 €/t sur l’échéance d’août, retrouvant pour la première fois leur niveau de la mi-avril sur le marché européen. Cette variation des cours est la plus notable depuis le refus, le 17 juillet, de la Russie de reconduire l’accord pour les exportations agricoles maritimes d’Ukraine, qui avait permis de sortir près de 33 Mt de grains en un an. Les marchés n’avaient que peu réagi le 17 juillet, ayant anticipé une suspension du corridor, qui fonctionnait déjà au ralenti depuis des semaines. L’attention était plutôt tournée vers les récoltes en cours : celle du blé après l’orge et avant le maïs dans l’hémisphère Nord, où les bons rendements attendus rassuraient les opérateurs.

Plan haies : le gouvernement envisagerait une enveloppe de 110 M€/an

Le gouvernement serait prêt à mettre « entre 100 et 120 millions d’euros » (M€) par an pour préserver, développer et valoriser les haies bocagères, a appris Agra Presse de plusieurs sources concordantes. Ce budget est envisagé dans le cadre du Pacte de la haie, dont la concertation a été lancée début mai par le ministre de l’Agriculture Marc Fesneau. De son côté, l’Afac (professionnels de l’agroforesterie) chiffrait à la mi-juin les besoins de financements à 250 M€/an jusqu’en 2030. Alors que les annonces politiques à ce sujet étaient attendues en septembre par les parties prenantes, la réunion de restitution des trois groupes de travail, prévue le 20 juillet au ministère de l’Agriculture, a été reportée. Elle se déroulera finalement « à la rentrée, faute de la disponibilité de tous les acteurs mobilisés », a indiqué le cabinet de Marc Fesneau le 19 juillet. Sur le contenu du Pacte, le besoin de développer une filière de valorisation du bois de haie ferait consensus. En revanche, les associations environnementales s’inquiètent d’un assouplissement de la réglementation qui permettrait aux agriculteurs de « déplacer » les haies s’ils replantent un « linéaire équivalent », ce qui revient à « détruire pour replanter », pointe la représentante de FNE Cécile Claveirole. Avec une telle pratique, « pendant 25 ou 30 ans, on perd le bénéfice de la haie telle qu’elle était (rétention d’eau, régulation de températures, biodiversité) », dénonce-t-elle.

Planification écologique : le SGPE salue les échanges avec le secteur agricole

Le secrétaire général à la Planification écologique (SGPE) Antoine Pellion s’est réjoui des « discussions [qui] sont assez constructives avec le secteur agricole » le 19 juillet, devant la commission du Développement durable de l’Assemblée. M. Pellion était auditionné sur les grands axes du plan de planification écologique, distillé goutte à goutte ces dernières semaines par les services de la Première ministre Élisabeth Borne. « Quand on dit que, dans le monde de demain, on a besoin de plus de puits de carbone et de plus de biomasse, ce qu’on dit concrètement c’est qu’on a besoin de plus d’agriculture, mais […] profondément transformée dans sa façon de faire », a-t-il déclaré devant les députés. Il a reconnu qu’il y a « une montagne à franchir en matière de changements », faisant référence à plusieurs « indicateurs » qui permettront de suivre les avancées jusqu’en 2030. D’après un document publié par le SGPE le 12 juillet (voir notamment le tableau récapitulatif), le gouvernement vise une baisse de 13 Mteq CO2 pour le secteur de la production agricole (volet Mieux se nourrir) en agissant sur les « leviers » ou « indicateurs » suivants : réduire la consommation d’engrais minéraux azotés (-4 Mteq CO2), les émissions issues de l’élevage (-5 Mteq CO2), celles des machines agricoles (-2 Mteq CO2) et augmenter la part de SAU cultivée en légumineuses (-2 Mteq CO2).

Intrusions en élevage : la justice rejette les demandes de retrait de deux vidéos de L214

La cour d’appel de Rennes a annulé les assignations en justice lancées par deux éleveurs pour contraindre l’association L214 à retirer des vidéos mises en ligne après des intrusions sur leurs exploitations, jugeant les assignations « irrégulière [s] » dans deux arrêts rendus le 11 juillet, qu’Agra Presse a pu consulter. En outre, les éleveurs sont condamnés à verser 5000 € chacun à l’association au titre des frais engagés. « Les vidéos resteront en ligne », se réjouit L214 dans un communiqué le 19 juillet. Les images litigieuses ont été prises en février 2022 dans deux exploitations des Côtes-d’Armor : un élevage de lapins situé à Langoat et un élevage de porcs de Saint-Glen. Les éleveurs reprochaient aux activistes de s’être introduits illégalement sur leurs exploitations. Cependant, pour la cour, les faits relèvent du délit de « diffamation » et non de violation de propriété. Les assignations sont donc annulées. Les demandes des éleveurs avaient été rejetées en première instance par le juge des référés du tribunal judiciaire de Saint-Brieuc dans deux ordonnances du 8 septembre 2022. Des plaintes ont été déposées par L214 à l’encontre des deux éleveurs pour « mauvais traitements » sur les animaux et, dans le cas de l’élevage porcin, « sévices graves ». Les procédures sont toujours en cours, indique l’association à Agra Presse.

Indemnisations influenza : les filières avicoles veulent des précisions

Après les annonces du ministère de l’Agriculture le 17 juillet, « les éleveurs sont toujours dans l’attente de précisions et d’actes concrets » sur les indemnisations des pertes dues à l’influenza aviaire, martèle la CFA (aviculteurs, FNSEA) dans un communiqué le 19 juillet. Alors que la Rue de Varenne a promis de verser des avances dès cet été pour l’épisode 2022-2023, l’association spécialisée demande à connaître le « calendrier d’indemnisation », en particulier la date du versement des soldes. Les éleveurs soulèvent aussi la question des indemnisations des pertes liées à la dédensification (absence de canards non vaccinés dans les zones les plus denses) dans les Pays de la Loire et le Sud-Ouest. Le dernier engagement en la matière remonte au 28 février : dans un communiqué, le ministère promettait une prise en charge à 80 % pour « les exploitations qui seront concernées par des plans de réduction des densités de type « plan Adour » à l’hiver prochain ». Dans un communiqué distinct, les interprofessions Cifog (canards gras), Anvol (volailles de chair) et Cicar (canards à rôtir) interpellent le ministre sur le cas des entreprises d’accouvage, « contraintes d’adapter les mises en incubation », ainsi que celles des entreprises d’aval spécialisées en canards, qui « ne sont pas satisfait [e] s des arbitrages budgétaires ».

Semences : Limagrain sort Vilmorin de la Bourse après le succès de son OPA

La coopérative Limagrain a annoncé avoir conclu avec « succès » l’offre publique d’achat simplifiée du quatrième semencier mondial Vilmorin, dont elle est l’actionnaire majoritaire, selon un communiqué de l’Autorité des marchés financiers (AMF) relayé par l’AFP. « À la clôture de l’offre publique d’achat simplifiée, le groupe Limagrain détient […] 95,70 % du capital et au moins 97,17 % des droits de vote de cette société », a indiqué l’AMF. Et d’ajouter que Limagrain a acquis quelque 4,2 millions d’actions « au prix de 62,60 euros ». « Ce prix valorise Vilmorin & Cie à 1,43 milliard d’euros pour 100 % du capital », avait indiqué Limagrain lors de l’annonce de l’OPA. Avec plus de 90 % des droits de vote et du capital, Limagrain dépasse ainsi les seuils nécessaires pour retirer Vilmorin de la cote. Une demande qui sera « formulée prochainement […] auprès de l’AMF », rapporte l’AFP. Limagrain, détenu par 1300 agriculteurs du centre de la France et présent dans 57 pays, avait indiqué fin avril son intention de retirer le semencier de la Bourse afin d’investir plus librement dans cette activité. « Le métier de semencier, avec ses cycles de sélection, s’inscrit dans un temps long qui ne correspond pas nécessairement au rythme des marchés boursiers », avait précisé Limagrain.