Marchés des céréales
Une concurrence tous azimuts

Ce début de campagne ne ressemble en rien au précédent. Les cours sont inférieurs de 35 %. Les marchés sont bien approvisionnés. Les aléas climatiques et les stocks d’invendus influent sur les cours. Le conflit en Ukraine et la fin du corridor n’affolent plus opérateurs.

Une concurrence tous azimuts

Les premiers plans de campagne de commercialisation des pays exportateurs de blé et d’orges se dessinent. La France pourrait reconquérir le marché intérieur européen aux dépens de l’export vers les pays tiers. Ceux-ci n’ont que l’embarras du choix pour s’approvisionner. Sur les 35 millions de tonnes (Mt) de blé (+3 % en un an) et les 11,9 Mt d’orges récoltées (+ 5 %), notre pays en vendrait respectivement 7,8 Mt et 3,8 Mt à ses voisins européens ; des quantités respectivement supérieures de 22 % et de 17 % à celles de la campagne passée.

Appel d’air de la Chine ?

Confrontée depuis des mois à une terrible sécheresse, l’Espagne pourrait importer jusqu’à 1 Mt de blé et d’orges grains de plus qu’en 2022, soit au total 2,6 Mt. Ces nouveaux débouchés européens permettraient à la France d’affronter plus sereinement la concurrence mondiale puisqu’elle aura moins de grains à vendre à des pays tiers. Or la Russie commence sa campagne d’exportation avec 110 Mt de blé disponibles. Aussi, elle se doit d’en exporter 44 Mt à des prix très compétitifs (235 $ le 5 juillet ; -10 $ /France), notamment vers le Maghreb, aux dépens de l’Union européenne. La France débute sa campagne avec de faibles stocks, mais pas ses voisins qui peinent à écouler leurs grains depuis deux campagnes. Leurs stocks sont estimés à 20 Mt. Toutefois, l’Union européenne s’apprêterait à exporter 32 Mt de blé et 10,2 Mt d’orges d’après le comité de gestion Cultures arables. Sur ces marchés céréaliers très concurrentiels, la Chine pourrait cependant créer un appel d’air au cours de la campagne 2023-2024. Jusqu’à un quart de sa récolte de blé ne serait pas panifiable. Si l’empire du milieu ne puise pas dans ses stocks de grains pléthoriques pour compenser ce déficit de production, les 25 à 30 Mt de grains manquants pourraient alors être importées au moins pour moitié. Ce ne serait pas alors 12 Mt que la Chine s’apprêterait à acheter sur les marchés, mais 25 Mt voire 30 Mt.

Côté climat, la campagne 2023-2024 débute avec le retour confirmé du El Niño jusqu’au printemps prochain. L’Australie annonce déjà une production de blé et d’orges en chute de près de 30 % au début de l’été austral. L’Inde puis l’Afrique du Sud souffriraient aussi d’un déficit hydrique dans les prochains mois. Mais l’absence d’eau sur une partie des plaines étasuniennes du Corn Belt conduit d’ores et déjà le ministère américain de l’Agriculture (USDA) à revoir à la baisse sa prévision de récolte dorénavant estimée à 364 Mt de grains (versus 388 Mt le mois passé).