Promotion viande bovine

Mauvaise pub pour un supermarché

Évidemment une telle publicité ne pouvait susciter que l’incompréhension et la colère : l’Intermarché de Chagny, dans le nord du département, proposait parmi ses promotions pour le week-end du 15 août une côte de bœuf à 18,99 € le kg et des filets mignons de porc à 9,99 € le kg. Seul hic, la provenance de ces viandes : Irlande pour la première, Royaume-Uni pour la seconde.
Une dizaine d’éleveurs ont donc pris rendez-vous avec la direction du supermarché pour à la fois tenter d’obtenir une explication et la convaincre de travailler différemment.

« Comme première réponse, la personne qui nous a reçus nous a expliqué que c’était pour nourrir les vendangeurs ! », relate François Nugue, l’un des agriculteurs présents.
Puis la personne s’est justifiée en évoquant le pouvoir d’achat d’une bonne partie de sa clientèle pour laquelle la viande française se trouve hors de portée.
« Pourtant, poursuit François Nugue, si son idée était de faire un produit d’appel, un tel tarif peut aussi s’obtenir avec de la viande française ». Reste que forcément dans ce cas-là, la marge du magasin aurait été beaucoup plus faible.
En fait, « une promotion de ce genre a visiblement été proposée dans un magasin d’un département voisin et le responsable, qui a trouvé l’idée très bonne, a décidé de la mettre en place aussi dans son supermarché », explique François Nugue. « Pour lui, Intermarché travaille déjà en très grande majorité avec des producteurs français donc ce n’est pas cette promotion-là qui allait déstabiliser toute la filière ». Il n’empêche que les agriculteurs ont de quoi éprouver de la colère en voyant une telle promotion au regard des nombreuses difficultés traversées actuellement par la filière.

Le cadre est pourtant là

Malheureusement, la délégation, si elle a pu s’entretenir avec ce responsable, n’a pas semblé le convaincre de travailler à l’avenir en partenariat avec les agriculteurs du département. « C’est dommage, dans le cadre des états généraux de l’alimentation, avec les plans de filière, les grandes surfaces ont l’obligation de travailler différemment avec les producteurs locaux, et avec nos produits sous signe de qualité nous pouvons assurer les morceaux et les quantités attendues par le distributeur ».

Surtout que la clientèle présente s’est montré curieuse et attentive. « Ils comprenaient tout à fait notre position, explique Cédric Tissot, autre agriculteur présent. Tout s’est déroulé dans le calme car de toute façon l’idée n’était pas de braquer qui que ce soit. Nous voulions en parallèle à la rencontre avec la direction du magasin expliquer aux clients pourquoi nous étions présents et échanger avec eux. Beaucoup se sont montrés très solidaires ».
« Notre présence ne les a en effet pas du tout choqués, renchérit François Nugue, au contraire, nous leur avons prouvé que nous restons attentifs aux produits qui leur sont vendus ».

Garanties pour demain

L’action de cette délégation est remontée jusqu’au niveau national, « il est aussi très important de montrer à l’ensemble des enseignes que nous sommes toujours là et très vigilants ».
C’est la première fois qu’une telle promotion était proposée par ce supermarché de Chagny et « nous n’avons malheureusement pas obtenu l’assurance que ce ne serait pas renouvelé », tempère François Nugue. Mais les agriculteurs du département vont rester sur le qui-vive, tout en n’excluant pas de proposer un partenariat avec cette enseigne d’ici quelques temps puisqu’ils ont quitté le supermarché non sans laisser les documents sur les engagements des plans de filière des viandes françaises…