Vigne
Enfin du sec, mais…

Françoise Thomas
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On ne parlera pas cette année de vendanges historiquement précoces. Les premières récoltes dans les rangs de vigne devraient même se dérouler dans un timing régulièrement constaté il y a encore peu de temps. Cependant, ce sont des viticulteurs dépités par l’accumulation des événements qui s’activent auprès dans leurs rangs.  

Enfin du sec, mais…
Des raisins à la peine en ce mois d’août...

« Le grand patron c’est le temps », et c’est plus que jamais les yeux tournés vers le ciel et l’espoir d’un temps enfin sans nuage et surtout sans pluie que les viticulteurs vivent les dernières semaines avant vendanges.

« Il n’y a plus que la météo pour sauver notre récolte, nous on aura fait ce que l’on a pu, désormais il faut du sec », stipule ainsi Patrice Fortune, le président de l’Union viticole 71.

Alors que les vignes arrivent à stade mi-véraison sur certains secteurs, il peut encore être temps de procéder à quelques passages visant à protéger le feuillage « pour que le raisin finisse de mûrir ».

Parce qu’après le gel, parfois la grêle, les pluies importantes et le manque de chaleur de juillet, les maladies sont à leur tour venues jouer les trouble-fête dans cette année « qui décidément nous aura marqué mais qu’il faudra vite oublier ». Face à cette accumulation, c’est un sentiment de « dégoût », que relate Patrice Fortune, « tout le monde est assommé » quel que soit le secteur...

Effets de l’eau

Face à des solutions moins efficaces, la pluie a de toute façon souvent empêché les passages de tracteur dans les rangs de vigne. Résultat aujourd’hui, la pression sanitaire est bien présente entre mildiou et oïdium. « Il ne reste plus désormais qu’à attendre la véraison qui permet de bloquer l’évolution des maladies ».

En cette mi-août, Patrice Fortune ne se lance dans aucune prévision de volume vu le peu de quantité de grappes et les pressions qu’elles subissent. Pour autant, le seul espoir peut résider « dans des grains bien gonflés, grâce à l’humidité des sols ». Contrairement aux trois années précédentes, « on ne parle pas du tout cette année de stress hydrique ! ». Et sans les maladies, cette eau tombée du ciel aurait même pu permettre aux vignes de se refaire une santé…

À l’heure actuelle, les prévisions de vendange « se situent autour du 10 septembre pour les crémants », précise le représentant de l’UV71. Le reste suivra.

Tous secteurs

Du côté de l’extrême sud du département et des gamays, là aussi le gel avait fait des dégâts malgré des plants plus tardifs.

Serges Desperrier, producteur de moulin-à-vent, dresse un constat sans appel : « le gel d’avril a touché près de 60 % de mes vignes avec forcément des dégâts plus marqués sur les grains les plus précoces, notamment ceux de l’un de mes terroirs, les Greneriers ».

Comme il fut souvent constaté, ce ne sont pas les parcelles les plus traditionnellement soumises au gel qui ont le plus souffert cette année. Chez Serge Desperrier comme ailleurs, c’est même le contraire.

Si la vendange s’annonce à une date plus habituelle, plutôt vers mi-septembre, les visites de vigne en ce mois d’août montrent un pourcentage non négligeable de grains avariés et des premiers symptômes de mildiou malgré une surveillance active ces derniers temps.

À Romanèche-Thorins, comme sur les autres secteurs viticoles, le manque d’ensoleillement cet été laisse aussi ses traces « mais il peut encore être rattrapé », nuance le viticulteur, si le mois d’août poursuit enfin sur sa lancée.

En revanche, rien ne pourra venir compenser le manque de grappe et Serge Desperrier prévoit d’ores et déjà un tri encore plus drastique au moment des vendanges et donc un pourcentage de déchets élevé.

L’idée étant bien désormais d’accompagner au mieux et jusqu’au bout ce millésime décidément peu épargné.

 

Le stade véraison (ici du gamay) va permettre de stopper l’évolution des maladies qui touchent certaines grappes.