Flavescence dorée
L’infatigable expert

Françoise Thomas
-

Un outil de plus dans la lutte contre la flavescence dorée est en cours de développement. L’intelligence artificielle, via la caméra états-unienne Flash, va bientôt venir prêter main forte aux viticulteurs qui prospectent chaque année. C’est en tout cas le but, et la première étape va démarrer d’ici quelques jours dans des vignes de Saône-et-Loire.

L’infatigable expert
Une dizaine d’hectares de chardonnay vont prochainement être cartographiés pour commencer "l’éducation" de la caméra.

La lutte contre la flavescence dorée pourrait prendre un nouveau tournant ! En tout cas l’espoir est grand concernant le recours à la caméra Flash et à son intelligence artificielle. Le BIVB s’est associé avec le Civa, le Conseil interprofessionnel des vins d’Alsace, pour mener les premiers essais visant à développer cette technique dans les vignes, le tout en collaboration avec le Vinipôle et la Cuma de Berzé-la-ville, Sologny et Milly.

« Dans un premier temps, nous allons engranger des milliers d’images, explique Héloïse Mahé, car il faut commencer par apprendre à l’intelligence artificielle à reconnaitre les symptômes des jaunisses, comme la flavescence dorée et le bois noir ». Elle va ainsi être "éduquée" à repérer le jaunissement ou le rougissement, le non-aoûtement, l’enroulement des feuilles, le flétrissement des grappes, détaille encore la responsable de la coordination technique pour le BIVB.

En scooter

Dans les jours qui arrivent, les premiers passages dans les vignes vont être réalisés, « cela débute un peu plus tard que prévu mais il y a encore peu d’expression des symptômes d’après nos constatations ». Il n’empêche que ce sont entre 15 et 20 parcelles du côté de Berzé et de Sologny, sélectionnées car repérées comme très expressives de la maladie, qui vont être prochainement parcourues « nous avons besoin d’une centaine de ceps présentant des symptômes de jaunisse », et Héloïse Mahé de poursuivre : « pour l’instant pour débuter, nous avons pris l’option de monter la caméra sur un scooter électrique mais dès que nous pourrons, nous la testerons en condition réelle, c’est-à-dire montée sur un tracteur ». À terme, l’idée est bien de profiter des passages des tracteurs et enjambeurs dans les vignes pour mettre en place la caméra. « Celle-ci prend des images de qualité jusqu’à 15 km/h, elle peut donc être utilisée quel que soit le type d’intervention », précise Heloïse Mahé.

L’année 1

La caméra Flash n’est pas nouvelle, en revanche elle fait ses débuts sur la reconnaissance de la flavescence dorée. Aux États-Unis où elle a été mise au point, elle est surtout utilisée pour de la prévision de potentiels de récolte. « Désormais, la société Broomfield Robotics souhaite aussi la développer sur les jaunisses », d’où l’engagement des Américains auprès des deux interprofessions viticoles.

« Nous partons du principe que la caméra nous permettra de savoir à 99 % si c’est de la flavescence dorée et à 99 % si ça n’en est pas. En fait, la marge d’erreur est la même qu’avec l’œil humain », souligne la responsable technique.

Mais l’idée est véritablement de venir seconder les hommes dans cette prospection chronophage et lourde à organiser.

À l’issue de cette année 1 et des milliers de photos prises et traitées, il conviendra de dresser un premier bilan pour estimer la pertinence du recours à la caméra. Évidemment, il faudra que le niveau de détection soit maximal mais aussi « que le débit de chantier soit suffisant et la réponse rapide, et pourquoi pas en sortie de parcelle », insiste Héloïse Mahé.

De même, à terme, il faudra déterminer à quel niveau de précocité la caméra détecte les premiers symptômes. En tout cas, le recours à cette assistante nouvelle génération suscite un grand espoir.

La Bourgogne en premier
Pas plus forte que l’œil humain, mais pas moins experte non plus : voilà comment vont être développées les compétences de la caméra Flash.

La Bourgogne en premier

La société Broomfield Robotics a choisi la Bourgogne pour développer son produit sur la flavescence dorée, mais la problématique touche bien tous les vignobles français. « Il y aura sans doute des adaptations à faire pour apprendre à l’IA à détecter les symptômes par exemple sur du merlot ou du cabernet », fait remarquer Héloïse Mahé, mais l’essentiel de l’algorithme aura malgré tout pu être développé d’après les cépages bourguignons. Ainsi toutes les régions viticoles pourraient à terme bénéficier de la technique de détection de cette caméra robuste. Celle-ci procède par flash, d’où son nom, et peut donc travailler dans toutes les conditions de luminosité possible, du plus sombre au plein soleil.