Phytosanitaires
EXCLU WEB : Phytosanitaires - Une étude lancée sur le voisinage des vignobles

L’Anses et Santé Publique France lancent une étude massive sur l’impact des produits phytosanitaires pour les riverains des parcelles viticoles, avec prélèvement d’urines et de cheveux. Toutes les régions viticoles sont concernées. 

EXCLU WEB : Phytosanitaires - Une étude lancée sur le voisinage des vignobles

L’Agence nationale de santé publique, placée sous la tutelle du ministère de la Santé, et l’Agence de sécurité alimentaire et sanitaire (Anses) vont lancer une vaste étude d’impact des pesticides et fongicides sur les ménages vivant à proximité des vignes. 1 500 ménages tirés au sort, habitant à moins de 500 mètres des parcelles viticoles, vont se prêter à des analyses de cheveux et d’urines, afin de vérifier si leur organisme contient des substances correspondant à celles utilisées dans le cadre de la protection phytopharmaceutique des vignes. Deux types de populations sont ciblées dans cette étude baptisée « Pestiriv » : les adultes de 18 à 79 ans et les enfants de 3 à 17 ans, soit 1 500 adultes et 750 enfants. A ce panel de voisins des vignes va s’ajouter un panel de 750 ménages situés, eux, à plus de 5 km de parcelles viticoles, et également à 1 km d’autres cultures, mais dans la même typologie de communes, afin d’établir des comparaisons entre riverains et non riverains. Au total, Pestiriv va concerner quelque 3 350 participants.

Première mondiale

L’ensemble du vignoble français est concerné, puisque six régions viticoles ont été retenues pour l’enquête : la Nouvelle Aquitaine (Bordeaux), le Grand Est (Alsace et Champagne), l'Occitanie (Languedoc, Roussillon), la Bourgogne Franche Comté (Bourgogne et Jura), Auvergne Rhône Alpes (Vins du Rhône), et Provence-Alpes-Côte d’Azur (Vins de Provence). Au total, 162 sites pour les riverains, et 101 sites pour les non-riverains seront retenus pour cette vaste enquête présentée comme une première mondiale pour l’impact sur la population des phytosanitaires utilisés en viticulture, et de vérifier si les riverains sont plus exposés que le reste de la population. L’étude qui va être menée en 2021 et 2022 demandera aux participants volontaires, à la fois de se prêter à des analyses d’urine et de cheveux, mais également à des prélèvements de poussières, d’air intérieur, d’air ambiant, d’aliments autoproduits pour tenir compte de leur environnement. Des ménages pourraient en effet utiliser des pesticides (lutte contre les moustiques) pour leurs besoins domestiques. Le but est d’éviter toute étude biaisée. Les populations seront également questionnées sur leur profession, leur alimentation, l’usage domestique de produits chimiques. Il sera enfin tenu compte des caractéristiques topographiques des lieux d’habitation, situés dans une cuvette ou en hauteur, ou encore si l’habitat est protégé par des haies ou des murs.

Nouvelles contraintes

La population des viticulteurs n’est pas à proprement ciblée, mais elle n’est pas écartée non plus lors du tirage au sort destiné à constituer les participants. Ainsi, dans une précédente étude pilote - à des seuls fins de mise au point de l’étude qui va être lancée -  20 % des riverains des parcelles exerçaient eux-mêmes l’activité de producteur de vins ou d’employés dans les vignes. La compilation de toutes ces données aura lieu en 2022 et 2023, et la publication définitive des résultats est prévue en 2024. Le sujet de l’utilisation et de l’épandage des produits phytosanitaires a déjà fait l’objet de nombreux débats et batailles, y compris au niveau parlementaire ou du Conseil d’Etat, qui a rendu une décision de restrictions encore en juillet dernier 1. Les producteurs agricoles font souvent les frais des nouvelles contraintes pouvant les conduire jusqu’au renoncement à produire comme on l’observe dans le colza. Mais la question de la santé publique, y compris celle des viticulteurs, ne saurait être ignorée non plus, et c’est bien tout le dilemme.  

1Décision du Conseil d'état 21 juillet 2021