Portrait
Revenir à ses vallons… et à ses moutons

Françoise Thomas
-

Simon Pierre est un homme de réseau puisque c’est essentiellement grâce au bouche à oreille que fonctionnent ses quatre activités. Situé à Sommant, à l’extrême nord-ouest du département, il rayonne bien au-delà de l’Autunois. Le jeune éleveur poursuit sa route emmenant avec lui ses chevaux et ses ovins à travers des filières bien différentes mais pour lesquelles le contact avec le client final est très majoritairement réalisé en direct.

Revenir à ses vallons… et à ses moutons
Moutons et chevaux… comme une évidence.

Simon Pierre illustre parfaitement les jeunes agriculteurs d’aujourd’hui qui se lancent en misant sur des filières bien différentes, menées de front, et permettant d’assurer la sécurité financière de leur entreprise.
Cet éleveur multi casquettes fait aussi partie de ces personnes pour lesquelles l’avenir a toujours été une évidence.
Simon Pierre s’est installé il y a cinq ans maintenant à Sommant sur les terres de son grand-père qui élevait déjà des moutons. Bien que pendant quelques années, il avait laissé les terrains à un autre agriculteur, ce grand-père avait toujours conservé quelques brebis.
De son côté, Simon a depuis toujours eu deux projets dans la vie : « revenir sur les terres familiales et travailler avec les chevaux ».

Les chevaux à fond 

Galop 7 à 13 ans, c’est donc avec une parfaite connaissance des équidés qu’il continue à se former « sur le tas » et notamment en tant que meneur. S’il a conduit pendant un an une calèche dans une colonie, cela lui permet indirectement de découvrir la conduite des chevaux dans les vignes.
Aucune formation officielle et diplômante n’existe actuellement, c’est donc auprès de ceux qui savent que le jeune homme parfait sa technique et ses connaissances, jusqu’à en faire l’un de ses métiers.
Cette activité de prestation chez les viticulteurs, assortie de la préparation d’autres chevaux au travail dans les vignes, est accompagnée par une activité d’élevage et de valorisation de chevaux de course et d’endurance. Les chevaux qui sortent ainsi des écuries d’Unpec « sont arabes à 50 % minimum » et dressés et préparés par Simon. Avant même la sortie du deuxième confinement, l’éleveur ne peut que faire le constat que c’est cette partie-là qui aura le plus souffert de cette année de crise sanitaire, « le gros de la clientèle étant surtout étrangère », explique-t-il.
Pour compléter cette partie équine, Simon Pierre propose aussi de la pension, accompagnée ou non de débourrage ou de travail attelé et/ou monté. Sur ses 14 boxes, l’éleveur accueille actuellement quatre chevaux en pension. Les clients sont essentiellement des locaux pouvant venir régulièrement constater les progrès de leur monture et les tester directement.

Purs produits rustiques

Lorsqu’il s’installe sur les terres de l’exploitation familiale, Simon Pierre décide de compléter ses activités équestres par de l’élevage ovin. « J’ai commencé avec quelques brebis de mon grand-père, souligne-t-il, pour augmenter progressivement et avoir actuellement une troupe de 55 brebis ».

Essentiellement de souche charollaise, « j’ai dû introduire un peu de gêne thônes et marthod, des brebis savoyardes, pour les rendre un peu plus rustiques, pour que cela corresponde mieux à mon type d’élevage ». À chaque fois cependant, les croisements sont réalisés avec des béliers charollais.
Ainsi progressivement, il obtient le troupeau adapté à ses terres et à ce qu’il recherche, mélange de qualités bouchère, rustique et maternelle.

Bien que mené de façon la plus raisonnée possible, l’élevage n’est régi par aucun label qualité. « Je veux pouvoir garder une certaine liberté d’intervention », ce que le jeune homme a apprécié, lui qui vient de vivre deux ans de problématique FCO…
Depuis plusieurs années maintenant, la conduite de la troupe est cependant bien rôdée. Les brebis sont en bâtiment de mi-janvier à mi-avril pour la période d’agnelage. Ensuite, tout le monde est dehors. Les agneaux ne reviennent en bâtiment qu’en fin d’été, pour bénéficier d’un complément d’aliment. « Ils sont de ce fait tués un peu plus vieux que ce qui peut se pratiquer, mais avec un engraissement correct qui fait que la qualité de la viande est très appréciée », constate-t-il. Ce qui fait surtout que c’est essentiellement par le bouche à oreille que l’éleveur écoule ses caissettes de demi-agneaux abattus et découpés à Autun. C’est cette partie vente directe que Simon Pierre souhaite développer en proposant pourquoi pas, à terme, des produits transformés.

Les journées type n’existent que très peu dans son quotidien, certaines activités étant très saisonnières. Mais ces quatre métiers permettent à l’éleveur de trouver un juste équilibre financier et se révèlent d’une efficacité redoutable pour trouver de nouveaux clients.

Un parcours éclectique

À seulement 35 ans, Simon Pierre a déjà plusieurs métiers à son actif. Son parcours débute par un bac économique et social, suivi par un BTS Acse, puis par un BEP en maréchalerie « mais stoppé net avant la fin, rattrapé par des problèmes de dos », précise-t-il. Qu’à cela ne tienne, il poursuit par une licence en sciences humaines, diplôme indispensable pour lui permettre d’enseigner en lycée public. Car il a aussi cela comme corde à son arc puisqu’il a été professeur d’économie agricole et de zootechnie.
Impossible cependant de présenter Simon sans évoquer sa passion pour le milieu équestre qui l’accompagne depuis toujours.
Cavalier depuis l’âge de cinq ans, il a toujours su qu’il voudrait travailler avec les chevaux, mais toujours su aussi que ce ne serait pas en tant que moniteur en centre équestre. Il n’avait plus qu’à trouver comment exactement… puis à compléter son apprentissage « sur le tas ». Ce qu’il a parfaitement réussi jusqu’à présent.

Les installations

Les installations

Simon Pierre loue actuellement à son grand-père les 28 ha sur lesquels pâturent toute l’année ses chevaux et ses ovins. Ceux-ci pratiquent d’ailleurs le copâturage sur de nombreuses parcelles. Côté bâtiment, son installation a été l’occasion de monter des écuries de 450 m² et un hangar de 500 m² (abritant la bergerie de 140 m²). L’ensemble comprend aussi une carrière, un rond d’Havrincourt et un marcheur, des éléments indispensables pour son travail avec les chevaux. Accroché à sa colline, le lieu offre une vue magnifique et dégagée sur Sommant.