Glorieuses de Louhans
Réveiller la « belle endormie »

Cédric Michelin
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Samedi 17 décembre, Louhans se parait de ses plus beaux habits de lumière pour accueillir le non moins magnifique concours des volailles de Bresse. Des Glorieuses de Louhans une nouvelle fois de haute tenue. Le nouveau Préfet, Yves Séguy, ne s’y est pas trompé, lui qui a tenu absolument à découvrir cette institution faisant la promotion de l’AOP. L'occasion de lui présenter les projets de la filière.

Réveiller la « belle endormie »
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Toujours aussi impressionnante, la salle de la Grenette remplie de volailles de Bresse, parfaitement alignées. Les éleveurs avaient bravé le froid matinal (-10 °C) en ce samedi 17 décembre pour dérouler – démailloter de leur toile de lin - et composer leurs lots par catégorie (lire encadré palmarès). Dix-neuf éleveurs ont participé, apportant 786 volailles AOP. Avec le concours de la chambre d’agriculture de Saône-et-Loire, la Société d’Agriculture de Louhans et le Comité interprofessionnel des volailles de Bresse avaient réuni le gratin de la filière, notamment du côté des jurés et observateurs. On croisait donc autant Christian Ragaigne, ancien directeur du pôle Sud-Est de LDC, Sylvain Masa directeur de Mairet, Romuald Fassenet, meilleur ouvrier de France et chef étoilé à Dole (Jura) ou encore Gino Catena, directeur général d’Avigros et président d’Unigros, le syndicat des grossistes du marché de Rungis. D’autres habitués, partenaires et opérateurs de la filière – à l’image de Florence Petitjean, directrice de Béchanne – avaient également répondu présents, ne voulant manquer pour rien au monde le concours ou l’atelier de démonstration de roulage. Des chefs cuisiniers, bouchers et acheteurs venaient également acheter ou retirer leurs lots pré-réservés. Le public était également impatient de revenir après deux dernières éditions contraintes par le Covid, à l’image du Préfet qui avait annoncé sa ferme attention de découvrir ce monument du patrimoine de la Culture, avec un grand C, de Saône-et-Loire.

L’AOP, c’est aussi fermier

À l’occasion d’une table ronde (lire aussi en page HH), le vice-président du CIVB, Laurent Marquis lui présentait le travail mené au sein du Comité pour « fédérer de jeunes éleveurs ». L’éleveur de Varennes-Saint-Sauveur présentait également les cinq grands axes se dégageant de l’étude marketing réalisée sur la volaille de Bresse, notamment pour bien la « repositionner et redéfinir notre communication ».
Et le premier enseignement est étonnant : « l’AOP n’est pas reconnue comme un produit fermier et cela représente un défaut d’image », auprès des clients. Tout le travail maintenant sera de réconcilier ces deux « images » qui sont pourtant la base de l’AOP. Mais les clients ont changé et oublié bien des notions agricoles… Il faudra donc rappeler l’histoire, encore et encore, de cette AOP née en 1957. Rappeler également les « vertus sociétale et environnementale » contenues dans l’AOP, en termes de bien-être animal par exemple, ou peut-être demain avec un bilan carbone de la filière. « On n’explique pas assez nos qualités », regrettait Laurent Marquis qui veut également miser sur l’aspect local de la production et mettre en avant les éleveurs, pour insister sur leurs savoir-faire. Évidemment, le goût si différent doit finir de convaincre les consommateurs, le tout bien emballé dans « une refonte de l’ensemble des packagings », imagine-t-il déjà.
Ce qui lui faisait dire qu’il faut « réveiller la belle endormie » avec une stratégie de « reconquête », tant du côté des clients et marchés que du côté des éleveurs, à installer. C’est donc bien toute la filière qui a « besoin d’être restructurée » avec bientôt la création d’une organisation de producteurs (OP) pour « cadrer l’ensemble de la filière ».
Le Préfet, Yves Séguy apportait tout son soutien et celui de ses services. Le président de la chambre d’Agriculture, Bernard Lacour aussi. « On a l’obligation de défendre cette brique de notre patrimoine français, avec l’emblème bleu blanc rouge. On y croit, on va aller plus loin sur le beau marché de la qualité de ce produit ». À chaque Glorieuse, la Société d’Agriculture sait décidément convaincre et fait gagner de nouveaux ambassadeurs et marchés à la volaille de Bresse.



Le palmarès des Glorieuses de Bresse

➤ Chapons Prix d’honneur : Johan Morand (Bantanges), Laurent Marquis (Varennes-Saint-Sauveur), Rachel Roussel-Voisard (Chapelle-Voland). Grand Prix d’honneur : Christophe Vuillot (Saint-Étienne-du-Bois). Prix d’exception : Christophe Vuillot.

➤ Poulardes Prix d’honneur : Philippe Manigand (Bâgé-Dommartin), Christophe Vuillot, Laurent Marquis, Christian et Justin Chatard (Viriat), GAEC Laurency (Saint-Usuge). Grand prix d’honneur : Sébastien Putigny (Saint-Usuge). Prix d’exception : Sébastien Putigny.

➤ Mariages Prix d’honneur : Christian et Justin Chatard, GAEC Lamberet (Bereziat). Grand prix d’honneur : Laurent Marquis.

➤ Dindes pliées Prix d’honneur : GAEC de la Mare Dandon (La Chapelle-Thècle). Grand prix d’honneur : Pascal Pelus (Saint-Genis-Pouilly).

➤ Dindes roulées Grand prix d’honneur : Pascal Pelus. Prix d’exception : Pascal Pelus.

➤ Poulets roulés Prix d’honneur : GAEC Pobel (Beny). Grand prix d’honneur : GAEC Pobel.

➤ Poulets pliés Prix d’honneur : Rachel Roussel-Voisard. Grand prix d’honneur : Laurent Marquis.

➤ Poulettes pliées Prix d’honneur : Rachel Roussel-Voisard. Grand prix d’honneur : Laurent Marquis.

➤ Espoirs chapons Premier prix : Olivier Anglicus (Saint-Martin-le-Châtel).

➤ Pintades Prix d’honneur : Fabrice Gacon (Bruailles).

➤ Oies Grand prix d’honneur : GAEC Lamberet. Canettes de Barbarie. Premier prix : Fabrice Gacon. Prix d’honneur : Fabrice Gacon.