2018 s'annonce comme une année chargée pour notre agriculture...
Lors d’un déplacement fin décembre, la présidente de la FNSEA a fait le point sur les dossiers en cours, dans la lignée notamment des Etats généraux de l’alimentation. Si les agriculteurs ont obtenu un certain nombre d’avancées, la vigilance reste de mise.

Présente dans la Haute-Loire, le 28 décembre, la présidente de la FNSEA, Christiane Lambert, a fait le point sur les enjeux agricoles actuels et donc de l’année 2018. Suite au premier chantier des Etats généraux de l’alimentation, des outils ont été donnés pour une nouvelle construction du prix, ce qu’elle a salué. « La loi en préparation contient des éléments pour remettre la construction des prix en marche avant », a-t-elle rappelé à ce sujet. « Durant la campagne présidentielle 2015-2016, tous les candidats étaient unanimes pour défendre le prix des produits et les revenus des agriculteurs, mais entre dire et faire, nous devions être vigilants », a-t-elle ajouté, insistant sur la très forte mobilisation du réseau dans les consultations et les travaux des ateliers, particulièrement ceux qui ont traité de la répartition de la valeur. « Un de nos objectifs était alors d'obtenir rapidement une loi améliorée sur les négociations commerciales avec la grande distribution ; une loi qui encadre les promotions et qui oblige les distributeurs à revendre les denrées alimentaires à un prix supérieur au prix d'achat fournisseur », a précisé Christiane Lambert, ajoutant qu’il était « inacceptable que 60 % de la production porcine soit vendue en promo par la grande distribution. C'est conforter le consommateur dans une habitude à payer toujours moins cher ! ». La loi est donc fortement attendue : « pour aller plus vite, nous souhaitons d'ailleurs que la mesure soit prise par ordonnance dès le début d'année 2018 », a-t-elle insisté.
Vigilance sur le deuxième chantier
Le deuxième chantier sur le thème de l’alimentation saine, sûre et durable a pu interpeller, pour ne pas dire choquer, les producteurs agricoles, comme le rappelait Eric Thirouin, secrétaire général adjoint, en citant certaines propositions qui visaient à convertir toute l’agriculture française en bio ou à arrêter l’élevage. « Mais ce qui ressort est plus rassurant ». Subsistent néanmoins de fortes craintes quant au "Zéro phyto" : « nous ne sommes pas opposés aux débats et aux solutions liés à l'environnement, mais le zéro pesticide prôné par la sphère parisienne des "diseux" est irréalisable ! » a expliqué la présidente de la FNSEA. « Les agriculteurs n'ont pas de leçons à recevoir de ceux qui ne savent pas cultiver ou élever des animaux. Nous sommes d'accord pour faire plus mais avec des moyens et des outils adaptés, et qui préservent la rentabilité de nos exploitations. Alors plutôt que d'énoncer des interdictions à la chaine sans offres de remplacement, il serait préférable de proposer aux agriculteurs des solutions au fur et à mesure qu'elles sont trouvées par la science ou par les pratiques des agriculteurs. Il faut agir de façon progressive. En cinq ans, l'élevage français a réduit l'usage des antibiotiques de -37 %. Il faut faire pareil avec les pesticides », a insisté Christiane Lambert. La FNSEA propose ainsi un "contrat de solutions" visant à économiser l'usage des phytosanitaires tout en continuant à produire dans des conditions optimales. « Nous avons pris acte de l'engagement du Premier ministre qui, en écho à ce contrat, entend privilégier "la culture de solution plutôt que celle de la norme". Nous allons maintenant travailler d'arrache pieds sur ce contrat de solutions afin d'être force de propositions dans la feuille de route que le gouvernement finalisera d'ici fin mars », a-t-elle précisé.
Un budget Pac à défendre
Parmi les autres chantiers majeurs pour l’agriculture figure également l’avenir de la politique agricole commune, menacée par des risques de cofinancement du premier pilier et de renationalisation évoqués dans les premières réflexions sur la Pac post 2020. Pour Christiane Lambert, « s’il y a autant de politiques agricoles qu'il y a d'États membres, ça ne marchera jamais ! » Le vrai combat à mener porte sur le maintien d'une politique agricole commune et sur l'obtention d'un budget d'envergure. « Sur ce dernier point, le président Macron est attendu pour porter haut et fort la voix de la France, notamment aux côtés de l'Allemagne », a-t-elle ainsi plaidé.
Quant à la Pac actuelle et notamment les 300 millions d’€ encore manquants, même après la ponction de 4,7 % sur le premier pilier pour financer le second pilier, « hors de question de procéder à un 2e transfert entre les deux piliers pour financer les 300 millions restants. C'est au ministre de les trouver, et après on discutera ! » a mis en garde la présidente de la FNSEA.
Communication…
Enfin, face au désarroi des agriculteurs qui se sentent en permanence attaqués pour ne pas dire dénigrés dans leurs pratiques par les médias et les associations anti-viande, Christiane Lambert a estimé que la communication sur le métier se devait d’être aussi percutante. « Nous devons utiliser les mêmes moyens de communication que ceux qui nous attaquent en permanence en publiant sur les réseaux sociaux des vidéos violentes », a-t-elle expliqué. Ainsi, face aux attaques de loups, un collectif d'éleveurs baptisé L113 s'est-il inspiré des méthodes de l'association L214 pour publier récemment une vidéo choc accusant le ministre de la Transition écologique, Nicolas Hulot, d'être "complice de maltraitance animale" (lire notre édition du 12 janvier en page 8). Une initiative qui a marqué les esprits.
2018 s'annonce comme une année chargée pour notre agriculture...

Présente dans la Haute-Loire, le 28 décembre, la présidente de la FNSEA, Christiane Lambert, a fait le point sur les enjeux agricoles actuels et donc de l’année 2018. Suite au premier chantier des Etats généraux de l’alimentation, des outils ont été donnés pour une nouvelle construction du prix, ce qu’elle a salué. « La loi en préparation contient des éléments pour remettre la construction des prix en marche avant », a-t-elle rappelé à ce sujet. « Durant la campagne présidentielle 2015-2016, tous les candidats étaient unanimes pour défendre le prix des produits et les revenus des agriculteurs, mais entre dire et faire, nous devions être vigilants », a-t-elle ajouté, insistant sur la très forte mobilisation du réseau dans les consultations et les travaux des ateliers, particulièrement ceux qui ont traité de la répartition de la valeur. « Un de nos objectifs était alors d'obtenir rapidement une loi améliorée sur les négociations commerciales avec la grande distribution ; une loi qui encadre les promotions et qui oblige les distributeurs à revendre les denrées alimentaires à un prix supérieur au prix d'achat fournisseur », a précisé Christiane Lambert, ajoutant qu’il était « inacceptable que 60 % de la production porcine soit vendue en promo par la grande distribution. C'est conforter le consommateur dans une habitude à payer toujours moins cher ! ». La loi est donc fortement attendue : « pour aller plus vite, nous souhaitons d'ailleurs que la mesure soit prise par ordonnance dès le début d'année 2018 », a-t-elle insisté.
Vigilance sur le deuxième chantier
Le deuxième chantier sur le thème de l’alimentation saine, sûre et durable a pu interpeller, pour ne pas dire choquer, les producteurs agricoles, comme le rappelait Eric Thirouin, secrétaire général adjoint, en citant certaines propositions qui visaient à convertir toute l’agriculture française en bio ou à arrêter l’élevage. « Mais ce qui ressort est plus rassurant ». Subsistent néanmoins de fortes craintes quant au "Zéro phyto" : « nous ne sommes pas opposés aux débats et aux solutions liés à l'environnement, mais le zéro pesticide prôné par la sphère parisienne des "diseux" est irréalisable ! » a expliqué la présidente de la FNSEA. « Les agriculteurs n'ont pas de leçons à recevoir de ceux qui ne savent pas cultiver ou élever des animaux. Nous sommes d'accord pour faire plus mais avec des moyens et des outils adaptés, et qui préservent la rentabilité de nos exploitations. Alors plutôt que d'énoncer des interdictions à la chaine sans offres de remplacement, il serait préférable de proposer aux agriculteurs des solutions au fur et à mesure qu'elles sont trouvées par la science ou par les pratiques des agriculteurs. Il faut agir de façon progressive. En cinq ans, l'élevage français a réduit l'usage des antibiotiques de -37 %. Il faut faire pareil avec les pesticides », a insisté Christiane Lambert. La FNSEA propose ainsi un "contrat de solutions" visant à économiser l'usage des phytosanitaires tout en continuant à produire dans des conditions optimales. « Nous avons pris acte de l'engagement du Premier ministre qui, en écho à ce contrat, entend privilégier "la culture de solution plutôt que celle de la norme". Nous allons maintenant travailler d'arrache pieds sur ce contrat de solutions afin d'être force de propositions dans la feuille de route que le gouvernement finalisera d'ici fin mars », a-t-elle précisé.
Un budget Pac à défendre
Parmi les autres chantiers majeurs pour l’agriculture figure également l’avenir de la politique agricole commune, menacée par des risques de cofinancement du premier pilier et de renationalisation évoqués dans les premières réflexions sur la Pac post 2020. Pour Christiane Lambert, « s’il y a autant de politiques agricoles qu'il y a d'États membres, ça ne marchera jamais ! » Le vrai combat à mener porte sur le maintien d'une politique agricole commune et sur l'obtention d'un budget d'envergure. « Sur ce dernier point, le président Macron est attendu pour porter haut et fort la voix de la France, notamment aux côtés de l'Allemagne », a-t-elle ainsi plaidé.
Quant à la Pac actuelle et notamment les 300 millions d’€ encore manquants, même après la ponction de 4,7 % sur le premier pilier pour financer le second pilier, « hors de question de procéder à un 2e transfert entre les deux piliers pour financer les 300 millions restants. C'est au ministre de les trouver, et après on discutera ! » a mis en garde la présidente de la FNSEA.
Communication…
Enfin, face au désarroi des agriculteurs qui se sentent en permanence attaqués pour ne pas dire dénigrés dans leurs pratiques par les médias et les associations anti-viande, Christiane Lambert a estimé que la communication sur le métier se devait d’être aussi percutante. « Nous devons utiliser les mêmes moyens de communication que ceux qui nous attaquent en permanence en publiant sur les réseaux sociaux des vidéos violentes », a-t-elle expliqué. Ainsi, face aux attaques de loups, un collectif d'éleveurs baptisé L113 s'est-il inspiré des méthodes de l'association L214 pour publier récemment une vidéo choc accusant le ministre de la Transition écologique, Nicolas Hulot, d'être "complice de maltraitance animale" (lire notre édition du 12 janvier en page 8). Une initiative qui a marqué les esprits.