Cuma de Saône-et-Loire
A 70 ans, les Cuma n’ont pas une ride !

Pour son 70e anniversaire, la fédération Cuma Bourgogne antenne 71 semble plus déterminée que jamais à accompagner les agriculteurs de Saône-et-Loire face à la dérive des coûts de production. Soixante-dix ans après sa création, le modèle Cuma représente toujours une alternative solidaire face aux charges.
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Le 15 avril, les Cuma de Saône-et-Loire fêtaient leurs soixante-dix ans à Jalogny. C’est en effet en 1946 que les premières coopératives d’utilisation du matériel agricole ont vu le jour dans le département, la naissance d’une forme d’organisation collective pour permettre à de petits paysans d’accéder à la mécanisation d’après-guerre. Une démarche qui, 70 ans plus tard, s’est transformée en un véritable mouvement avec des schémas très élaborés pouvant aller jusqu’au service clé en main avec chauffeur, aux chantiers et même aux assolements en commun… Une approche raisonnée qui demeure éminemment pertinente en ces temps de crise économique. A l’heure où les coûts de mécanisation pèsent pour près de 30 % dans les charges de structure, la mécanisation partagée n’a jamais été aussi nécessaire. Ce fut l’un des messages forts de l’assemblée générale du 15 avril.

Activités en hausse…


La fédération Cuma Bourgogne antenne 71 recense 244 Cuma actives en Saône-et-Loire. Si le nombre de coopératives n’augmente pas, en revanche leur chiffre d’affaires global progresse de +3 %. En 2014, le montant total des investissements réalisés par les Cuma a bondi, lui, de +25 %, mais pour un moins grand nombre d’équipements acquis, convient-il de préciser. Cette hausse d’activité « n’est pas uniforme sur le territoire », soulignait le directeur Jean-Philippe Rousseau. La hausse de chiffre d’affaires des Cuma est aussi liée à l’augmentation du prix du matériel, complétait le président Florent Fèvre. Cette envolée des tarifs de la « ferraille » au rythme de +3 à +5 % par an, est une véritable malédiction pour les exploitations agricoles de type familial. Un problème vécu par les Cuma saône-et-loiriennes elles-mêmes, prenant l’exemple du renouvellement d’une ensileuse automotrice, devenue quasi inaccessible même en groupe et dont la sur-inflation des tarifs pose question. Sur ce sujet, le président national Gérard Stéphane constatait que le mal semblait être typiquement français avec une demande traditionnelle de matériels sur-équipés. Un syndrome dit du "sapin de Noël" auquel les constructeurs se plieraient pour garder le marché alors qu’ailleurs, les "farmers" seraient moins sensibles aux belles et luxueuses mécaniques…

Efficacité des chantiers en commun


Quoi qu’il en soit, l’option Cuma reste une alternative pour faire face à la dérive des charges de mécanisation. En pointe dans ce domaine, la fédération des Cuma antenne 71 travaille avec des partenaires en ce sens (JA 71, Crédit agricole, chambre d’agriculture). A l’échelle de la Bourgogne, la fédération réalise des études prouvant l’efficacité des chantiers en commun. Les derniers résultats en date, repris dans une plaquette disponible dans le réseau Cuma, concernent les semis d’automne et démontrent, exemples à l’appui, que « semis (direct ou simplifié) en grande largeur (6 m) et assolement en commun permettent de diminuer les coûts d’implantation de 70 à moins de 30 € par hectare (tracteur + semoir + main-d’œuvre). En semis combiné, l’organisation collective des chantiers et l’augmentation de la largeur de travail permettent aux exploitations de polyculture-élevage de descendre en dessous de 50 €/ha semé ». Des marges de manœuvre qu’il faut sans doute explorer…

Plus d’animations, plus d’innovations


Convaincu que « vu la conjoncture, les Cuma ont de l’avenir », Florent Fèvre faisait part de la volonté de la fédération d’améliorer l’animation terrain. Objectif : « un animateur pour cent Cuma », justifiait-il. Cela se traduit par l’embauche d’un nouvel animateur qui consacrera les deux tiers de son temps à l’agroéquipement et le tiers restant à la Cuma Compost 71. Fleuron du réseau départemental, cette dernière est en train de développer une activité de valorisation de bois bocager. Depuis mars dernier, elle propose une prestation d’abattage mécanisé. Le déchiquetage des bois sera réalisé par la Cuma Terr’Eau de la Nièvre. Seize exploitations ont, à ce jour, souscrit à ce projet en octobre dernier et la Cuma Compost 71 s’est équipée d’un grappin abatteur dont la motorisation est assurée par un entrepreneur qui fournit une pelleteuse. « Les Cuma locales sont invitées à adhérer de manière groupée, au nom de plusieurs agriculteurs », histoire de regrouper l’offre. « Plus les utilisateurs adhérents seront nombreux plus les tarifs annoncés seront amenés à baisser », argumentent les porteurs du projet. Une nouvelle initiative innovante émanant des Cuma qui pourrait bien suivre l’exemple fort réussi de l’épopée Compost 71 !



Salarié en Cuma
Tenté par un service clé en main ?


Pour son AG du 70e anniversaire en présence du président de la FNCuma Gérard Stéphane, la fédération Cuma Bourgogne antenne 71 avait choisi le thème de l’emploi. De même que la création d’un bâtiment, d’un atelier ou la mise en place d’un assolement en commun, l’embauche d’un salarié est une étape structurante dans la vie d’une Cuma. Une façon de passer à la vitesse supérieure, « de professionnaliser nos Cuma », justifiait en connaissance de cause Gérard Stéphane. Avec la raréfaction de la main-d’œuvre et l’agrandissement des structures, la question du salariat finit par se poser dans les Cuma. Ces dernières ont le droit de mettre à disposition du personnel spécialisé dans le cadre de leurs activités, rappelait en introduction Magali Palacci, référente Emploi pour le réseau Cuma Nord Est. Et ces salariés peuvent être mis à disposition des adhérents pour des travaux réalisés sur leurs exploitations jusqu’à 49 % de leur temps.

Gain de temps


Avec l’adjonction d’un salarié, c’est « un service clé en main » que peut proposer la Cuma. Une solution qui a de quoi séduire nombre d’adhérents désireux de gagner du temps, de préserver leur vie privée, de faire face aux pics de travail, voire d’affronter les coups durs… Sans compter que la fourniture d’un chauffeur attitré peut aussi générer un service de meilleure qualité avec un travail effectué efficacement par un manipulateur compétent et adroit. C’est aussi la garantie d’un matériel mieux suivi, mieux entretenu, moins malmené avec à la clé de meilleures possibilités de revente… Magali Palacci évalue le coût d’un salarié à temps plein à 20 € de l’heure en comptant les temps morts, les charges… Une charge qui peut aisément être absorbée par une Cuma, moyennent une révision de l’organisation ainsi que du parc matériel, estime l’animatrice référente. « A partir de 100.000 € de chiffre d’affaires, une Cuma peut embaucher », estime pour sa part Gérard Stéphane. « Certaines Cuma bretonnes ont jusqu’à dix salariés, dont même un directeur », illustrait Magali Palacci.





Cuma de l’Abbaye à Cluny
Chauffeurs-mécaniciens depuis 1983


La Cuma de l’Abbaye à Cluny a été la première de Saône-et-Loire à disposer d’un chauffeur-mécanicien salarié dès sa création en 1983, raconte son ancien président Bruno Jeannin. Cette Cuma « multiservices » de 287.000 € de chiffre d’affaires possède un bâtiment et un atelier, et emploie jusqu’à deux salariés à temps plein. Au fil du temps, la Cuma a choisi « de déléguer le travail administratif ». Depuis 2002, une employée assure le secrétariat, la comptabilité, la facturation, explique Philippe Latuilière, l’actuel président. Une commission Embauche et une commission du personnel ont été constituées au sein du conseil d’administration. S’ils ont eu à traverser des épreuves - un grave accident du travail et un licenciement pour faute grave - les responsables de la Cuma de l’Abbaye ne regrettent pas ce choix. « Un salarié, c’est un investissement ; la seule solution pour arriver à rentabiliser du matériel. Le retour sur nos exploitations est phénoménal », résume l’un des adhérents.



Dans l’Ain, la Cuma de Vonnas emploie deux chauffeurs mécaniciens ainsi qu’une secrétaire à mi-temps. L’un des chauffeurs complète son temps dans des Cuma voisines. Les compétences techniques de leur premier salarié ont été une véritable chance, reconnaissent aujourd’hui les responsables de la Cuma de Vonnas. Pour assurer la continuité de ce capital, ils ont embauché un jeune qui se forme auprès de son aîné bientôt retraité.

Réservation en ligne


Toujours d’ans l’Ain, la Cuma de Foissiat a franchi le pas de l’embauche d’un salarié plus récemment. Un recrutement qui a coïncidé avec la création d’un hangar ainsi que d’un atelier. Le salarié partage son temps pour moitié à l’entretien du matériel et pour moitié à des prestations extérieures chez les adhérents de la Cuma. Pour aller plus loin, la Cuma de Foissiat s’est aussi dotée d’un service de réservation du matériel en ligne. Elle a été parmi les premières Cuma de France à tester « Cum@genda », le produit développé par la FNCuma.